Déjà!? Enfin!? Whatever, c'est terminé.
Mais avant de se dire « à l'an prochain », revenons en arrière et passons en revue quelques instants mémorables, souvent d'humides moments de grâce, because il a plu presque tous les jours. Et, bien évidemment, quelques déceptions qui se firent heureusement rares.
![]() Metric : . Source: Vos photos du Festival d'Été de Québec Photo: Guillaume D. Cyr |
LE PACING- On commence justement par cela, ma déception qui n'en est pas tout à fait une : la performance de Metric au théâtre Impérial. Une salle bondée, surchauffée, prête à exploser. Pas du genre à avoir été appâtée par la rumeur favorable, ou la hype provoquée par quelques articles de journaux parus la semaine précédente. Plutôt un public conquis d'avance, qui connaît les paroles de la plupart des hits du groupe. Pensons aux Dead Disco, Combat Baby, Poster of a girl, Handshakes (« Everybody loves you baby, of course they do! »). Malgré que tous les éléments furent mis en place pour la symbiose, le groupe de Emily Haines ne parviendra pourtant pas à faire totalement lever la foule, refroidie par un pacing (progression chronologique des pièces jouées pendant un concert) qui, plutôt que de faire monter la pression pour atteindre le paroxysme recherché en fin de parcours, n'a cessé d'interrompre le coït musical en ponctuant la prestation de chansons nettement moins enlevantes, de nouveautés ou de pièces tout simplement méconnues. Pas un mauvais show. Au contraire. Mais la plupart de ceux qui avaient vu le groupe à son dernier passage ici s'entendaient pour dire qu'il manquait à celui-ci le petit « oumpf » qui fait toute la différence.
Cela dit, comme nous sommes tous éperdument amoureux de Emily Haines, garçons et filles confondus, notre pardon lui est donc presque accordé.
LE SILENCE- C'est le son, ou plutôt l'absence de son que je retiens de la performance de Patrick Watson. Cela, et le quasi miracle météorologique qui a permis aux Montréalais de jouer au sec, jusqu'au rappel, alors qu'un petit crachin est venu mouiller les visages de spectateurs, plus lumineux que leurs macarons, comme figés dans un masque de bonheur béat.
Mais revenons à ce silence. J'ai souvent utilisé la métaphore de la célébration religieuse depuis le début de ce festival, mais force est d'avouer qu'avant ce soir là, on n'avait pas encore assisté à une communion aussi intense, aussi parfaite, entre public et artistes. Cela m'a frappé pendant la pièce The Great Escape où, du devant de la scène, on aurait entendu un cellulaire sonner dans la zone VIP à l'arrière. L'air lourd et humide ne transportait plus que les notes de piano égrenées avec grâce, et la plainte lancinante de la voix de Watson qui nous vrillait l'intérieur, comme un tournevis dans le coeur. Partout autour, plus un mot, plus un son. Comme si les gens se faisaient écraser un morceau de pure beauté sur la gueule et n'en revenaient tout simplement pas. Une sorte de satori, je vous dit. C'était donc soir de profond recueillement où les absents avaient, comme c'est l'usage, cruellement tort. Un grand moment de festival, de ceux qui restent en mémoire longtemps.
Trois jours plus tard, scénario analogue à l'Impérial, tandis qu'un public extatique s'imbibait de chaque son sortant de la bouche d'Eleni Mandell. Capable d'emprunter à la pureté diamantaire d'une Margo Timmins (Cowboy Junkies) ou à la violence contenue d'une PJ Harvey, Mandell cultive habilement le flou dans son oeuvre protéiforme qui emprunte autant à Tom Waits qu'à Patsy Cline, transmettant avec la même verve le désespoir humain et l'amour éperdu.
Même dans ses ballades country les plus simples, la frêle, timide et pourtant charismatique madame irradie, tandis que son groupe, infaillible, propulse ses chansons douces-amères en orbite autour des âmes sensibles. Permettez une onomatopée : wow!
LE PAPI- Quelques mots à propos de Mahmoud Amehd que mes collègues ont déjà copieusement encensé ici. Quelques mots pour simplement remercier le festival d'avoir fait venir ce grand chanteur, à l'indéniable talent (j'apprends qu'on lui a décerné un des prix Miroir ce matin), pour nous avoir convié à cette rencontre entre la soul états-unienne et la volubilité éthiopienne. Entre les à-coups de saxophone et les arabesques de la voix. Je déteste l'expression, parce que trop souvent galvaudée, mais alors là, oui, coup de coeur pour ce papi dont une consoeur m'a dit, attendrie devant ce sourire, cette générosité toujours intacte quand le public se fait prier : « J'en veux un! »
LA FOLIE- Après une première expérience tristement infructueuse du côté du off en début de soirée, on oblique vers la Place d'Youville où l'hybride formation soul-reggae-jazz-hardcore Fishbone s'époumone pour un public qui, sans être particulièrement nombreux, lui fait pourtant toute une fête.
James Brown peut reposer en paix, Marley en faire autant, Henry Rollins poursuivre sa carrière à la télé et Mike Stern se concentrer sur ses ateliers au MIT : tous les genres qu'ils ont fondé et/ou défendu avec poigne sont tous là, bien vivants dans cet amalgame qui respire la liberté et la folie de ceux qui n'ont rien à perdre.
Suivent d'autres mongols, à batterie ceux-là, vous aurez reconnu les Gogol Bordello qui foutent le feu à la scène en quelques secondes. Parlons d'une sorte de virtuosité psychotique, à la limite de la démence, où quelques pirates mabouls balancent un klezmer-punk sans jamais relâcher la pression. On aurait voulu rester pour en voir un peu plus, mais on aurait raté le spectacle d'Eleni Mandell, commencé depuis déjà un moment.
C'est où qu'on signe pour obtenir le don d'ubiquité déjà?
LE BILAN- J'ai mal à un genou, perdu quelques kilos, ai évité la pneumonie, rempli la moitié d'un de mes petits carnets Moleskine qui coûtent la peau des fesses, rencontré tellement de gens que j'ai maintenant envie de me terrer dans une cabane au fin fond du Wisconsin, bref, c'est comme cela chaque année, et c'est un peu comme aux Fêtes : c'était bien agréable mais on n'est pas fâché que ce soit terminé.
Pour ce qui est de mon appréciation globale de l'événement, j'y reviendrai dans ma prochaine chronique « officielle ». Je profite cependant de ces quelques derniers instants sur ce blogue pour remercier et féliciter mes collègues Iris Gagnon-Paradis, Antoine Léveillée et Xavier K. Richard pour leur participation à cette expérience. Les mêmes bons mots vont aux photographes amateurs ou professionnels qui ont déposé avec assiduité de merveilleux clichés, tous les jours, sur notre blogue photo que supervisait Iris.
Sur ce, à l'an prochain.
J’ai entendu dire qu’il y avait eu Billy Talent et Nickelback en spectacle à Québec! N’es-ce pas surprenant que des groupes de cette qualité joue à un si petit festival?
Je ne pouvais pas savoir vous n’en parlez pas!
Nous ne parlons pas non plus de Isabelle Boulay, mais vous ne semblez pas vous en plaindre.
Nous parlons peu du Off, cela non plus ne vous dérange pas, je suppose.
Billy Talent, c’était une énième visite à Qc, on a déjà amplement couvert dans le passé, ils ont même fait la page couverture du journal. À un moment donné, faut passer à autre chose.
Et pour Nickelback, il y a quand même des limites au masochisme. Nos confrères et consoeurs des autres journaux ont souffert pour nous. Je les en remercie.
Merci pour l’honnêteté de votre réponse. Je demeure toutefois déçus de la couverture. J’aurais aimé en lire plus de la part de gens comme vous qui couvrez plusieurs événements.
Cela dit les arguments concernant le nombres de visite et votre dédain pour le masochisme me paraissent bien faible….
PS. Isabelle Boulay, j’ai heureusement pu y aller et je n’ai pas besoin d’un article. En passant son dernier disque n’est pas à la hauteur… selon moi.