BloguesDenis McCready

L’acouphène du matin

J’ai passé un test audiométrique la semaine passée. Depuis longtemps, j’ai l’impression d’avoir un degré de surdité dans une oreille depuis des années. J’ai aussi un acouphène dans les deux oreilles. Je me suis dis cet automne que j’allais faire un examen général de ma santé. Après le nez, les grains de beauté, la rétine et la formule sanguine, l’ouïe. Viendra le ronflement et quelques autres trucs que je vous épargne. Je pense que toutes les sociétés devraient faire de même. Un bilan de santé, et un régime de remise en forme. Une infection mal soignée et on risque la maladie, une poussée de fièvre, le délire. Seul notre système immunitaire ou un bon médecin peut ensuite nous sauver. Essayons de ne pas se rendre là.

C’est angoissant de sentir l’âge avancer, de sentir le corps changer sans avoir de bilan objectif. Après tout, le cancer sévit partout, certains mangent moins que nous, d’autres beaucoup trop. On se trouve de petits bobos, on se compare, on ne sait plus trop si tout va bien ou si on n’est pas en train de décliner. Alors il faut faire un bilan. On mesure tout ça et on sait où on se place dans la normalité.

Selon le bilan de l’automne, je suis en santé. J’ai besoin de prendre de la vitamine D parce qu’il y a une historique de cancer du colon dans ma famille. Le reste va bien. Je ne suis même pas sourd. Ou à peine d’une oreille. Négligeable. Mais j’ai un acouphène. Ça c’est indéniable. Et quand le matin, je me réveille avant l’heure à cause d’un rêve interrompu ou d’un besoin de vidanger ma vessie, il me faut absolument me remettre à dormir rapidement sinon deux choses peuvent se produire : le bruit de mon acouphène me gardera  éveillé ou je me mettrai à penser à la journée qui m’attend, ou à la perte de mon rêve.

Je pense que la société québécoise a besoin d’un bilan de santé. Comme moi, elle a besoin de changer quelques chose dans son régime pour éviter le cancer qui ronger sa famille depuis si longtemps. Ce cancer c’est le colonialisme. Nous sommes en situation de colonialisme étranger pour beaucoup de nos ressources naturelles, les mines principalement. Le Plan Nord sera l’aboutissement de cette dépossession. Il faut porter une attention particulière aux intervention de plusieurs, dont l’IRIS : Des experts s’interrogent sur la viabilité du Plan Nord (Le Devoir) qui souligne que le Plan Nord sera déficitaire. Malgré ces analyses, le premier ministre du Québec est convaincu que tout va bien, ou du moins il joue le rôle de celui qui pense savoir ce qu’il nous faut pour aller bien.

«… la riposte libérale n’a pas empêché des intervenants bien au fait du dossier d’insister sur les risques que représente ce chantier industriel. Un projet lancé dans la précipitation et carrément discrédité, a même soutenu un spécialiste de la comptabilité. »

Le Devoir, Alexandre Shields   15 mars 2012  Québec

Mais comme un mauvais vendeur de malbouffe,  Jean Charest fait beaucoup de flafla, mais livre du vent, des calories vides. Son régime minier craque de partout et les indicateurs économiques révèlent que le patient n’est pas en si bonne santé qu’on le croit.

« Mais les chiffres répétés depuis mai 2011 ne constituent en rien une feuille de route, surtout lorsqu’on la présente comme un projet historique comparable aux grands chantiers de la Baie-James. «Un plan d’affaires, c’est beaucoup plus précis que ça, a insisté M. Fortin, qui a bien étudié les documents du Plan Nord. Quelles seront les retombées? On ne peut pas dire, à partir des données disponibles, si ce sera payant ou non. Et le langage des politiciens est extrêmement dangereux, parce que dans 90 % des cas, il se solde par des déficits. On n’est jamais capable d’équilibrer un budget.» »

Op.cit.

Si on veut qu’il vive longtemps, le Québec doit changer de mode de vie pour arrêter d’être une colonie dont la métropole est l’ensemble des grandes corporations. Sinon on va finir petits laquais au domaine de Sagard. Je vous cite Wikipedia sur le mot laquais : « Le sens élargi de « personne servile » (c’est-à-dire manifestant une soumission avilissante et quasi-masochiste à autrui, indigne d’un homme libre), est probablement apparu vers » le XVIIIe siècle. Nous sommes au XXIe, il serait temps de s’asservir de ce vieux système d’exploitation et redevenir, comme redise un certain, « Maitre chez nous ».

C’est pas mauvais de penser à sa journée au lit le matin, on réfléchit à l’ordre des choses, on anticipe les défis de la journée, on dédramatise les problèmes d’avance. Ça diminue l’angoisse générale, mais il faut par contre se lever debout et affronter le travail à faire. Si on ne se lève pas de son lit, on finit recroquevillé en boule, empreint à l’anxiété, retournant tous les problèmes dans tous les sens, subissant les émotions pénibles même si on ne vit pas les vrais événements, perdu dans nos couvertures de cauchemars et de sueur, la journée nous passe dessus et on n’a rien accomplis sauf que de souffrir inutilement sans changer le cour de notre vie. Une belle recette pour un cancer.

Le pire c’est donc de ne rien faire, mais ça n’aide pas les choses si on doit endurer son acouphène. Ce bruit de fond qui, dans le silence de la nuit, résonne à l’oreille et prend parfois toute la place.

En ce moment, des futurs diplômés se battent pour un principe simple : l’accessibilité à une éducation de qualité. Ce n’est pas une question de pénurie d’argent, car le gouvernement de Line Beauchamp aurait les moyens de NE PAS augmenter les frais de scolarité parce que comme le soulignait Yves-François Blanchet, député péquiste de Drummond dans son texte «Les étudiants ne valent pas un bout de route? » :

 « Le gouvernement libéral va financer à hauteur de près de 300 millions $ la construction d’un tronçon de 243 kilomètres de route allant permettre à la minière Stornoway Diamond Corporation d’extraire à son profit plus de 5 milliards $ de diamants du sous-sol québécois. En vertu des lois proposées par le gouvernement, il pourrait n’en retirer aucune royauté.»

C’est une question de principe et le gouvernement québécois ne veut pas d’une éducation accessible, il préfère payer des routes aux corporations privées qui viennent vider notre sous-sol de ses richesses non renouvelables.