[critique spectacle + photos] Densité sans compromis avec Full of Hell et leurs amis (pesant en sacrament)
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[critique spectacle + photos] Densité sans compromis avec Full of Hell et leurs amis (pesant en sacrament)

Sans contredit, la palme du plus pesant show de la semaine revient à la soirée de mercredi 12 juin 2019 au Bar le Ritz PDB, bookée par Extensive Entreprise. Et ce, même si Nails était en ville la veille – on n’était pas au Club Soda mais Primitive Man en termes de lourdeur, c’est dur à battre en simonac.

Si plusieurs spectateurs étaient vraisemblablement là pour la tête d’affiche, Full of Hell, les petits chéris de la critique, sachez qu’ils ont été très gâtés, comme le programme de la soirée était solidement béton. Quatre bands lourds, sombres, intenses, faisant du métal bruyant du fond de leurs tripes et pour les bonnes raisons.

D’emblée, les locaux de chez F L E S H / V O I D (de même qu’y veulent qu’on l’écrive; circa 2017) ont ouvert les festivités avec un set coulé dans le plomb.

De longues chansons, toutes en crescendos grésillant de sonorités discordantes, furent enchaînées sans qu’aucun des trois chanteurs aux voix gutturales n’adresse la parole au public (pas besoin, non).

Plutôt, un très dense mur de son, impliquant un trio de guitares, des ultra-basses fréquences et des feedbacks en masse.

Comme dessert, on eut droit à un beau gossage de pédales de distorsion bien bruyant, menaçant de nous aspirer tous au plus profond d’un trou noir inter-dimensionnel, genre. Une gracieuseté du guitariste-chanteur Jean-François D. Desgroseilliers.

Y’a même eu des moments plus planant que les gars de Neurosis n’auraient clairement pas reniés.

Une espèce de très pesant post-blackened doom pas piqué des vers, comme qu’y disent. À découvrir.

Ensuite, les p’tits gars de Genocide Pact suivaient, from Washington DC et signés sur Relapse Records. Et ça paraissant dans leur old school death metal boueux (rappelant par moment Obituary et Morbid Angel), qui dégoulinait – comme leur logo – de hardcore punk et crust.

Souvent pesant, parfois dans le tapis en mode grind, les bien tight crinqués du Pact (actif depuis 2013) ont inspirés plusieurs moshpits circulaires dans le tout petit Ritz. Vraiment fun et pesant.

Très heureux d’être là, leur calotté et guttural leader Tim Mullaney (guitare et voix) a même name-droppé ses groupes métal québécois préférés, Gorguts et Voïvod (ces derniers par deux fois!). Respect.

Et pis sachez c’est l’ex-Power Trip Connor Donegan qui fesse adroitement sur le kit, pendant que se fait aller leur bassiste Mike Nolan (également de Witchtrial avec Donegan et Disciple of Christ avec Mullaney). Solide.

Après, un autre trio prenait d’assaut la petite scène du Ritz, Primitive Man (de Denver, Colorado; sur Relapse eux aussi) le plus pesant band de la soirée, de la semaine, et possiblement du monde entier (non, je ne niaise pas). Facilement 850 livres de viande, plus une dizaine de cheveux – des rastas, c’est lourd, t’sais.

Sans parler des vrombissantes basses fréquences émanant de leurs instruments/micros et amplis, qui nous brassaient la cage, en nous faisant littéralement lever le poil sur les bras.

Mentionner que les vocalises gargarisées de leur balèze bassiste Ethan McCarthy sont caverneuses relèverait autant du plus grand euphémisme que du plus niais calembour comparatif. Mais on s’en fout un peu.

Ce qui compte, c’est que c’était pesant comme 10 menhirs ou enclumes (comme vous voulez, on est pas chiâleux), pendant ce concert passé en état de transe le plus pur.

Parce qu’avec Primitive Man, y faut pas être pressé. Lente et dissonante est la ride, mais ô combien satisfaisante. Leurs mélodies discrètes et bien enfouies nous ont tous littéralement fait fondre la face, comme y disent dans le sud.

Et que dire du mal de cou à headbanger lentement mais sûrement, et constamment. Sacrament. Merci les gars, on se voit assurément la prochaine fois.

Et comme si le programme n’était pas déjà assez câlissement puissant, Full of Hell embarquait sur les planches pour nous arracher ce qui nous restait de face. Sérieux, ces gars-là, y niaisent pas – depuis leurs débuts il y a déjà 10 ans. En particulier leur chanteur (et bruitiste, avec ses pédales multiples) Dylan Walker. Une vraie bête. Qui couine, qui gueule, qui crie, bref, qui arrache. Toujours comme si c’était la dernière fois.

Leur énergie nous rappelle feu Dillinger Escape Plan, alors que leur schizophrénique son, on pourrait peut-être le comparer à un grindcore très libre style Napalm Death sous crystal meth. Ou à du Pig Destroyer. Fort de même. Pas surprenant qu’on ait pu les voir ouvrir pour Cattle Decapitation en novembre 2017 aux Foufounes. Viscéral, décapant, brutal, pesant, franchement original, dans ta face.

Y faut être en forme pour apprécier Full of Hell et, idéalement, en avoir écouté en masse au préalable, afin de saisir toutes les subtilités de leurs touffues, expérimentales, assourdissantes et sans compromis compositions. De l’intensité fait de concentré, comme dans leur moshpit, qui fut joyeusement actif sur pas mal toute la durée.

Bref, une soirée d’hostilité auditive aussi pesante et brutale qu’hallucinante. Du métal au vitriol qu’on ne retrouve peut-être dans aucun Club Columbia, mais qu’on prendrait avec joie dans n’importe quel grand festival.

PHOTOS* : KRISTOF G.
*De cellulaire parce que mon Canon avait hélas de la misère avec la rare lumière.