BloguesDenis McCready

J’aimerais mourir dans un pays en santé.

Le Nord au Coeur

Un film de Serge Giguère sur le géographe Louis-Edmond Hamelin

 

Ça fait plus de 5 ans que je côtoie les cinéastes des Productions du Rapide-Blanc. Je suis encore une fois ému, stimulé, harangué par un de leurs films, celui-ci tout frais sorti de l’établi de Serge Giguère. Je vous écris donc bien subjectif pour vous donner un objectif. Aller voir ce film essentiel, pour entendre le géographe et voir la pays, mais aussi pour cet appel urgent.

Le géographe Louis-Edmond Hamelin a sillonné le Nord du pays, de la province, et en a ramené des nouveaux mots pour décrire ce vaste territoire, mais aussi une vision. Celle de placer le Nord au coeur de nos préoccupations quotidiennes, politiques, économiques et culturelles. Avant tout il y a les Premières Nations. Et ça forme un grand tout. L’avenir du Québec passe par le Nord et par une réconciliation avec les Premières Nations.

Les peuples qui forment les Premières Nations du Québec ont subi un génocide, un vol de leur territoire et sont aujourd’hui victimes de l’amnésie qui vient avec la distance. Loin des yeux…

Le Québec est comme un individu qui penserait seulement avec sa tête, aurait le coeur à la mauvaise place et oublierait qu’un de ses pieds est atteint d’une grande infection. Le Québec est malade de son oubli, de son mépris des Premières Nations et il est grand temps d’arrêter de prendre des analgésiques pour cacher le mal. Un jour ou l’autre l’infection mènera à une grande fièvre et c’est tout le Québec qui sera affecté. Il est temps de se soigner, collectivement et individuellement, parce que j’aimerais mourir dans un pays en santé.

Dans l’enfance j’ai découvert l’horreur de l’esclavage en regardant la série Racines inspiré du roman de Alex Haley, heureusement l’esclavage a été aboli, les Noirs ont obtenu le droit de vote, un Président a été élu. Jeune adulte, à travers plusieurs oeuvres j’ai compris toute la portée de l’holocauste juif, mais les camps de la mort ont été vidés, la mémoire du monde tatoué pour qu’on n’oublie jamais. Il y a moyen de faire le bien après le mal.

Je vis au Canada, au Québec, et ça m’a pris jusqu’à l’âge de 40 ans pour comprendre une grande vérité mal enseignée. Les gens qui nous ont précédé ont orchestré la lente extermination des Premières Nations, le vol de leur territoire. Bien que des ententes ont été signées à la pièce pour acheter la paix pour des projets de barrages et autre, le dossier foncier n’a toujours pas été réglé. Il faut commencer la réconciliation aujourd’hui et le faire en offrant de grandes étendues du territoire de notre province aux Premières Nations, avec tous les droits qui viennent avec. On ne construit pas un pays avec une logique comptable. On construit un pays avec une vision.

Cette semaine, la Première ministre Marois a posé un premier geste : Inuits et Premières Nations seront plus étroitement associés au développement du Nord

Ça me donne un peu d’espoir. Je rêve de voir de mon vivant une réconciliation nationale entre les peuples du Québec. Commençons par écouter la parole de Louis-Edmond Hamelin qui a visité ces peuples et le Nord, qui nous a donné de nouveaux mots pour nommer notre nordicité et arrêtons de vivre dans notre tête. Le Québec est malade d’avoir occulté la question des Premières Nations, il faut le soigner. Maintenant.

Le Nord au Coeur, de Serge Giguère avec Louis-Edmond Hamelin

Cinéma Ex-Centris, dès le 7 décembre 2012

 

Le site de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador