Depuis 2007, Facebook m’a rendu de fiers services. J’y ai fait la promotion des trois films que j’ai produit (BAS! Beyond the Red Light, Chercher le courant, MTL PUNK : La première vague), des causes que j’ai défendues ou combattues comme l’emprisonnement de Mehrnoushe Solouki en Iran, le projet hydro-électrique de la Romaine, Occupons Montréal et même une certaine Lettre ouverte aux autres humains parue le 8 septembre 2011 et qui a beaucoup fait jaser dans les médis sociaux.
J’y ai retrouvé de vieux amis, j’en ai fait de nouveau – des vrais amis et des amis FB – j’ai argumenté fort avec des gens intelligents, d’autres moments j’ai perdu mon temps avec de parfaits imbéciles.
Du bon, du mauvais, beaucoup de temps passé à lire les autres, à m’exprimer sur ma boîte de savon virtuelle (virtual soapbox), beaucoup de bruits de fond aussi, de neige de TV pas de postes, un peu de haine, un peu plus d’amour. J’y ai rencontré ma future épouse ; ce n’est pas rien.
Facebook est le site qu’on aime détester, comme des vétérans qui reparlent de leur guerre, ou des anciens collègues de télé qui ressassent leurs passages à MusiquePlus. On y est bien, on y est mal. Ça fait partie de la vie.
Loin du théâtral départ que j’ai parfois mis en scène – très comique en y repensant, la version électronique d’une sortie par la porte côté jardin que j’empruntais en criant « Adieu » pour réapparaître côté cour quelques minutes plus tard, je pense plutôt à un long fondu au noir. Il faut reconnaître les limites de l’outil FB et savoir quand le mettre sur l’établi pour en prendre un autre.
Après les élections du 4 septembre 2012 et à l’anniversaire de ma lettre ouverte, le moment est venu de choisir un autre outil.
J’ai envie de privilégier ce blogue sur Voir.ca, il a la modeste qualité de convertir les lecteur en petites sommes d’argent – c’est symbolique mais ça me plait. Il est aussi un lieu d’échange (via les commentaires) et il est plus facile à contrôler.
Un jour je me pencherai sur l’aspect inquiétant de Facebook (déjà souligné par un observateur en 2005! Big Brother with a smile – si on oublie le ton « conspirationniste » de ce texte, il n’en demeure qu’il souligne un aspect clé : le questionnaire d’opinion est depuis la 2e guerre mondiale l’outil de choix pour sonder l’opinion publique et la manipuler – Facebook est la version la plus complète et globale à ce jour – j’y reviendrai cet automne… ), mais en attendant je vais garder le lien promotionnel pour y annoncer les nouveautés de ce blogue. On verra plus tard si FB peut servir.
Un an après ma lettre du 8 septembre, beaucoup de chemin a été parcouru depuis mon ras-le-bol public. Ça me rassure de sentir que le Québec s’est réveillé. Enfin.
C’était mon souhait le plus cher, mais il reste beaucoup à faire. J’invite donc mes concitoyens à persévérer.
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Dans quelques jours j’afficherai mes idées pour la suite de ce blogue, ça me fera plaisir de recevoir vos commentaires et suggestions.
Bonjour monsieur McCready,
Je viens de lire votre Lettre ouverte aux autres humains, oubliant qu’elle avait été écrite il y a un an. Il est fort probable que vous pourriez la faire relire dans deux ans sans qu’elle perde de sa vérité. Je ne suis pas fan de Facebook même si j’y suis inscrite, encore moins Tweeter où je n’arriverai jamais à exprimer ma pensée en si peu de caractères. Depuis peu, je viens lire ici des articles et des commentaires qui m’en apprennent beaucoup. Mais c’est surtout en lisant et écrivant des commentaires sur le site de Radio-Canada que je me fais une petite idée de l’évolution de la pensée politique et économique des citoyens. Je sais que c’est imparfait puisque ceux qui lisent les nouvelles et les commentent ne regroupent pas tous les groupes sociaux. J’y rencontre tout de même des gens sûrement un peu politisés, il me semble. J’ai découvert une réalité à laquelle je ne m’attendais pas du tout : beaucoup de francophones ne tiennent pas à leur langue tant que ça, ils voient un référendum comme une catastrophe.. je suis déçue.
La période des élections a été très éclairante : le centre droit est pas mal plus populaire que le centre gauche. le PQ a été élu de justesse minoritaire. On aurait pu retrouver le même parti au pouvoir . Et tout ça parce qu’un référendum leur a semblé plus dangereux que la corruption. Je suis nettement découragée de ce constat.
Vous sentez que le Québec s’est réveillé. Sûrement une partie . Mais il y en a trop qui dorment profondément encore . Je vais vous suivre pour être certaine que ça ne m’arrivera pas. 🙂
Probablement qu’ils ne se sentent pas menacés. Point. Je suis parfaitement bilingue et jamais mon « anglais » ne m’a fait sentir comme moins « francophone ». La langue est comme une bougie, si on allume une autre bougie dans son cerveau, on ne perd pas la première, on se retrouve avec deux sources de lumière pour éclairer les ténèbres.
Personnellement, je pense qu’il est grand temps de séparer autonomie politique et langue. L’affirmation des francophones du Québec était nécessaire – un peuple était opprimé par une minorité pour la simple raison qu’il parlait français et il s’est levé et a dit : c’est assez.
Maintenant, la majorité francophone ne vit plus cette oppression, au pire y a-t-il des conflits interpersonnels, mais on ne va pas lancer un référendum juste parce que quelques impolis ont « mal parlé » à quelques « facilement insultables » ou qu’une serveuse du centre-ville ne comprend pas la français parce qu’elle débarque de Vancouver ou New York pour étudier à McGill. Beaucoup de gens à la colère inexpliquée tentent quotidiennement de nous convaincre que les francophones sont opprimés au Québec. C’est faux. À moins d’avoir un problème s’estime de soi, personne né dans les années 60 n’a honte de parler français et ce n’est pas une fonctionnaire de carrière nouvellement élue qui va nous en convaincre.
Les dérives identitaires des nationalistes perpétuent un clivage entre les peuples de langues différentes en tentant d’exacerber les sentiments d’appartenance, faux sentiments puisque nous avons bien plus en commun que de différences. Hier les « Anglais », demain les « allophones » et quoi ensuite, les « ceux qui parlent moins bien que les autres », ceux qui votent du mauvais bord? Le PQ a proposé une nationalité à géométrie variable basée sur la maîtrise du français ; je suis certain qu’à ce compte là, beaucoup de « souches » échoueraient et perdraient leur « nationalité », ils ont donc ajouté que les gens natifs n’auraient pas à passer ce test – bref tout le monde vivant actuellement au Québec sauf les 40 000 immigrants qui arriveront l’an prochain. Bref, une simple question de contrôle de l’entrée des immigrants – une mesure tout à fait acceptable parce que nous ne sommes pas un Costco, mais une province dans un pays souverain – que le PQ a tenté de transformer en question nationale identitaire. Bancal, maladroit et stupide. Je n’ai rien contre les restrictions à l’immigration basée sur la langue, la santé de ses gencives, la capacité de jongler ou la profondeur de son compte en banque, mais j’en ai contre les tentatives de créer deux classes de citoyens chez ceux qui sont résidents, citoyens et natifs de ce coin de pays.
La seule définition légale d’un Québécois c’est de résider au Québec depuis plus de 6 mois et de payer ses impôts qu Québec. Nous sommes tous des immigrants – sauf les Premières Nations – et ce qui change c’est notre date d’arrivée.
Les enjeux au Québec sont énormes, mais la plupart est de compétence provinciale et donc ce n’est pas en poursuivant un référendum sur des bases identitaires et linguistiques qu’on y arrivera.
Avec la destruction actuelle du Canada que Stephen Harper préside, notre lien avec la fédération s’atténue chaque jour. Peut-être qu’un jour il y aura un référendum pour des raisons strictement politiques et économiques. On en parlera à ce moment là. En attendant, persévérons.
Voilà pourquoi je suis venue vous lire et vous écrire : pour avoir un son de cloche qui me permet de voir autrement le problème que nous vivons au Québec . Vous avez raison, que nous soyons francophones , anglophones ou allophones, nous somme tous des Québécois qui auraient intérêt à participer à un référendum pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la langue. Parce que la direction que donne Harper au Canada nuit à nous tous , quelque soit notre langue, ça n’a rien à voir…
Par contre, j’aimerais infiniment que tous ceux qui arrivent ici apprennent le français, ce qui n’empêche pas de maîtriser d’autres langues…Le Québec est la seule province majoritairement francophone. Que nous le voulions ou non, cette particularité nous définit différemment des autres provinces. Il me semble que nous avons à protéger cette langue sans pour autant déranger à ce point ceux qui ne croit pas à son importance. Quelques lois dans ce sens sont donc nécessaires.
Je retiens quand même votre point de vue . Ce serait intéressant qu’un parti prône une séparation à cause de raisons économiques et politiques. Dommage que le PQ ne raisonne pas assez dans ce sens….