[critique spectacle + photos] Zeal & Ardor : intime communion
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[critique spectacle + photos] Zeal & Ardor : intime communion

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Le show de l’année. Rien de moins. On est qu’une poignée de trippeux qui peuvent dire qu’ils étaient là, le 24 septembre 2018, lors du tout premier show montréalais de Zeal & Ardor, cet improbable groupe de soul black metal (genre). Dans l’intimité du Petit Campus, en plus.

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Menée par le génial chanteur-mélodiste suisse et afro-américain Manuel Gagneux, la formation fondée en 2013 en a surpris plusieurs de par la façon dont Gagneux s’est approprié – après avoir tâté la pop – le sous-genre métallique, dont les racines scandinaves sont aussi blanches qu’extrêmes; Googlez donc Burzum pour le fun.

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Z&A n’apparut sur les radars qu’en 2017, avec le vidéoclip de la pièce éponyme de leur album Devil is Fine  (près d’un million de vue à ce jour), . Ça commence par un mantra fortement inspiré des typiques chants d’esclaves, cadencé par des sons de chaînes, comme ceux qu’on devaient entendre jadis dans les champs de cotons. Ensuite, lentement mais sûrement, arrive une mélodie métallique en crescendo, aux accents post black metal atmosphérique.

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La plus robuste Come on Down confirma la patente, en ajoutant ici et là des moments de véhémence, où hurlements grésillants et murs de guitare impitoyables s’alternent avec les segments plus calmes portés par la voix chaude de Gagneux. Les quelques salves d’électro à gauche et à droite (souvent en intro de pièce) ponctuant sur le disque ne font que confirmer le talent d’alchimiste expert en métissage du basané leader. Robert Lepage et Betty Bonifassi s’en mordraient les doigts s’ils connaissaient ça.

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Sorti en juin de cette année, l’album Stranger Fruit a scellé le deal. Le premier simple [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=BFGU0g1LA9I »]Don’t You Dare[/youtube] est d’une puissance sans nom, et ce même si elle débute avec de jolis échantillonnages de grillons. Justement, le concert que le sextette nous a offert puisait abondamment dans ce nouvel opus disque, fédérateur comme pas un.

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Des chants ‘à répondre’ (trois chanteurs, en canons), des vocalises éraillées, du headbanging en continu, des mélodies accrocheuses, en masse d’occulte (pensez à ce que fait Ghost, mais en pas mal plus intéressant) et les codes métalliques parfaitement maîtrisés… fichtrement bien foutu. Allez, pesez-donc sur play.

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Bref, Gagneux a réussi son pari : faire du black metal en lui infusant une bonne dose de musique black ancestrale, tout en sonnant actuel en sacrament. On peut appeler ça de l’avant-garde. Trve. Cvlt. Délinquant. Pis toute.

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Et en concert, le tout sonne comme une tonne de brique, avec sa fortiche section rythmique (incluant une pas très souriante gothique bassiste), ses 2 guitares (dont cette de Gagneux) et surtout ses trois voix, dont les harmonies – sorties du fond des tripes – donnent des frissons.

zaa_16zaa_17 Une claque dans’ face. Sous les aveuglants rayons de stroboscopes un peu taches (mais appropriés, soit).

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Sachez que lundi dernier, la menue foule du bien rempli Petit Campus a redonnée au groupe leur énergie au centuple. Et la bande à Gagneux fut impressionné de recevoir autant d’amour : les membres se jetaient des regards aussi incrédules que reconnaissants, pendant que leurs fans applaudissaient et criaient leur bonheur à tout rompre. La communion.

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Si vous ne me croyez pas, demandez aux talentueux et émérites réalisateurs d’œuvres iconoclastes que sont les Denis Côté (Curling, Ta peau si lisse) et Jean-François Rivard (Les Invincibles, Série Noire), ils étaient là eux aussi.

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P.S. Merci à Extensive Entreprise! C’est exactement le genre de groupe qu’on devrait booker au Heavy Montreal (pas Tech N9ne, t’sais).

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ASTRONOID

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Quelques mots sur les jeunots d’Astronoid, qui ouvraient la soirée. De Boston, le quintette nous a livré un métal à saveur technique (du tapping, oh oui!), mêlant shoegaze à des influences djent et progressives.

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Devin Townsend n’aurait pas détesté, même si certains passages mielleux et emo (principalement à cause d’effets spéciaux au niveau du micro) pouvaient nous déconcentrer de leur offre qui se veut autant cérébrale qu’intersidérale. À surveiller.

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PHOTOS : KRISTOF G.