Désolé, je réagis un peu tardivement à celle-là…
Alors voilà : selon Mario Dumont, les émeutes de Montréal-Nord s’expliquent par une faillite de l’école. Rien que ça.
Plus précisément, l’école ne parvient pas à éviter le décrochage et est en voie de devenir une pépinière à gangs de rue parce que :
A- Il n’y a pas assez de discipline
B- On n’y porte pas l’uniforme
C- On ne revêt pas fièrement le blouson de l’équipe sportive de son école comme dans les high schools américains
D- La ministre Courchesne a mis tous ses efforts dans la restructuration des commissions scolaires au lieu de s’attaquer aux vrais problèmes…
Bon, on peut bien penser ce que l’on veut du souhait de Dumont d’éradiquer les commissions scolaire, reste le chef de l’ADQ doit être salué pour avoir réussi cette impensable contorsion intellectuelle lui permettant d’associer l’effort que fait le gouvernement pour tenir en vie ces commissions à une émeute à Montréal-Nord.
Avouez que c’est fort.
Autrement, je serais tenté d’ajouter un truc ou deux. D’abord, qu’on peut reprocher plein de choses à l’école, mais pas cela. C’est juste… Trop gros, trop tiré par les cheveux, et tellement simpliste que c’en est navrant.
Enfin, disons aussi que la discipline, ça ne commence pas à l’école, mais un peu, beaucoup, énormément à la maison. Et ça, avec ou sans commissions scolaires, équipe de football ou costumes obligatoires.
J’ai l’impression que pour prendre les high schools américains comme modèle, Dumont se base juste sur les films d’ados qu’il a vus… Comme s’il n’y avait pas de gangs de rue, d’émeutes et de tueries aux États-Unis!
Encore une fois, Super Mario a raté une belle occasion de ne pas exprimer une super connerie…
Mais c’est ce qui arrive quand on veut faire de la politique RÉ-active et sauver/résumer/expliquer le monde à coup de clips de 15 secondes. D’ailleurs, l’ADQ devrait s’appeler le RDQ tellement il y a plus de Réactions que d’Actions Démocratiques provenant de ce parti. Ce qui est typique d’un parti réactionnaire qui s’inspire de « Archie » ou du « bon vieux temps » afin de faire rêver le Québec profond…
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Anyway, le commentaire de David Desjardins est d’autant plus juste et pertinent que « le » problème de Montréal-Nord ne provient pas de la supposée « faillite » du système d’éducation public – car j’imagine que le chef de l’ADQ doit avoir une appréciation beaucoup plus positive envers l’école privée – ; il provient de l’abandon de l’école par la société en général.
Si l’ADQ était en mesure de remâcher des idées reçues, d’émettre des clichés ou de faire dans le réflexe démagogique pour éblouir la populace en mal de solution magique ; ce parti pointerait plutôt du doigt la dévalorisation de certains métiers spécialisés, la non-reconnaissance des diplômes parmi les membres des communautés vivant dans ce quartier, on citerait des intervenants qui connaissent les problèmes que vivent les habitants de cet endroit et qui ne sont jamais entendus par les organes officiels du gouvernement, on parlerait du salaire dérisoire des enseignants, etc.
Ensuite, on ferait preuve d’un peu plus de courage et d’un peu moins d’opportunisme politique en soulignant le désistement des parents envers l’éducation de leurs propres enfants. On verrait dans la faible participation aux élections scolaires ET municipales un désintérêt envers les autorités locales qui est à la fois inquiétant et symptomatique de la déconnexion public/politique.
En regard de ces constats, on prônerait une décentralisation des pouvoirs qui donnerait naissance à une redistribution plus équitables et plus pertinentes du pouvoir financier en direction d’autorités locales qui interviennent beaucoup plus souvent et directement dans la vie de tous les jours des citoyens des plus grandes aux plus petites municipalités.
Think local, act global. Small is beautiful. De bonnes idées qui n’ont jamais réussi à s’implanter ou à percer la carapace des politiciens du « power trip », malheureusement. L’ADQ, même en tant que « nouveau parti », ne fait pas exception à cette règle. Et c’est ce qui est vraiment décourageant…
Bref, cette vision des choses exprimée par Mario Dumont constitue une bonne raison de plus pour frémir lorsque l’ADQ insiste pour mettre l’éducation au premier plan de nos préoccupations lors des prochaines élections. Et ce, même si on peut avoir raison d’établir ce type de priorité…