Même s’il était impossible de battre la journée du samedi (Faith No More, t’sais), on avait la ferme intention de s’amuser, en ce dimanche (troisième et dernière journée du festival… ouf), et ce, même si nos pieds, dos, gorge… avaient été déjà pas mal malmenés.
On arriva au Parc Jean Drapeau pile poil pour la prestation des récemment reformés Coal Chamber, le groupe du charismatique frontman Dez Fafara, qui embarquait au même moment sur la plus grosse scène.
On put constater que le groupe nü metal (qui fut actif de 1993 à 2003) est maintenant légèrement plus groove métal et plus brutal (comme Dez est aussi membre de Devil Driver, ça doit aider) que dans l’temps, où il ressortait comme un wannabe KoRn tendance goth.
Sachez que les gars et la fille (Nadja Peulen) ont livré une belle performance, nous faisant oublier qu’il n’était que deux heures de l’après midi.
Est-ce que ça nous a donné le goût d’écouter leur dernier album? Mmmmm. Pas tant que ça. On verra.
Suivait ensuite une couple de groupe d’il y a 30 ans, de cette belle époque du glam (ou hair) metal propres aux Poison et Mötley Crüe. On eut droit à une correcte (sans plus) livraison de hard rock sucré par Warrant, qui revenait sur le site 7 ans après leur passage lors de la toute première édition d’Heavy Montréal (appelé alors Heavy MTL), alors en compagnie de chanteur Jani Lane (1964-2011).
Dokken suivait sur l’autre scène principale, avec un Don Dokken gonflé mais pas très énergique, malgré les efforts de son narcissique guitariste Jon Levin (il a sa photo sur ses pick!).
Un ami à nous, qui eu le bonheur de voir les shows de son choix sur les côtés de la scène, nous a raconté que le gros Don s’enfilait des gargantuesques bourbon-Coke derrière le drum pendant les solos, en faisant des toasts avec les gars de Warrant.
Comme dans l’temps. Genre. Or, c’est un brin pathétique de faire ça à 14h30 à 62 ans… En tous cas.
Ensuite, on passa quasiment tout le reste de la journée devant la scène de l’Apocalypse, cette jolie scène secondaire non loin de celle de la Forêt, où bon nombre d’arbres peuvent te cacher la vue.
Après cette paire de groupes périmés (composés de chevelus dégriffés), le groupe qu’on avait le plus hâte de voir hier, Pig Destroyer, prenait d’assaut la plus grosse des deux scènes secondaires, et man, ô que c’était puissant.
T’as pas idée. On s’est fait littéralement oblitéré par leur sludge-grind ultra technique qui rentre sans bon sens. Le chanteur J.R. Hayes arpente la scène comme un ours mal léché en mode ultra-fâché, pendant que le guitariste Scott Hull hachure leurs compositions de ses riffs acérés.
Dans le prélart comme ça se peut pas ou en mode lourd et lent ultra-pesant (donnant un mal au cou assurément), les pièces de Pig Destroyer nous ont mis la banane en un rien de temps. Du métal impitoyable qui rend étrangement heureux.
Mention à Blake Harrison, responsable des échantillonnages louches et autres bruits électroniques, qui, lorsqu’il ne manipulait pas son matos, buvait sa bière ou du Jack à même la bouteille, en fumant des clopes et en cheerant la foule.
Même s’il n’est clairement pas un exemple à suivre pour les enfants présents, Harrison nous sembla fort gentil : à la fin du show, il est descendu de scène pour refiler le set list du showà une famille de fans fini : les 2 jeunes parents et leurs assez jeunes enfants (un gars et une fille d’environ 4 et 7 ans) portaient tous des t-shirts de PD. Cuuuuute.
On n’avait pas le choix d’aller voir Ihsahn, le nouveau groupe du Norvégien Vegard Sverre Tveitan, ex-Emperor (et pote des black jazzistes de chez Shining), qui n’avait pas remis les pieds à Montréal depuis 16 ans.
Accompagné de musiciens proprets aux cheveux bien taillés (on dirait un groupe de jazz-prog sortant du conservatoire ayant basculé du côté obscur!), le barbu guitariste-chanteur nous a livré une puissante performance de black atmosphérique, parfois dissonants et syncopé, souvent aussi sombre que les ténèbres.
On eut même droit à quelques moments de grâce et d’apesanteurs, limite trip hop (des séquences nous ont rappelé Massive Attack!). Qui a besoin d’un bassiste lorsque ton leader a une 8-cordes? Unique.
En guise de tête d’affiche secondaire, on eut droit à de vieux routiers, soit les gars de Nuclear Assault, pionniers du thrash crossover des belles années de D.R.I., Suicidal Tendencies et S.O.D..
Pas surprenant car ce géant flegmatique de Dan Lilker (poteux notoire), fut un temps membre de ce dernier, en plus d’avoir cofondé Anthrax et Brutal Truth.
Le groupe du marrant chanteur-guitariste John Connelly a offert un show un peu brouillon, mais ô combien joyeux, punk et efficace, ou camaraderie rimait avec la nostalgie de la belle époque de leur album classique Handle with Care.
Wake Up, Hang the Pope, My America, Trail of Tears… tout plein de brûlots pour faire de beaux petits circle pits.
Après cette bombe nucléaire, on ne pouvait que retourner tout léger à la maison, au son de l’impressionnant cirque métallique des clows de Slipknot, qui ont su hélas attirer beaucoup plus de festivalier que les cultissimes Faith No More. Oh well, whatever nevermind, comme disait l’autre…
Un bien beau WE quand même, hein? À l’année prochaine!
P.S.S. Yanick Tremblay te livre sa conclusion ici : https://voir.ca/chanceuxqueteux