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Nous ne sommes plus seuls

Joseph Arthur : .
Photo: David Cannon

Il y a une beauté désespérée dans les chansons de Joseph Arthur. Un regard lucide, à la fois tendre et cynique sur l'existence. Des histoires de vies, de collisions humaines, le genre de musique que vous écoutez, une journée comme aujourd'hui, quand la pluie ruissèle sur les fenêtres, et qui vous rassure. Dans sa voix, il y a toute la douleur du monde, et soudain, vous n'êtes plus seul. Vous entrez dans le concert de la souffrance ordinaire, et même si vous continuez de gratter le bobo un peu, il y a quelque chose d'apaisant dans tout cela.

Dimanche à l'heure du souper, le soleil cognait dur sur la Place d'Youville. L'habituel ballet sur les fortifications -des gens s'y installent, les flics viennent les déloger-, des pubs de TVA (dont le nouveau et fallacieux slogan est: TVA, c'est vrai) et du 400ième de Québec sur l'écran géant installé devant la porte St-Jean, des bedaines en séance de bronzage et des fronts dégarnis qui ont souffert de surexposition aux rayons UV.

Contexte weirdo pour Arthur qui s'amène accompagné de son groupe, les Lonely Astronauts. Ses hymnes intimistes du mal-être sous le bras.

Mais après quelques chansons, alors que le soleil décline lentement derrière la cîme des édifices en face de lui, Arthur a fini d'installer l'inexplicable circuiterie de charisme, de coeur et de virtuosité propice à la connivence. On lui excuse des chansons avortées pour cause de troubles de mémoire, même si on doute un peu de sa bonne foi. On plane sur Black Lexus, on chante "I'm no longuer who I was, no longer who I thought I was" répétée maintes fois pendant You are Free. On sourit quand il dit: "This is a new song I wrote in a dream".

Une sorte de calme serein s'est installé partout autour. Les têtes dodelinent doucement, les gens se renvoient des regards complices. Nous ne sommes plus seuls.