[critique spectacle] KID KOALA : de l'art, du multimédium (large!) et de la magie (oh que oui!)
BloguesDans ta face

[critique spectacle] KID KOALA : de l’art, du multimédium (large!) et de la magie (oh que oui!)

1_kk_titre

Y’a eu de la magie, de la vraie de vrai, à la Place des Arts hier après midi. Dans l’intimité de la parfaitement cozy Cinquième Salle, Kid Koala et ses amis ont offert aux spectateurs de tous âge* un tour de force comme on n’en voit JAMAIS.

Surtout qu’il n’est jamais là où on l’attend le Kid, fier collabo de Dan the Automator (Deltron 3030, Gorillaz, Handsome Boy Modeling School), Mike Patton (Peeping Tom, Lovage), deux ex-Wolfmother (leur projet The Slew est trop bien) et plusieurs autres (DJ Brace, Amon Tobin, Bullfrog, la trame sonore de Scott Pilgrim vs. the World).

2_kk_persos

Cependant, on doit rappeler que l’ambitieux mandat qu’Eric San – Kid Koala à sa naissance – et son hollywoodien metteur en scène K.K. Barrett s’étaient donnés était de type casse gueule. Peu après que ce dernier fut soufflé par une performance du Kid à la fin 2012 (lors de l’arrêt à L.A. de la radieuse tournée Vinyl Vaudeville), l’étincelle de ce projet insolite scintillait.

La bigarrée paire de partenaires s’était rapidement mis d’accord pour adapter la bédé du Kid intitulée Nufonia Must Fall [NMF] (le roman graphique et son complémentaire mini-album de trame sonore sur CD furent lancés en 2003), pour en produire un singulier long métrage, avec des marionnettes en guise de comédiens, évoluant dans de joliment bricolées maquettes.

3_kk_chambre

Depuis un petit moment, plusieurs artistes contemporains parmi les plus uniques et avant-gardistes de notre ère, avaient mis en scène des personnages manipulés, que se soit les gars de South Park (avec l’hilarant et très trash Team America World Police, 2004), Wes Anderson (avec son fabuleux Fantastic Mr. Fox, 2009) et plus récemment le génial Charlie Kaufman (avec son drame Anomalisa, 2015).

Or, d’aucun n’avait eu l’idée de cinglé de réaliser ET de mettre en musique l’entreprise filmique LIVE SUR SCÈNE. Un film par représentation, en opposition à un film par année d’impositions pour certains réalisateurs (d’autres comme l’unique Kubrick, prenaient jusqu’à une décennie, t’sais).

4_kk_livre

Tel un Frankenstein, l’inclassable œuvre mêle théâtre, cinéma et concert quasi-symphonique, la trame sonore mixant old school hip hop, bruitage et musique classique). Genre d’OVNI qui se doit d’être vécu en spectacle, live dans notre face (le livre « making of » est très cool, par contre). Plus de contexte dans notre billet pré-show.

Et vous savez quoi? Le « spectacle » ― qui s’arrêtait enfin à la maison, après avoir été rodé un peu partout aux USA, de NYC à L.A., depuis janvier ― est formidablement réussi, et on en ressort transportés, sonnés, émerveillés… Après une ludique intro en forme de rigolo bingo, on se fait raconter une belle histoire illustrée, pendant un peu plus d’une heure (autour de 75 minutes).

5_kk_film25_kk_film1

NMF mettant en vedette une jolie fille, un robot mélomane, le(s) intransigeant(s) patron(s) de ce dernier, un robot-pieuvre fort performant, ainsi que tous les artisans de cet extraordinaire (non, il n’y a jamais assez de superlatifs pour qualifier NMF) show.

En plus de l’homme-orchestre qu’est Kid Koala (platines, effets sonores, percussions, guitare, claviers, multiples voix et cetera), on retrouvait le Afiara String Quartet, une demi-douzaine de marionnettiste, techniciens, monteurs-vidéo et/caméramans, et deux gars à la régie (effets sonores, éclairage…). Générique complet ici.

6_kk_gear

Tout une équipe, qui était parfaitement synchronisée afin de livrer ce ballet rétro-futuriste, mêlant techniques et technos désuètes avec brio. En plus d’effets cinématographiques d’antan (maquettes, jouant avec la perspective, FX optiques, réalisation inventive…), étaient insérés ici et là table-tournantes, téléphones avec fil, lecteurs de cassettes, médias imprimés et autres messages manuscrits, pour le plus grand bonheur des fanas de matos d’hier et des plus nostalgiques spectateurs.

7_kk_glace

En trois actes (comme dans les film films), le récit tout simple de NMF racontait une toute douce histoire, aussi mélancolique que romantique, qui abordait sans fard des thèmes universels, tel que l’ennui (travail répétitif), le désir d’évasion (voyage tropical) et évidemment les avenues sinueuses menant à l’amour, rappelant par moment des classiques comme Roméo et Juliette, incluant évidement quelques surprenants retournements de situation (du drame!).

Au niveau des décors, on passe du boulot du robot-héro (un centre d’appel!) au resto de type diner, en passant par l’ascenseur (un classique!!), le magasin de musique (Moog audio, yo!!!), le cinéma (pour une projection de Bon Cop, Bad Cop!!!!), sans oublier le patin sur un lac glacé et une mignonne finale à l’aéroport, évidemment.

8_kk_set_fin

Et la cerise sur le sundae, musicalement, on ratisse large, pour tomber à quelque part entre le doublage de film muet, le lounge 60s, l’exotica et les trames sonores de Morricone (son pote Patton tripperait tellement!). Excellent. Plus que parfait, comme on dit. C’en est impressionnant.

Surtout qu’après le show, on nous invite à descendre des gradins pour venir voir de plus près les maquettes et marionnettes (et prendre tout plein de photos!), tout en questionnant leurs souriants artisans. Sans le Kid? Oui, car il est au comptoir des souvenirs dans le lobby, afin de rencontrer TOUT CEUX QUI LE VEULENT, acceptant volontiers de dédicacer ses livres et albums et même de poser pour la postérité (yé!).

9_kk_puce

À GO, attraper les enfants (et/ou votre cœur de gamin) et courrez à la Place des Arts… maintenant!

10_kk_set

***

*Les représentations de type « matinée » sont plus qu’appropriées pour les familles (notre fille de 2 ans et demi a trippé!); il en reste une ce PM!!

11_kk_fin

Plus d’infos, d’images et de vidéos sur la page Facebook de KK.

Pour les billets, ça se passe chez evenko.

P.S. VITE! Ça finit demain!

PHOTOS : KRISTOF G.