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Dans une galaxie près de chez vous

Soirée torride, en ce jeudi de juillet de l'an de grâce 2006. Je dis bien an de grâce, parce que ce Festival d'été est un véritable moment de béatitude et de bonheur. Et les organisateurs, disons-le, sont bénis des dieux. Pas encore une seule goutte sur nos têtes, malgré que les prophètes de malheur chez Météomédiocre ne cessent de prévoir des orages qui ne surviennent jamais.

Basta!

À quelques rues du Pigeonnier, on entend déjà les Dales Hawerchuck qui se démènent et, on le découvrira, donnent un spectacle sans finesse, mais suent le rock par toutes leurs pores. Les Dales ne font pas dans la dentelle, ils trempent chacune de leurs chansons dans un bain de testostérone, et cela donne le résultat escompté : des guitares saturées, un chant éraillé, une batterie malmenée. On ne s'attendait pas à plus ni à moins. Fidèles à leur son et à une volubilité qui nuit cependant parfois au bon déroulement des choses (des interventions trop longues, et ma foi, assez inutiles), les amis de Galaxie 500 peuvent être fier d'avoir soulevé une foule timide.

Un saut du côté des Plaines avant que la bande d'Olivier Langevin ne fasse lever la peinture des édifices de la Grande-Allée avec son stoner rock ascendant rockabilly ascendant progressif (oui, vous avez bien lu). Yellowcard est sur scène, la foule d'ados est compacte jusqu'à la tour d'éclairage au centre du terrain, puis elle devient clairsemée, mais remonte jusque loin derrière. Cela dit, bâtard que cette musique m'ennuie : parfaitement rendue mais péniblement prévisible. Et ce violon -électrique en plus- que j'aurais volontiers cassé sur la tête de son propriétaire, et ces bons sentiments, et ce chant geignard.

Mais comme presque chaque fois que je déteste un show qui semble faire l'unanimité du public, le spectacle est dans la foule. Une ribambelle de petites ados se tiennent par la main pour ne pas se perdre en s'avançant vers la scène, on dirait un mille patte à plusieurs têtes. Une mémé toute ratatinée qui mange des frites en dodelinant, un couple de yuppies qui se demandent bien ce qu'ils font là, et la foule, entassée, qui réagit au quart de tour, explosant à chaque chanson.

Bref, votre musique est plate, les kids, mais vous êtes beaux pareil.

Retour à la scène-de-la-bière-pas-très-bonne-que-l'on-boit-quand-même-parce-qu'il-fait-chaud. Galaxie se pointe, dégaine, et paf, nous voilà sur le dos. Comme à son habitude et peu importe quel format il emprunte, Fred Fortin est à la guerre. Il assure la position de batteur cette fois, et frappe les peaux avec rudesse, une exquise brutalité, mais aussi sans jamais coup férir, avec une précision métronomique.

Olivier Langevin massacre ses guitares et propulse ses chansons dans un univers improbable où se rencontrent des accords lourds, saturés, plaqués avec férocité, et un rock atmosphérique, tout en nuances. Du rock n'roll qui fait mal aux oreilles, qui donne le goût de fumer et boire, et qui irrite les critiques plus sensibles. Mais aussi du rock de virtuoses. Vincent Peake (Groovy Ardvaark) à la basse est irréprochable, Pierre Girard à l'autre guitare fait un admirable travail de finition, et un claviériste dont le nom m'échappe (je vous reviendrai avec cela) fait exploser les touches, voguant quelque part entre Jerry Lee Lewis et John Lord (Deep Purple), avec de fines touches à la Jimmy Smith et un phrasé que n'aurait pas toujours renié un Ray Manzareck (The Doors).

Je vous le dis, Galaxie 500 n'est ni un band ni un modèle d'automobile, c'est une escouade de choc. Un genre de Delta Force du rock.

D'ailleurs, il me semble que leur roadie ressemble un peu à Chuck Norris.