BADBADNOTGOOD : G-funk jazzy sans MC mais solide en maudit
C’est quoi ça BADBADNOTGOOD?
Des flots de Toronto, Ontario, qui roulent leur bosse depuis 2010.
Qui ont fait toutes sortes de reprises jazzy d’artistes de tout acabit (de Feist à Kanye West, en passant par My Bloody Valentine, Joy Division et Gang Starr).
Qui ont déjà joué dans des giga-festivals américains comme Coachella (2012) et Bonnaroo (2017).
Qui ont collaboré avec des légendes du rap comme Kendrick Lamar et Snoop Dogg.
En plus d’avoir même enregistré un album complet avec Ghostface Killah de Wu-Tang Clan (Sour Soul, 2015).
Non mais t’sais. Sur leur dernier album (IV, 2016), il y a même le saxophoniste extraordinaire Colin Stetson et Kaytranada.
Jazz dans la forme, hip-hop dans l’esprit, le groupe – formé de quatre gars dans la mi-vingtaine –torche solide. Des pros. Des vrais.
Matthew Tavares aux claviers, Chester Hansen à la basse, Leland Whitty au saxophone et à la flute et Alexander Sowinski à la batterie.
Hier soir au MTelus (ex-Metropolis), c’était bondé. Plein à craquer. Pour un quatuor de jazz dont les membres n’ont pas 30 ans. Surprenant.
Oh que non, ces garçons n’ont pas besoin du Festival de jazz pour remplir de grandes salles.
Ni de MC pour faire groover leurs jeunes fans.
Que leur jazz libre, fou, aérien, mâtiné de teintes hip-hop, de dub, de funk.
Des beats souvent hypnotiques menaient les trois autres, qui tour à tour enchaînaient les prouesses mélodiques.
Parfois, on pensait à Daft Punk en regardant le dancefloor.
L’espace d’un instant, c’était le bon vieux g-funk velouté de Dr. Dre et de Snoop qui planait à travers la boucane.
D’ailleurs, c’est justement lorsqu’ils ont joué, Lavender, leur collabo avec Kaytranada et Snoop, autour de la soixantième minute, que le feu à réellement pogné, alors qu’un petit mosh pit tout sympathique éclata devant la scène.
Étrangement, juste avant cette explosion d’énergie, on avait eu droit à un petit cours de tai chi de la part du batteur. Drôle.
Ledit batteur était également le non-officiel maitre de cérémonie, nous jasant ça bien chill dans le micro entre les pièces.
Il avait quitté son kit pour venir faire quelques gracieux enchainements pendant que son pianiste nous éblouissait avec son solo.
Bref, c’était si beau de voir une si grande salle si bien remplie et si dégourdie pour le passage en ville d’un jeune quatuor canadien.
Qui œuvre dans un style musical normalement pas très pop, en flirtant fort habilement avec le hip-hop. Et qui ont vraiment du fun en le faisant. GOODGOODNOTBADATALL.
PHOTOS : KRISTOF G.