[critique concert + photos] Slipknot et Marilyn Manson : encore pertinents?
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[critique concert + photos] Slipknot et Marilyn Manson : encore pertinents?


‘Fallait aller se brasser les poils et se réchauffer le cerveau avant le marathon qu’est la traditionnelle couverture du festival Heavy Montréal (dans 15 dodos!). On alla donc hier soir se faire malmener les tympans au Centre Bell par deux des plus gros noms de la planète métal, soit l’antéchrist superstar lui-même et sa troupe, ainsi que le fameux nonetto de bozos, deux groupes qu’on a pu voir au susmentionné festival en 2012, alors que les métalleux masqués sont repassés l’an dernier.

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Après avoir fait jouer à tue tête une intro hip hop full pop (WTF?) avec Caskey et Rihanna, on eut heureusement droit à une pièce épique à la Carmina Burana pour le tomber du rideau, afin de  découvrir une scène qui semblait beaucoup trop petite pour le grand (toujours?) Brian Warner, alias Marilyn Manson. Vraisemblablement que les joujoux de nos clowns de tête d’affiche prenait pas mal de place, hein? Ainsi, exit l’espoir d’un vrai show spectaculaire, comme le bonhomme nous a hélas habitué depuis maintenant plus de 20 ans.

Oh non, Manson et ses sbires (son vieux pote Jeordie ‘Twiggy Ramirez’ White est de retour!) y sont allés avec sobriété, détachement… désintérêt? C’est que notre provocateur semblait s’emmerder ferme, durant les premières chansons, assis par terre, de côté, frappant parfois sur le moniteur de son guitariste avec son micro vintage (Elvis aurait été horrifié), qu’il tentait vainement de briser, sans pour autant nous impressionner.

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Évidemment, les classiques (en mode pilote automatique) y sont passés : on a pu le voir en échasses pour Sweet Dreams, déguisé en dictateur juché sur son podium/lutrin avec sa bible enflammée pour Antichrist Superstar, avec son micro-couteau de boucher sur No Reflexion ou sa casquette fachiste pour Beautiful People (lors de laquelle il a fait plusieurs bains de foule… jusqu’à la console!).

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Malgré son intro de sax (hin?) hommage à Type O Negative, mOBSCENE sonne toujours aussi comme Be Agressive de Faith No More (franchement, une vraie honte de plagier aussi peu subtilement). En tous cas. Bref, assez tiède comme performance, qui s’amorça tout de même avec la puissante vieillerie Angel with the Scabbed Wings. Même s’il n’a pas octroyé de passes photo pour son show, on a quand même hâte de le voir à Fantasia : après son tour au Centre Vidéotron, il revient en ville présenter son film Let me make you a Martyr. Pas clair qu’on va continuer à suivre ses projets musicaux par contre.

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Comme Manson n’avait pas mis la barre très haute (en livrant un concert mollasson en deçà de nos attentes, qui étaient déjà très basses), il était clair que Slipknot allait nous en mettre plein la vue.

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Pas le choix, avec pas moins de neuf (9!) gars investissant comme il faut la scène, qui débordait d’artifices de toute sortes, dignes des plus gros show rock.

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Plateformes diverses, souvent mécanisées (les 2 percussionnistes et les 2 DJs montaient et descendaient comme à La Ronde), des projections immenses (des courts métrages variés furent projetés, entre le film d’art glauque et la série B), etc.

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Ce qu’on se doutait moins, c’est que nos neuf clowns de l’enfer allaient nous jouer beaucoup trop de pièces aux refrains mielleux, quelques « balades » et autres tentatives (hélas réussies, à en juger du Centre Bell fort bien rempli) de métal parfois extrême, mais trop souvent accessible, voire commercial.

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En passant, belle pensée d’utiliser du Bowie (Fashion) comme intro, yo. Car Corey Taylor (aussi de Stone Sour), charismatique – même avec un masque dans’ face, faut le faire! – chanteur, a une belle voix au registre immense, et il adooooore l’utiliser à son plein potentiel (comme durant la souriante/méchante Psychosocial).

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Et il est très bon pour son public, qu’il fait participer allégrement pendant les pièces, lorsqu’il ne lui donne pas tout plein de love entre celles-ci (et en français SVP!). Y’a l’air fin, comme gars, t’sais.

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Par ailleurs, la réponse du public était aussi forte durant le fromage radiophonique que pour celui tout pourri plein de délicieux asticots des premiers instants (leur album éponyme est sorti il y a déjà plus de 15 ans!), tel qu’on a pu le constater avec la véhémente Eyeless (balancée en troisième).

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On ne se contera pas de jokes : les 2 DJ ne servent strictement à rien, sinon de meubler l’espace ou se faire aller les combines comme des danseurs à gogo des années 60.

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Sérieux, on ne les a entendus que lors des pièces tirées de leur tout premier album, livrées en fin de concert, soit les fortiches Surfacing, Duality et Spit it out. Non mais.

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Mais pourquoi Slipknot est-il l’un des plus lourds groupes de métal dit commercial? Facile : ils ont 3 batteurs (un vrai kit + 2 percussionnistes funambules) et deux vrais métalleux de guitaristes livrant sans flafla de puissants riffs depuis toujours – qui sont clairement tous deux fans de Morbid Angel et Meshuggah, entre autres (même si Korn n’est pas trop loin).

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En espérant que DJ Sid Wilson (pas la tête d’épingle, l’autre) fit du bon boulot plus audible (!) plus tard au Piranha Bar, où il devait performer en fin de soirée pour l’after-party.  Bref, une performance très correcte sans trop de temps morts, bien qu’on en a marre de leurs saloperies de refrains trop gentils.

PHOTOS : Slipknot par Mihaela Petrescu et Manson par le cellulaire de Kristof G.