BloguesDenis McCready

Plus rien à dire?

Heureux de n’avoir rien à dire. C’est une drôle d’impression, quand ça arrive. Je viens d’une famille de verbo-moteur….

Depuis un ou deux semaines, j’ai cette curieuse impression de ne plus avoir rien à dire de bien urgent. Vraiment, je me cherche un sujet de blogue, et je dérive loin de l’actualité dans mes idées de roman ou d’essais. Les mots me manquent, je sens que je me répète…

Ça fait des années que je ronge mon frein, jamais content des changements, toujours quelque chose à critiquer à voix haute, toujours une pointe à lancer dans la direction d’untel au gouvernement local, ou d’un autre tel à l’étranger, constamment en colère sourde, inquiet en permanence, parfois terrorisé par ce que nous réserve l’avenir. Pourtant, je suis d’un naturel plutôt calme, préoccupé en permanence mais pas anxieux ; une sorte de rage zen. Ça se passe en parallèle de ma vie de tous les jours. Je prends mon bol de céréale, je me demande pendant combien de temps on va endurer pareille concentration de presse au Québec. Je prend le bus, mais coincé entre deux épaules sur un banc inconfortable, je lis sur des crimes de guerre en Afghanistan. J’assiste à un concert multimédia et je réfléchis à la disparition des connaissances humaines.

Après le printemps 2011 à parcourir le Québec pour présenter « Chercher le courant », j’ai passé l’été à ronger mon frein – j’ai pété un joli plomb sur ce site* en septembre d’ailleurs, puis l’automne s’est embrasé partout autour de moi ; j’étais survolté par le mouvement d’occupation. Maintenant, avec l’arrivé de ce dégel hâtif, et le mouvement de contestation étudiante qui a culminé le 22 mars, je suis encore plus calme. Au lieu de marcher, j’ai décidé de me poster sur un balcon avec mon appareil photo et j’ai regardé la manifestation passer au complet, du premier marcheur pressé qui devançait le cortège officiel aux chevaux paresseux de la police qui fermaient la marche (voir photos en bas). Mon constat sans calcul est qu’il y avait pas mal plus de monde que lors de la manifestation contre l’invasion de l’Irak (où j’avais répété le même manège). Et ils manifestaient pour quelque chose qui les touchait directement.

Curieusement, depuis le 22 mars, je suis encore plus calme. En paix. Ça m’a pris quelques jours pour comprendre pourquoi je n’arrivais pas à me déverser en mots. C’est que je n’ai plus rien d’urgent à dire. Juste envie de dire : enfin.

Enfin. Il était temps. Il y a des gens qui en ont assez.

Puis le ministre Bachand a présenté son budget… (Insérer ici votre sacre québécois favori, dans la veine du personnage de Jessica Paré dans Mad Men.)

Appelons ça un exercice de « home staging » pour masquer le fait que la fondation de la maison est bancale et que le plafond craque… Fossoyeur du Québec. Le parti Libéral de Jean Charest est en train de devenir le fossoyeur du Québec. J’y reviens dans quelques jours…

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* : Lettre ouverte aux autres humains, paru dans la section JE PENSE QUE du Voir.ca le 8 septembre 2011.