BloguesDenis McCready

Collision avec la porte…

Collision en vélo avec la porte d’une voiture.

Le jeudi 7 juin sur le boulevard Henri-Bourassa entre Papineau et Iberville. (je ne me souviens pas de la rue exacte, vous comprendrez…)

Moi en vélo à 25 km/h (approximativement).

La voiture arrêtée et stationnée. La vélocité de la porte à l’ouverture est inconnue, mais je soupçonne qu’elle était élevée. Probablement une demi seconde de temps d’ouverture.

À 25 km/h, ça veut dire que j’ai le temps de parcourir 3,5 m entre l’ouverture de la porte et l’impact de ma main droite sur la porte toute grande ouverte. Je n’ai eu aucune chance de l’éviter. Je me repasse le film de l’incident, et je n’arrive pas à comprendre comment j’aurais pu éviter ça.

Ma première collision avec une voiture en 30 ans de vélo et il fallait que ce soit une porte.

Je déteste les portes de voiture. Ma main aussi.

Ma main qui était à ce moment entre le guidon et la porte de voiture. La main a encaissé l’impact sur la porte. Heureusement j’avais un gant. Malgré ça, j’ai deux lacérations qui demanderont sept points de sutures. Aussi deux éraflures sur le bras droit et le coude.

Le guidon a tourné violemment. La roue a tordu et j’ai été propulsé au-dessus du guidon. Vol plané.

Ma seule pensée à ce moment-là a été : le tabarnak de chauffeur!

J’ai fait une chute de judo. Cherchez sur YouTube. Imaginez maintenant de faire ça sur l’asphalte sans judogi de coton. Ajoutez un casque en prime (bravo le casque!) et un sac à dos (un outil de révolutionnaire d’extrême gauche parait-il) dans lequel mon ordinateur donnait le gros du poids.

J’ai atterri sur l’épaule gauche en premier. Au moment de vous raconter ça, je ne peux toujours pas lever mon bras au dessus de mon épaule.

Le sac a cogné sur le sol dans ma roulade, mais comme mon corps était lancé, la courroie m’est rentré dans les côtes, me fracturant une côte gauche à la hauteur du sein. Mon poumon et mon coeur se sont comprimés. J’ai poussé un râlement. Je me suis entendu dans le roulis. Un espèce de soupir râlé pendant que ma côte se fracturait vers l’intérieur et que mon poumon se faisait écraser.

L’ordinateur sur lequel je vous écrit a été sérieusement bossé, mais il semble fonctionner comme si rien n’était arrivé. Tant mieux pour lui.

Étant en roulade de judo, je me suis retrouvé debout en un éclair. J’ai pris mon vélo et je me suis tout de suite dirigé vers le trottoir. Ma chance : j’étais au devant du trafic, ayant attrapé mon feu vert juste avant une série de voitures qui avaient attrapé un feu rouge tout juste derrière moi. Sinon je ne serais probablement pas ici en train de vous écrire. Il y aurait une petite note triste écrite par quelqu’un qui ne me connait pas.
Une fois sur le trottoir, j’ai tout de suite enlevé mon casque, mon sac à dos, mes verres fumés (curieusement toujours dans mon visage!), et comme ma main me faisait horriblement mal et qu’elle saignait à travers le gant, j’ai retiré mes gants aussi, question que ce soit moins douloureux plus tard.

Je me suis étendu par terre parce que j’arrivais à peine à respirer.

Mes côtes gauches me faisaient horriblement souffrir, mon coeur et mon poumon étaient écrasés, ma respiration courte. Je me suis concentré sur ma respiration et j’ai fait un rapide tour de mon corps dans ma tête. Je n’étais pas en danger.

L’autobus dans lequel ma blonde était assise est passé juste devant moi, mais j’étais incapable de lui faire signe ou de l’appeler. Elle allait m’attendre à l’arrêt d’autobus en se demandant bien où j’étais. J’espérais qu’elle me verrait à travers la fenêtre de l’autobus.

Ah oui, j’oubliais. Le chauffeur du véhicule m’a demandé si je voulais qu’il appelle une ambulance.

J’ai dit oui, MAINTENANT!

Un passant a commencé à signaler 911 aussi. J’étais sur le dos. Rapidement un passant m’a demandé comment j’allais, puis après un temps indéterminé, un policier est arrivé. Une femme a téléphoné à ma blonde avec mon téléphone; elle a attrapé la boîte vocale. Elle a laissé un message et a remis mon téléphone dans mon sac. Le policier s’est renseigné sur mon état et comme il ne craignais pas pour moi, il est allé parler au chauffeur pour faire un rapport de l’incident.

Trois pompiers sont arrivés et m’ont rapidement immobilisé le cou dans un collet cervical, ils m’ont administré de l’oxygène et m’ont fait les tests de motricité de base (main/pieds). J’étais un peu plus calme et je respirais un peu mieux avec le masque. Puis les ambulanciers sont arrivés et les cinq ont entrepris de me mettre dans un sac gonflable, genre de civière molle en forme de momie pour immobiliser la colonne vertébrale. C’est à ce moment que ma blonde est arrivée. Vous pouvez imaginer le choc qu’elle a eu en me voyant de loin dans un tel attirail. Heureusement, les ambulanciers ont rapidement clarifié la situation et je l’ai rassuré aussi. Simple précaution. Rien de bien grave à première vue. Petit tour d’ambulance. 4h à l’urgence. Visite de mon frère et de ma soeur, visiblement rassurés de me voir. De multiples radiographies, examen complet. Diagnostic. Prescription. Congé. Retour à la maison avec ma blonde. Beau jeudi soir. On venait d’acheter nos plants de poivrons et on prévoyait prendre la soirée relax.

J’ai beau cherché dans ma mémoire, je me rappelle d’arriver derrière la voiture, genre de petit 4 x 4, et d’être dans un ligne pas trop proche mais pas assez loin. Est-ce que j’étais dans la lune 1/2 seconde ou pas? Le choc de l’impact a un peu brouillé ma mémoire, mais une chose est claire :

  • Il n’a jamais regardé.
  • Il a ouvert sa porte à pleine vitesse.
  • Il était parfaitement synchronisé avec mon passage.

À quelle distance plus vers la rue aurais-je du être pour m’en sortir indemne?  Environ 15 cm.

En résumé, en 1/2 seconde, un chauffeur qui n’a pas pris le temps de regarder dans son angle mort a ouvert sa porte dans mon chemin et je n’ai pas eu le temps de m’écarter de 15 cm.

Je m’en tire avec :

  • 1 côte cassée,
  • 1 épaule amochée,
  • 1 main lacérée (7 points de sutures),
  • la roue et la fourche de vélo foutues,
  • le casque et les gants de vélo foutus,
  • un chandail d’un tournage de film irremplaçable coupé en deux (collet cervical oblige),
  • un ordinateur bossé à plusieurs endroits, il fonctionne encore (pour combien de temps?),
  • 50$ de taxi et de médicaments,
  • deux journée de travail perdues à récupérer à la maison.

Le chauffeur est rentré chez-lui tranquillement après. Je ne sais même pas s’il a eu une contravention. Je ne connais pas son nom, ni ses coordonnées, ni même la marque de sa voiture. Pour avoir les détails de l’incident, j’ai du faire une demande par la poste aux archives du SPVM et payer 14:50$. J’aurai le rapport d’incident dans 20 jours environ.

Autre détail : comme le véhicule était arrêté, je ne suis pas couvert par la SAAQ. Je dois donc convenir d’une entente à l’amiable avec le chauffeur ou le poursuivre aux petites créances. Charment.

Si vous avez été témoin de cet accident, SVP contactez-moi.

Si vous conduisez une voiture, SVP prenez le temps de vérifier votre angle mort avant d’ouvrir votre portière.

Si vous conduisez un vélo, SVP portez un casque et adoptez une conduite défensive.

En 2010, une personne est morte dans Outremont dans des circonstances semblables aux miennes. Je survivrai à cet accident, mais cette mort dans Outremont aurait pu être évitée.