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Plus loup que lesbien

On revient quelques heures en arrière si vous voulez bien.

Deux jours pour être précis. Samedi, 18h30.


Femi Kuti
 

Femi Kuti monte sur scène avec son excellent band, il pleut et le soleil perce les nuages au même moment. Performance à la hauteur des attentes: ça pompe grave, ça bounce le gros, les danseuses et choristes en émeuvent plus d'un. Quant à nous, nous sommes assez ravis de ce chaos synchronisé où tout se met en place après avoir menacé de foutre le camp, chanson après chanson, chorégraphie après chorégraphie.

Kuti manipule le public avec aisance, le dirigeant comme il le fait avec son groupe. Avec ce petit côté givré qui n'empêche cependant pas d'ignorer l'intensité impérieuse du regard.

Son afrobeat à lui n'a peut-être pas la puissance de celui de papa, n'empêche, ce mélange de politique et d'une soul-funk ré-africanisée fait admirablement son boulot: induire la danse, beaucoup, et la réflexion, un peu. Même les plus récalcitrants se surprennent à frémir plus ou moins subtilement en suivant les punchs imposés par une section de cuivres que n'aurait pas renié James Brown.

Puis, direction rue St-Jean. On croise un ange exterminateur et ses deux gargouilles sur échasses. Tout cela jure admirablement dans le merveilleux monde de Disney qu'est devenu le Vieux-Québec. Encore deux morceaux de robot pour le volet des arts de la rue qui surprend, choque, et amuse en même temps.

Retour sur nos pas, direction l'Impérial. Un peu avant 21h00.

J'arrive tout juste comme débute la performance des Lesbians on Ecstasy. Ce que j'en pense? Bof. Pas mauvais, au contraire. La chanteuse a rapidement mis le public dans sa petite poche, et ça tangue sur la piste de danse. Mais musicalement parlant, tout cela m'ennuie un peu. Electroclash, je veux bien. Vaguement choquant, d'accord. Mais il y a des genres comme celui-là où on a l'impression que tout ce qui vient après le grand coup de départ n'est que pâle copie. Ici, on se dit qu'après Peaches, tout le genre ne pourra aspirer qu'au statut d'édulcorant.

Vu que la majorité des fêtards sur place n'a que faire de ma mauvaise foi, la foire est littéralement pognée sur le parterre alors que le groupe reprend un hymne lesbien de Melissa Ethridge, plutôt marrant, doit-on avouer. Je croise un des responsables de cette scène, Bastien Gagnon-Lafrance, qui m'avoue:"Je savais qu'il y aurait du monde, mais pas tant que ça…" Qui s'en plaindra?

Petite "pose" extérieure avant d'aller se faire exploser les tympans à nouveau. C'est tout plein de petites clones de Emily Haines: jeans serrés, t-shirt vintage, chevelure savamment mise en état de broussaille. On croise l'habituelle faune hipster de Québec, quelques montréalais en visite en prime, l'ambiance est cordiale, détendue au possible. Depuis le début de ce festival, je constate à nouveau ce qui me plaît dans ce rassemblement de dix jours: un esprit de fête qu'on ne retrouve que trop rarement dans la ville, en marge des habitudes, d'une sorte de routine culturelle. Et pourtant, l'excitation est quand même là, les gens ont hâte de voir tel ou tel artiste. Parlons d'une sorte de fébrilité tranquille.

Retour à l'intérieur, la foule s'est densifiée, fait chaud, We are wolves monte sur scène, et tout explose.


We are Wolves : .
Source: Vos photos du Festival d'Été de Québec
Photo: Guillaume D. Cyr
 

Alexander Ortiz ne tient pas une basse dans ses mains, mais une arme de destruction massive. On préfèrerait qu'il se taise entre les chansons, puisqu'il n'a visiblement rien à dire et déconne ferme, mais qu'importe, ça beugle, ça égratigne, mais ça fonctionne.


We are Wolves : .
Source: Vos photos du Festival d'Été de Québec
Photo: Guillaume D. Cyr
 

Le batteur, nimbé de fumée, parait donner la charge, c'est le claviériste qui tient le clairon, en proue, tenant dans ses mains la fragile mais caustique ligne mélodique de l'ensemble qui s'en va gaiement chez le diable, entraînant dans son sillage un public complètement barje qui en redemande.