[critique spectacle + photos] Wu-Tang Clan à Laval, ou un buffet (presque) tout garni qui laisse sur notre appétit
Le légendaire collectif hip hop Wu-Tang Clan s’arrêtait à la Place Bell de Laval, le 12 juillet dernier.
À lire les nombreux commentaires désobligeants et autres memes ironiques publiés sur l’événement Facebook depuis vendredi, nombreux sont hélas celles et ceux ayant été déçus par cet attendu spectacle.
Car les attentes étaient hautes pour ce concert anniversaire : depuis le mois de mai, la troupe newyorkaise parcourt le monde entier, afin de célébrer les 25 ans de leur tout premier album, le classique Enter the Wu-Tang (36 Chambers).
Et ce, même si l’album est sorti en 1993 – donc il y a bien 26 ans, oui, vous savez bien compter (y’ont dû oublié l’an dernier, ‘faut croire).
On nous avait également promis que tous les membres du Clan sans exception seraient présents au concert de Montréal – sauf ODB (Ol’ Dirty Bastard, pour les intimes), bien évidemment, ce dernier étant décédé en 2004.
Après une petite demi-heure de retard, arrivèrent à tour de rôles pour se présenter les neuf MC composant Wu-Tang Clan lors des premières pièces.
Après que le DJ, Mathematics, se soit installé, le leader de la bande, RZA est arrivé, suivi de près par un autre membre important du clan, Ghostface Killah.
Ensuite, se sont succédé les GZA, Raekwon, Inspectah Deck, U-God, Masta Killa, Cappadonna, ainsi que – surprise! – le fils de ODB, alias Young Dirty Bastard.
Oui, mais, où était donc le pilier du Wu-Tang qu’est Method Man? Pas à la Place Bell en tous cas.
Eh non, encore un no-show pour le MC, à qui c’est malheureusement arrivé à quelques reprises de ne pas se pointer à Montréal avec sa gang…
Pas de Method Man, pas de pièce éponyme, hélas. Et si ça n’avait été que ça.
Parce qu’à 9 MC, ils peuvent bien se compléter afin que backer un absent, t’sais.
Le problème majeur se situait plutôt au niveau de la sonorisation de la Place Bell, qui fut… comment dire… déficiente.
Ouin, les gars n’ont pas arrêté d’avoir des problèmes de micros tout au long du concert.
Quand on ne souffrait pas à cause de douloureux et tonitruants feedbacks entre les pièces, on entendait à peine certains MC. Pas cool.
Plusieurs MC l’ont même mentionné à quelques reprises au technicien de son… gênant. En particulier lorsqu’ils ont sommé leurs fans de scander en chœur ‘fuck you sound guy’.
Quant à la musique, il n’y avait pas d’autres musiciens sur scène à part le DJ, donc que le mixer de Mathematics à brancher et à sound-checker.
Or, la balance de son était beaucoup trop souvent dans les basses, alors que les hautes distorsionnant tristement, au grand dam des fans les plus mélomanes.
Heureusement, le DJ s’activait joyeusement derrière son booth, sur ses laptops et tables-tournantes (et parfois au micro), en nous balançant les échantillonnages de films de kung fu chers au Clan et tous les maudits bons beats classiques ayant fait connaître ses collègues.
Collectivement, le Clan donne un bon spectacle, habitant l’espace, en ayant assez de fun pour que ça soit contagieux.
C’était évident que la foule était heureuse d’être là pour voir et entendre ces icones du rap, interpréter (presque) en entier leur premier album.
‘Fallait voir la foule s’agiter et crier pendant les hymnes que sont Bring Da Ruckus, Wu-Tang Clan Ain’t Nothin to Fuck With, C.R.E.A.M. et Protect Ya Neck, notamment.
Y’a même eu quelques bouteilles de mousseux (prises dans le bar perso du band, sur le DJ booth) qui ont joyeusement été aspergées sur les premières rangées.
On a beaucoup aimé l’aisance sur scène de RZA et Ghostface Killah, tout comme celle du jeunot de la bande, YDB, qui est est le portrait craché de son paternel.
Il a un bon flow, peut-être un peu précipité par moment, mais doté d’une fort belle énergie.
Ensuite, on eut droit à un peu de love du clan, en forme de reprise du classique des Beatles Come Together, avec une belle participation du public. De même que pendant le solo de scratch de Mathematics (avec ses pieds!).
Plusieurs autres pièces ont été interprétées, de même qu’un trio de pièces d’ODB, dont la très cool Shimmy Shimmy Ya.
Bref, une petite heure et demie et puis s’en vont. On s’attendait à vivre un moment épique, et on est plutôt repartis avec un petit goût ferreux en bouche. Comme quand on se mord la langue, genre. Un peu fâché, irrité, contrarié.
Une amertume qui était loin d’être aussi satisfaisante que celle d’une bonne une IPA. Disons-nous, pour ne pas trop être déçus, que c’était tout de même un bel hommage à ODB, au moins.
PHOTOS : KRISTOF G.