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Elle est bien terminée, l’époque shoegazing

Elle est bien terminée, l'époque shoegazing – les yeux rivés sur ses chaussures – de Jérôme Minière où, terrassé par une gêne pathologique, le musicien arrivait à peine à rendre ses chansons sur scène. Appelé à présenter les pièces de son Petit Cosmonaute dans le cadre du volet Nouvelles Tendances du dernier Festival d'été de Québec, l'auteur-compositeur a démontré qu'il pouvait désormais se jouer de ce handicap, y faisant parfois référence avec humour, se servant de l'autodérision afin de désamorcer toute forme de situation embarrassante. En fait, on sera presque éberlué par la volubilité d'un Minière dont le groupe parvient à recréer très habilement les textures sonores à la fois riches et subtiles de son plus récent album. Des claviers atmosphériques (Christian Miron) et une guitare électrique à la fois souple et évocatrice (Kim Ho) viennent enrichir un univers désormais lumineux; les pièces des albums précédents y sont même rénovées de la cave au grenier pour prendre des airs de fête. L'air de rien. Rencontré en coulisses à la fin de sa prestation, Minière s'avouera rassuré et plutôt satisfait du résultat malgré quelques erreurs techniques et un trou de mémoire plus amusant qu'autre chose, visiblement heureux d'avoir séduit un public fervent qui, des quelques groupies dansantes à côté de la scène aux fans absorbés assis sur le ciment d'un parterre comble, buvait religieusement chaque note, chaque parole émise. "J'ai vécu une sorte de rebirth", blaguait à demi le musicien entre deux chansons. Et si son album indiquait un tel changement, sa performance scénique prouve qu'il est non seulement draconien, mais jubilatoire. Second début.