Détenteur involontaire d’une soif de justice particulièrement tenace, j’ai décidé il y a quelques années d’utiliser ma réserve de vie pour explorer quelques endroits de ce curieux monde et faire œuvre de paludier d’idées, d’images et de mots.
J’ai commencé à lire le journal Voir dès le #1, en 1986, adoptant un rituel hebdomadaire qui incluait un café au lait et la lecture obligatoire de la chronique de Jean Barbe, alors rédacteur en chef. Depuis, j’ai préféré les récits aux romans, les reportages à la poésie, la photographie de guerre à celle de mode, lisant plus souvent en couverture souple qu’en couverture rigide.
Depuis plusieurs années, je suis interpellé par le fait que les médias sont remplis de voix inoffensives alors qu’il y a tant à dénoncer; autant de mauvais scénaristes de réalités immersives en sourde guerre psychologique contre les citoyens et opérant par gavage mental pour détourner notre attention, ou pire, pour nous maintenir dans l’ignorance.
Très jeune déçu par le genre humain, j’ai abordé l’âge adulte avec ce désir d’être une sentinelle citoyenne aux aguets; je suis prêt à sonner l’alarme ou aligner un phare sur tout ce qui va mal. Après des années à me débattre dans l’inaction, j’ai eu la chance de rencontrer des gens qui m’ont montré, par l’exemple, qu’il était possible de changer le cours des choses. Prompt à m’indigner et à dénoncer l’inacceptable, j’ai depuis pris le pari de m’engager à agir concrètement dans ma société. Par le cinéma, en premier, ayant produit les documentaires « BAS! Au-delà du Red Light » et « Chercher le courant », puis par la prise de parole et les actions concrètes, après une curieuse suite d’événements…
À l’automne 2010, participant alors aux Auteurs du dimanche depuis plusieurs années, j’ai osé un texte de confrontation sur le thème « Rock ‘n Roll » imposé cette semaine là aux auteurs. J’y varlopais allègrement l’exceptionnalisme québécois et ce mythe récalcitrant que nous sommes un peuple « rock ‘n roll ». La réception a été plutôt bonne lors de la lecture publique au Verre Bouteille, en novembre 2010. Le texte resta inerte dans mon ordinateur jusqu’à ce qu’on m’invite, à l’été 2011, à participer au Café des Caprices, un autre cabaret, pour y lire un texte sur le thème « Vivre en ville ». Je commençai la rédaction, mais le texte était fade et presque pâteux en bouche. Cherchant une solution avant l’échéance, j’ai reconnu la parenté de mon humeur du moment avec l’ancien texte. N’ayant aucun scrupule à me phagocyter, je fusionnai les deux textes et en terminai la rédaction quelques minutes avant de le lire à une petite foule ayant bravé les pleurs de l’ouragan Irène. Encore là, excellente réception. Puis mon amie Johanne me suggéra de l’envoyer à Simon Jodoin du Voir.ca et il accepta de le publier, le 8 septembre 2011, dans la section JE PENSE QUE, sous son titre original : « Lettre ouverte aux autres humains ».
Le texte a beaucoup circulé et m’a attiré de bons commentaires, quelques briques et une menace de mort déguisée. J’ai été happé par un mini-tourbillon de médias sociaux qui s’est rapidement effacé devant un événement de plus grande importance : le mouvement mondial d’occupation. Avec l’émergence de Occupy Wall Street, et ma participation subséquente à Occupons Montréal, j’ai été témoin de l’explosion de l’indignation citoyenne sur la place publique, dans la foulée du soulèvement espagnol et du printemps arabe. Regardant au-delà du camping urbain, mon ami Guillaume Pascale et moi avons fondé le site « Quatre-vingt-dix-neuf : Après l’indignation », aidé de Patrick Audinet et d’une poignée d’auteurs et d’artistes. Notre objectif est de publier des articles qui proposent des solutions concrètes à nos problèmes de société. Je continuerai d’y écrire des éditoriaux à chaque semaine (en reprise la semaine prochaine après l’accalmie festive qui vient de se terminer).
C’est en décembre dernier, après cet automne effervescent, que Simon Jodoin m’invita à bloguer pour le Voir, et donc me voici.
Je suis mû par une certitude profonde : le Québec est à un point tournant en 2012. J’ai donc envie que ce blogue soit une tribune pour aborder à ma manière une large gamme de préoccupations :
- dépolluer le politique du corporatisme;
- redonner aux QuébécoisEs le contrôle et le bénéfice de leurs ressources naturelles;
- combattre la désinformation partout où elle se trouve;
- plaider pour un respect inconditionnel des droits humains;
- participer activement à informer et éduquer mes concitoyens.
Je partagerai mes réflexions, mes idées, mes bons coups, mais aussi mes erreurs, mes projets en cours et mêmes ceux abandonnés. Par moments, j’attaquerai les mythologies qui m’étouffent, à d’autres moments, je ferai un usage créatif de mes propres pannes, question de combattre l’inertie mentale. Quelques fois, je ferai des souhaits idéalistes et naïfs, question d’oser autre chose que le réalisme plat.
Je ne me gênerai pas pour parler d’art et de politique, et pour faire des liens entre des événements et sujets ailleurs dans le monde. J’afficherai aussi des liens vers mes autres créations : photographies, textes, entretiens radio. Je compte publier deux fois par semaine, tantôt un texte monolithique, tantôt un melting pot d’idées en ébullition.
« Vaste programme, monsieur! » pourriez-vous me dire en paraphrasant De Gaulle. Et donc… Go!
* * *
À l’occasion de l’événement « 10 ans de Guantánamo, 10 heures de prise de parole pour la liberté » organisé par Amnistie Internationale à Montréal le jeudi 12 janvier 2012, (En direct à partir de 10h sur : http://www.goodnesstv.org/live2/ ) je vous propose le texte YEUX que j’ai écrit il y a 6 ans sur le sujet (sur mon blogue ).
Aussi, si vous ne l’avez pas déjà vu, je recommande le très puissant film de Patricio Henriquez et Luc Côté sur la détention de Omar Khadr, « Vous n’aimez pas la vérité – 4 jours à Guantánamo ».
Tout ça demeure tristement d’actualité et il faut continuer de le dénoncer haut et fort.
Oui, en effet, vaste programme. C’est une discipline le blogue, une discipline olympique !
Vous êtes à suivre et je vous suivrai.
Ça donne le goût de lire la version « rock n’ roll » du texte ensuite fusionné.
À lire: l’entretien de Patricio Henriquez à propos du film:
http://www.horschamp.qc.ca/ENTRETIEN-AVEC-PATRICIO-HENRIQUEZ.html?var_recherche=henriquez