Le Devoir publie aujourd’hui un article intitulé « Libre-échange Canada-UE – Johnson devra s’expliquer une autre fois ». Dans cet article, Jean-François Lisée, ministre des Relations internationales et du Commerce extérieur, souligne que l’adhésion du Québec à l’Accord économique commercial Global Canada-Europe (AÉCG) « n’est pas acquise. »
Je publie aujourd’hui une synthèse écrite par Malorie Gosselin, qui avait précédemment écrit « Tout est sur la table » et « La souveraineté économique du Québec est menacée » sur le même sujet.
– Denis McCready
Eaux troubles, de Malorie Gosselin
Contrairement à l’ALÉNA, qui avait été un enjeu d’élections à l’époque, l’AÉCG est négociée en sourdine par un représentant nommé « dans l’intérêt des Québécois » un point c’est tout.
Déficit démocratique
Amir Khadir, député pour Québec Solidaire, soulève la question de la légitimité démocratique de cet accord éventuel. Si Pierre-Marc Johnson affirme avoir consulté un grand nombre d’acteurs du commerce international, des gens d’affaires et des industriels particulièrement (la liste exacte des gens consultés n’a pas été rendue publique malgré une requête de l’opposition), et qu’il est certes compréhensible que les négociations soient tenues secrètes pour éviter des effets spéculatifs, Amir Khadir rappelle que ce projet d’ouvrir les marchés publics et de faire du libre-échange avec l’Europe n’a jamais été inscrit au programme électoral de celui qui en a fait la promotion en premier, Jean Charest (nous précisons que l’accord a été inclus au plan économique du Parti libéral présenté avant les dernières élections).
Ce projet n’a non plus jamais fait l’objet de débat parlementaire. Ainsi, à aucun moment les électeurs n’ont pu s’informer et s’exprimer en faveur ou non de l’ouverture des marchés publics et du libre-échange en général. Qui plus est le milieu des affaires a été consulté de manière non officielle en amont, certes, mais «pas suffisamment», de l’opinion de Christian Deblock, professeur au département de sciences politiques de l’Université du Québec à Montréal et chercheur au Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM).
Rhétorique
Comme le ministre conservateur Ed Fast, qui a affirmé que « le libre-échange est l’eau de vie de l’économie canadienne », le négociateur québécois nommé par Jean Charest ne cache pas son attachement aux vertus de l’économie de marché. Il est favorable à l’ouverture des marchés publics. Il a affirmé à plusieurs reprises qu‘elle « vise à donner des meilleurs prix aux institutions qui achètent, à rendre visibles ces prix et à réduire les occasions de collusion entre les pouvoirs publics et les pouvoirs privés ».
Cette rhétorique a été mise en doute par de nombreux groupes et auteurs, dont des chercheurs de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC), des membres de l’Association québécoise pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (ATTAQ-Québec) et du Council of Canadians.
Selon ces auteurs, une plus grande compétition entraine certes « théoriquement » des prix plus bas, mais pas systématiquement. « Si l’écart de prix est minime, mais que la création d’emploi est importante, il faut voir de quel montant de taxes et d’impôts se prive le gouvernement en octroyant le contrat à une entreprise étrangère », explique l’IREC. Les autres arguments – la transparence, la lutte contre la corruption, etc. – ne seraient pas non plus valables puisque ces objectifs peuvent être atteints sans libéraliser les marchés publics.
Tous n’ont pas le même engouement que Jean Charest et le gouvernement conservateur de Stephen Harper pour l’AÉCG. Le ministre de l’Entrepreneuriat, de la Formation professionnelle et du Commerce du Manitoba a avoué dernièrement être très ennuyé par ce projet d’accord. Il a expliqué que c’est expressément dans l’optique de protéger les intérêts de sa province qu’il a accepté de faire partie des négociations. Mais que, pour avoir le droit d’être présent à ces tables, il a dû signer un accord de confidentialité avec le gouvernement fédéral. L’article publié par l’organisation Council of Canadians est intitulé « Provincial government muzzled » (Traduction libre : Le gouvernement provincial muselé).
Apparence de conflit d’intérêt
Les Québécois doivent, eux, s’en remettre à un négociateur nommé par un parti qui n’est plus au pouvoir et dont l’objectivité a été mise en doute. En effet, Amir Kadhir ajoute à ces allégations d’illégitimité démocratique, la question d’apparence de conflit d’intérêt.
C’est que le représentant des intérêts québécois est avocat principal pour la firme Heenan Blaikie, dont une partie du cabinet se spécialise dans le commerce international. « Toute libéralisation des échanges et du commerce entre l’Europe et le Canada profite directement à la firme dont les services sont nécessaires à toutes ces corporations ayant besoin d’avis et d’assistance dans leur soumission, investissement et partenariat d’affaires », avance Amir Khadir.
Pierre-Marc Johnson est aussi membre du Comité de Prospective, instance centrale de l’Institut Véolia Environnement. Bien qu’indépendante, cette association à but non lucratif, qui démontre toutes les caractéristique d’un Think tank, a été créée en septembre 2001 par la Direction de Véolia Environnement, une géante française se spécialisant dans les services publics : l´eau, le gaz, l’électricité, le traitement des ordures, le chauffage urbain, le nettoyage municipal, les transports en commun, les services sanitaires…
Collusion
La filiale québécoise de Véolia Environnement justement – très présente à Montréal, puisqu’elle aurait à l’heure actuelle dix contrats avec la ville pour une somme totale de 2,9 millions – aurait été le « chef d’orchestre » d’une entourloupette, sauce collusion. Un article du Devoir de novembre 2011 explique que plusieurs entreprises, dont Véolia, ont été accusées d’avoir secrètement coordonné leurs soumissions, déterminant à l’avance qui obtiendrait les contrats pour nettoyer et entretenir les égouts gouvernementaux et municipaux. Mais, coup de maître ! Véolia serait à l’abri de toute poursuite criminelle étant donné qu’elle a dénoncé la situation au Bureau de la concurrence du Canada et fourni les preuves nécessaires au trucage des offres. Le géant français pourrait donc bénéficier du programme d’immunité prévu pour les dénonciateurs coupables de collusion, en même temps que d’avoir le champ libre pour les prochains appels d’offres publics si ses adversaires devaient, eux, être reconnus coupables.
Pierre-Marc Johnson s’est dit indigné qu’Amir Khadir tente de le discréditer et demande que le négociateur donne sa démission. « C’est une absurdité. C’est une totale absurdité », s’est exclamé, manifestement irrité, l’ancien premier ministre du Québec en entretien téléphonique au Devoir en décembre 2011. « C’est jouer facilement avec l’intégrité des gens, que de faire cela. Je n’accepte pas cela, surtout venant d’un député. Il arrive, de temps en temps, que les gens oublient de réfléchir avant d’ouvrir la bouche, mais d’un député, on s’attend à mieux que cela. »
Déontologie
Ces allégations de conflit d’intérêt ne sont cependant pas si « absurdes » en regard d’un document produit par le ministère du Conseil exécutif du Québec qui traite des devoirs des employés de la fonction publique en matière d’éthique et des valeurs qui doivent les animer dans la réalisation de leur mission d’intérêt public. Le document décrit, entre autres, l’obligation pour un employé de la fonction publique d’éviter tout conflit d’intérêts : « il suffit, pour qu’il y ait conflit d’intérêts, d’une situation de conflit potentiel, d’une possibilité réelle, fondée sur des liens logiques, que l’intérêt personnel, qu’il soit pécuniaire ou moral, soit préféré à l’intérêt public. Il n’est donc pas nécessaire que le fonctionnaire ait réellement profité de sa charge pour servir ses intérêts ou qu’il ait contrevenu aux intérêts de l’administration publique. Le risque que cela se produise est suffisant puisqu’il peut mettre en cause la crédibilité de l’administration publique. »
Pierre-Marc Johnson a refusé de répondre pourquoi ces liens avec Véolia et Heenan Blaikie n’entraient pas dans cette situation de conflit potentiel décrite par le Ministère. Tout comme il a refusé de dire s’il croyait que le gouvernement de Jean Charest aurait eu avantage à soumettre le projet de l’ouverture des marchés publics aux Européens à l’Assemblée nationale avant de commencer les négociations.
Le processus de consultation américain.
Le processus de négociations commerciales au Canada est moins structuré qu’il ne l’est aux États-Unis, explique Christian Deblock, professeur au département de sciences politiques de l’Université du Québec à Montréal et chercheur au Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation (CEIM). Traditionnellement au Canada, tout ce qui est «affaires étrangères», «négociations commerciales», etc, relève du Conseil des ministres. Et d’une certaine façon, quand le parlement est consulté, il n’a pas le même intérêt que peut avoir le Congrès aux Etats-Unis : c’est comme si le parlement canadien acceptait que c’était un domaine qui était réservé au Conseil des ministres. Les milieux d’affaires sont consultés certes, mais plutôt de manière non officielle. Celui qui a un gros lobby risque de se faire plus entendre, mais c’est à peu près tout. Au Canada, on commence à peine à avoir des débats là-dessus.
En 1974, le Congrès américain a instauré le «advisory committee system» dans le but de s’assurer que les politiques et les objectifs du libre-échange reflètent adéquatement les intérêts du public et du privé. Ce système comprend 28 différents comités, lesquels regroupent un total de 700 membres-conseillers environ. Ces comités sont sous la direction l’Intergovernment Affairs and Engagement (IAPE), lequel coopère avec d’autres agences, telle que l’Environmental Protection Agency. Il s’assure aussi de recueillir et transmettre les positions des gouverneurs, de la législature et des associations concernées dans chacun des états.
En ce sens, la démarche américaine est beaucoup plus démocratique qu’au Canada. C’est le congrès qui donne le mandat de négocier pour une période de temps donné. Il suit aussi de près les négociations, et en bout de ligne approuve ou non les accords signés. Et tout au long de ce processus, des comités suivent les différents dossiers, les surveillent. Des groupes structurés, provenant de milieux d’affaires et syndicaux, sont aussi consultés de manière permanente du début à la fin des négociations
C’est un processus très structuré et très lourd aussi, mais certainement plus transparent que celui du Canada, de l’avis de Christian Deblock.
LIENS ET RÉFÉRENCES :
1 – Jean-François Nadeau, «Comment Jean Charest a conquis l’Europe», L’Actualité 34. 17 (1 Novembre 2009), pages 30 à 33, 35 à 37.
2 – http://www.huffingtonpost.ca/maude-barlow/ceta_b_1021782.html
3 – Source: Étude des crédits du MDEIE, 24 avril 2012, échange entre Sam Hamad et Louise Beaudoin, http://www.youtube.com/watch?v=OqBntswGPi8&feature=youtu.be
4 – Mythes et réalités… : http://www.international.gc.ca/trade-agreements-accords-commerciaux/agr-acc/eu-ue/myths-mythes.aspx?lang=fra&view=d#onze
5 – Témoignage de Ed Fast au Comité permanent sur le commerce international, 41e legislature, 1ere session, le 15 mars 2012, http://www.parl.gc.ca/HousePublications/Publication.aspx?DocId=5450972&Mode=1&Language=F
6 – «Accord économique et commercial global Canada-Europe : quelles conséquences pour le Québec?», par Alexandre L. Maltais de l’IREC, paru en janvier 2011, p.29, http://www.irec.net/upload/File/aecg.pdf
7 – «Provincial government muzzled», par le Council of Canadians, paru le 15 juin 2012 http://www.canadianswinnipeg.org/apps/blog/show/16242393-provincial-government-muzzled#.T99DqnVCBkA.twitter
10 – « L’éthique dans la fonction publique québécoise », http://www.mce.gouv.qc.ca/publications/ethique.pdf
============================================
Voici d’autres documents qui ont été consultés :
LES DOCUMENTS DÉPOSÉS PAR AMIR KADHIR À LA COMMISSION DES INSTITUTIONS DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE: http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/CI/mandats/Mandat-16927/documents-deposes.html
COMMUNIQUÉ NOMINATION DE PIERRE-MARC JOHNSON:http://www.premier-ministre.gouv.qc.ca/actualites/communiques/2009/mai/2009-05-06.asp
POUR UNE REVUE DE PRESSE SUR LES NÉGOCIATIONS:https://europe.umontreal.ca/pages/viewpage.action?pageId=7897263#Étatdesnégociations-rp1
VIDÉO DE L’AUDITION DE PIERRE-MARC JOHSON DEVANT LA COMMISSION DES INSTITTUITONS LE 8 DÉCEMBRE 2011 :http://www.assnat.qc.ca/fr/video-audio/AudioVideo-38837.html?support=video
«Des offres inquiétantes», Évaluation de l’IREC #2 (après le dévoilement de documents secrets en janvier 2012): http://www.irec.net/upload/File/noteintervention12janvier2012.pdf
Site d’une association dénonçant les négociations, avec liens intéressants :http://www.quebec.attac.org/spip.php?article796
Pas commode, tout ça…
À lire vos récentes (et longues) interventions en collaboration, Monsieur McCready, j’y décèle comme un peu du syndrome qu’illustre le dicton voulant qu’un chat ayant été ébouillanté par le passé craigne à présent même l’eau froide. À la différence néanmoins notoire que «votre chat» semblerait déjà très précautionneusement craindre l’eau froide avant même un quelconque ébouillantage…
Un petit air de cet autre adage populaire affirmant que dans le doute, vaut mieux s’abstenir.
Avec en bout de ligne cette assez inconfortable impression que «votre chat» préfère de loin se pelotonner en ronronnant au coin du feu, à l’abri du climat, puisque l’on ne sait jamais à l’avance tout ce qui guette (ou peut guetter) le félin téméraire qui se risque à l’extérieur.
Mais «votre chat» a peut-être absolument raison de préférer se blottir au pied de l’âtre plutôt que de partir à l’aventure. Car, tout compte fait, on ne sait trop pas à qui l’on a vraiment affaire, n’est-ce pas?
Ce qui m’amène enfin à mon «Pas commode, tout ça…» par lequel je débutais ma présente intervention. Autant je ne saurais juger de la probité de toutes les parties s’impliquant dans l’accord au sujet duquel vous émettez de sévères réserves, autant je ne peux apprécier pour ce qu’elles sont ces réserves de votre part.
Et pourquoi?
Surtout parce que je ne sais pas quelles sont vos qualifications, à vous ainsi qu’à votre collaboratrice Madame Malorie Gosselin, pour aborder en toute connaissance de cause le sujet sur lequel vous planchez tous deux depuis un moment.
Et, au delà aussi de ces qualifications, j’ignore par ailleurs où vous logez effectivement. À quelles idéologies adhérez-vous, le cas échéant?
Donc, une fois mis au parfum de ce qui sous-tend fondamentalement vos visions du monde et des échanges internationaux, vos opinions se clarifiant alors car placées dans leur contexte propre, il pourrait s’avérer non pas facile mais à tout le moins pas aussi ardu que maintenant de pouvoir enfin apprécier à son véritable mérite votre actuel chapelet de billets liés.
Ce qui vaut fort probablement non seulement pour moi, mais également pour tout le monde s’intéressant à vos textes exigeant réflexion.
Merci.
M. Perrier,
Un point et une réponse à vos questions :
Tout accord de cet importance devrait être négocié en public et avec la participation active des élus provinciaux. Le secret commercial est l’excuse de choix pour les corporations qui refusent de se faire restreindre leurs actions par les citoyens. Les exemples abondent.
« Surtout parce que je ne sais pas quelles sont vos qualifications, à vous ainsi qu’à votre collaboratrice Madame Malorie Gosselin, pour aborder en toute connaissance de cause le sujet sur lequel vous planchez tous deux depuis un moment. »
Nous sommes de simples citoyens – c’est une compétence suffisante pour s’informer, réfléchir et partager nos idées et préoccupations. Vous avez un problème avec ça? Je sens un agacement. SVP me donner plus de détails là-dessus.
Malorie Gosselin a étudié le journalisme, moi pas. La lecture de ma bio pourrait vous éclairer plus rapidement. Nous avons décidé de coopérer sur ce sujet parce que c’est important pour le Québec et très peu de média en parlent.
« À quelles idéologies adhérez-vous, le cas échéant? »
La tentation est grande de vous répondre avec une fanfaronnade, parce que franchement ça n’a aucune importance – vraiment – mais je vais vous donner une réponse plus claire, simplement parce que ce blogue est aussi un exercice d’échange. Le 8 septembre 2011, une « Lettre ouverte aux autres humains » que j’ai publié sur le Voir a créé une certaine vague dans les réseaux sociaux. C’était avant le rapport Duchesneau, avant Occupons Montréal, avant le printemps érable. En réponse à un commentaire, j’ai répondu : « Je ne suis pas membre d’un groupe ou d’un parti politique, je ne suis pas souverainiste ou fédéraliste, je suis ni de gauche, ni de droite, bien au contraire (Merci Coluche!) ». c’est encore vrai. J’ajouterais, je ne suis pas anti-développement économique, je suis pour le développement durable du bien commun afin qu’il bénéficie au plus grand nombre de citoyens. Les mythes et mensonges économiques font parti du problème actuel ; l’actuel débat sur la fiscalité au Québec en est un bon exemple. Du terrorisme économique pour tenter de préserver par la peur les privilèges obtenus par les mieux nantis au fil des ans et qui ont appauvri l’État.
Merci pour votre réponse parfaitement courtoise, Monsieur McCready. Même si, comme vous l’avez vous-même exprimé, un petit «agacement» (au demeurant bien compréhensible) point légèrement…
Mais vous êtes très correct. Et puis un échange cordial et respectueux vaut toujours beaucoup mieux que des quolibets ou des rebuffades gluantes de superficialité.
Sans vous déballer mon CV complet, car cela n’aurait guère de pertinence, permettez toutefois que j’en signale quelques éléments qui pourront possiblement vous aider à mieux me situer.
Ainsi, le touche-à-beaucoup que je suis vient récemment de se taper la soixantaine. Ce qui me déplait énormément… Je me considère depuis toujours comme un «artiste» d’abord et avant tout. Auteur-compositeur-interprète et multi-instrumentiste. Avec quelques centaines de compositions à mon répertoire, plus nombre d’autres écrites en collaboration.
Avec un ami dessinateur, j’ai écrit quelques scénarios de BD. Et puis, il y a toutes ces nouvelles qui s’accumulent dont j’espère bien un jour publier un recueil. Voilà en gros le côté artistique.
Et puis, il y a eu le côté «carrière-obligée» – puisqu’il faut bien vivre, n’est-ce pas? Alors, une trentaine d’années dans le domaine des assurances de personnes lors desquelles j’ai tenu dans diverses publications financières ou spécialisées des chroniques (plus de 500 chroniques et articles). Sans oublier un livre à la demande expresse des Publications Transcontinental inc. Et enfin, je mentionnerai que j’ai animé mes émissions-radio pendant un moment sur le sujet.
Voilà qui me situe un peu.
Maintenant, mon parcours de vie ayant été ce qu’il a été, et c’est précisément ici qu’est le point essentiel relatif aux «qualifications» dont j’ai fait état dans mon commentaire, j’estime être en mesure – comme tout citoyen – de constater divers problèmes. Par exemple, les fameux nids-de-poule. Ou encore le fait que nos viaducs paraissent avoir de sévères failles structurelles.
Par contre, je sais que je ne suis aucunement qualifié pour suggérer comment s’y prendre pour faire mieux à l’égard de plein d’irritants, ou tout simplement de trucs ne relevant pas du tout de ma compétence. Au mieux, je peux constater et signaler une perception. Exprimer une préoccupation, fondée ou pas.
J’ai bien compris que la question dont vous nous entretenez vous tarabuste. Et de bien vouloir partager avec nous vos inquiétudes vous honore. Mais… si votre «expertise» en la matière ne peut venir appuyer inquiétudes et sombres présomptions que vous pourriez entretenir, où cela nous conduit-il vraiment?
Je vous prie de croire que très loin de ma pensée pourrait se trouver l’idée de dénigrer vos efforts de sensibilisation. Au contraire, votre souci altruiste est admirable. Mais ne vaudrait-il pas mieux, pour nous tous, de toujours veiller à nous en tenir à la limite de notre bagage de connaissances factuelles?
Je sais que ce n’est souvent pas facile. Que l’envie de dénoncer peut aisément l’emporter sur une certaine retenue. Il m’arrive aussi d’outrepasser… Et je regrette mon impétuosité très tôt par la suite.
Bon, je vous ai retenu beaucoup trop longtemps. Vous avez certainement mieux à faire – tout comme moi, d’ailleurs.
Alors là-dessus, bonne fin de journée Monsieur McCready.
Et un gros merci pour votre patience…
@claude
claude, denis est un consommateur d’eau. ce qui lui donne toute la légitimité requise pour se questionner sur la gestion de l’eau, et de questionner ceux qui s’arrogent le droit de transiger cette eau.
toi aussi claude tu peux demander des comptes au gouvernement sur ce sujet. oui oui. tu as bu un verre d’eau ce matin? tu comptes en boire un autre d’ici demain? bon et bien moi qui suis un expert en logique, je suis en mesure de confirmer ta compétence au sujet de ton besoin en eau.
bon, maintenant claude, une question. parmi tes multiples intérêts, peut-on trouver la discussion constructive? si oui, répond aux questions soulevées par denis dans son article. si non, continue comme ça.
M. Perrier,
Au départ je tiens à dire que je suis content de lire votre réponse, un de mes souhaits est que les échanges faits ici soient tempérés dans leur ton, mais pas dans leur intensité. Ma seule limite est mon intérêt. Je laisse aux autres blogueurs leurs champs d’intérêts spécifiques, exotiques ou révolutionnaires, j’ai les miens, ils sont simples et précis. Je me prépare à explorer la fiction sur ce blogue, ça me changera un peu d’air.
À votre phrase « Au contraire, votre souci altruiste est admirable. Mais ne vaudrait-il pas mieux, pour nous tous, de toujours veiller à nous en tenir à la limite de notre bagage de connaissances factuelles? »
Je réponds : Donc essentiellement, je devrais m’en tenir à ce que je sais et ne pas essayer d’augmenter ma connaissance? Euh… Non.
Dans ce dossier, Maude Barlow et le Council of Canadians devraient-ils faire de même? J’imagine que vous avez remarqué la liste de documents consultés par Malorie Gosselin… Avec votre joliment articulée suggestion, n’y a-t-il pas un risque de devenir de petits moutons gentils gérés par les plus rapaces? Quand quelqu’un me dit que je ne devrais pas poser telle ou telle question, je deviens suspect et je me demande pourquoi cette personne veut que je garde le silence. C’est un peu primitif comme réaction psychologique, mais habituellement ça révèle quelque chose chez la personne. Avez-vous peur que je me ridiculise ou que je perde mon temps?
Ce site est d’accès public, vous avez lu les articles (j’imagine) et ça vous dérange que des citoyens informés s’expriment avec un message simple : il doit y avoir plus de transparence parce que ces accords vont affecter la souveraineté économique du Québec. Alors que l’ALENA a été discuté dans les média pendant des mois, que les textes circulaient et que c’est devenu un enjeu électoral au Canada, cet accord avec l’Europe est négocié en silence par quelqu’un qui a fait un piètre travail (puisqu’on n’en sait que ce qui a été coulé dans les média). La servilité de PM Johnson à son précédent employeur est prévisible, mais elle nous nuit. J’ai bien hâte de le voir avec son nouvel employeur. Et si tout est exposé, discuté et qu’il n’y a rien à redire, alors tout ira bien pour nous, mais le contraire pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour notre souveraineté économique et le principe de précaution devrait s’appliquer. Soyons prudents, pas paranoïaques.
Je reviens sur cette phrase « … ne vaudrait-il pas mieux, pour nous tous, de toujours veiller à nous en tenir à la limite de notre bagage de connaissances factuelles? »
Vous dites simplement que nous avons outrepassé nos compétences.
Si j’applique ça, devrais-je observer les faits, y trouver une zone d’ombre qui pourrait être éclaircie parce qu’il y a risque que les citoyens soient flouées MAIS ne rien dire parce que je ne suis pas économiste?
Non. Au contraire. Je laisse les détails aux technocrates et autres experts, mais les enjeux de fonds, les questions fondamentales doivent être débattues par tous et toutes. Même imparfaits, même maladroits, ces petits pas nous servent tous.
Vous vous souvenez peut-être qu’au moment de proposer la nationalisation de l’électricité en 1962, l’équipe Lesage-Lévesque se faisait répondre que le Québec était incompétent en la matière, que nous ne saurions pas faire, qu’il fallait laisser ça entre les mains des corporations privées et étrangères… Ça ne vous dit pas quelque chose – mines, gaz de schiste, pétrole? Vous voyez où je veux en venir.
Ceci dit, je choisis mes batailles. Il y a plusieurs années, je prenais ouvertement position dans le conflit Palestine-Israël, ou sur d’autres sujets internationaux ; maintenant je me tais. J’ai bien des opinions sur divers sujets internationaux, mais je n’en connais pas assez sur ces sujets et la plupart ne nous regarde pas parce qu’ils ne nous affectent pas directement et je ne pourrais pas agir dans ces dossiers. Depuis plusieurs années j’ai décidé de me concentrer sur mon environnement immédiat : ma ville, ma province, mon pays. J’ai produit « Chercher le courant » dans cet esprit. Ces articles sont publiés dans cet esprit. Je n’ai que faire de la guerre civile en Syrie – c’est d’une tristesse inouïe – mais la plupart des média ne mentionnent pas l’influence de l’Arabie Saoudite (lire Robert Fisk), les Québécois n’ont diplomatiquement aucun poids et le Canada est devenu sous Harper une marionnette de Israël. Il faudra aborder ça un jour, mais pas aujorud’hui. Quand on s’ennuie de PE Trudeau, c’est qu’il y a quelque chose de pourri dans le Dominion de sa Majesté…
À propos de la Syrie – un exemple actuel – je peux vous affirmer que dans 20 ans la reconstruction de la Syrie se retrouvera en bas de la page 20, coincée entre deux publicités de iPhone 25. Alors que la réalité économique du Québec nous affectera tous les jours. À nous d’agir pour s’assurer d’un meilleur avenir pour les générations futures.
À votre suggestion d’humilité intellectuelle, j’oppose la responsabilité du citoyen de s’informer, d’échanger avec ses concitoyens, de s’exprimer dans son quartier, dans son environnement, et ensuite d’agir pour demander un changement à ceux qu’on a élu afin que leurs gestes tiennent compte de nos préoccupations. Si on ne se sert pas de sa citoyenneté pour interpeller nos dirigeants, nous ne sommes que des consommateurs. Pendant des années, je regardais outre-mer, outre frontières et je trouvais le Québec ennuyant. J’ai pensé partir et peut-être aurais-je du le faire et me donner une autre vie que celle-ci, mais ailleurs je n’aurais pas pu vivre ce que j’ai vécu ici depuis 5 ans – je suis devenu un citoyen de mon coin de pays. Et tant qu’à vivre ici, et au lieu de refaire le monde devant une bière sans jamais agir, je préfère agir modestement à la hauteur de mes moyens. J’ai ce blogue, et jusqu’à ce qu’il me soit retiré ou que je le quitte, je vais m’en servir pour donner une plus grande portée à mes préoccupations.
Et si ces articles sur un accord de libre-échange vous agace, attendez de lire ceux sur un attentat terroriste commis en plein centre-ville de Montréal et dont personne ne parlait plus dès le lendemain. Désolé, mais je vais continuer dans cette veine.