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Arrêter les oléoducs – La force

Afin de contribuer à La réplique qui se prépare autour de L’objectif stratégique le plus urgent qui est de protéger l’eau potable en empêchant tous les nouveaux projets d’oléoducs (inversion et construction) sur le territoire du Québec, je passe en revue les champs d’action possibles. Je vais m’attarder à la force, la loi, l’argent et la persuasion.

 

LA FORCE

L’usage de la force est légalement réservée aux policiers ou à l’armée pour faire respecter les lois et l’intégrité du territoire. Il s’agit d’une violence étatique. Il est possible que ces forces de l’ordre soient mises en oeuvre par l’État contre les compagnies d’oléoducs Enbridge / TransCanada si elles commettent un crime ou font preuve d’une négligence menaçant directement la sécurité civile, mais s’il advenait un déversement de pétrole, l’intervention des forces de l’ordre ne changerait rien au désastre environnemental. Dans le cas d’une contamination du fleuve St-Laurent par du pétrole hautement inflammable issu des sables bitumineux, mieux vaut prévenir que guérir.

 

Les citoyens devraient-ils utiliser la force  pour empêcher la construction ou l’inversion des oléoducs au Québec?

 

En dehors d’un cadre légal ou militaire, l’usage de la force directe ou indirecte, physique ou mécanique, contre les compagnies d’oléoducs et leurs employés constituerait une forme de violence politique. Ça serait bien sûr illégal, mais ce n’est pas une bonne approche pour plusieurs autres raisons :

 

La perception publique

L’histoire de la violence politique au Québec est éloquente. La mort de Pierre Laporte aux mains du FLQ a été un traumatisme collectif. Même si la population avait appris que ce ministre du gouvernement Bourassa était surveillé par la SQ à cause d’allégations de liens avec la mafia italienne, ça n’aurait pas changé la perception publique : il est une victime et sa mort n’a rien accompli.

Le recours à la violence politique nuirait aux groupes citoyens qui militent pacifiquement en rendant leur campagne suspecte et impopulaire, et en donnant une raison aux autorités de condamner et d’interdire leurs activités publiques. Les événements du printemps 2012 en sont un exemple flagrant. Les deux incidents de fumigène dans le métro de Montréal ont eu un impact dans la perception publique de la grève étudiante. Le premier incident n’a jamais été élucidé. Quatre étudiants ont été arrêtés en lien avec le deuxième incident et ils subiront leur procès bientôt. Compte tenu de l’historique d’infiltration policière au Québec, et des événements récents où des policiers de la SQ se sont déguisés en casseurs (voir les liens sur Google : Montebello 2007 provocateurs), il faudra éventuellement se demander à qui a profité le « crime ». J’y reviendrai.

 

L’efficacité

L’usage de la force physique (voies de fait, menaces, etc.) contre les propriétaires, les dirigeants ou les employés de Enbridge/TransCanada serait complètement inefficace pour atteindre l’objectif stratégique. Les actionnaires nomment le conseil d’administration qui choisit le directeur de la compagnie qui à son tour engage tous les autres employés. Aucune personne n’est responsable directement des projets d’oléoducs et tous sont remplaçables. À moins de se mettre en faillite, les compagnies privées qui émettent des actions publiques sont immortelles, elles survivent depuis des générations aux départs, décès et maladies de leurs propriétaires et actionnaires.

 

L’augmentation du danger

Le sabotage contre les installations des compagnies d’oléoduc entrainerait un énorme risque de fuite de pétrole dans l’environnement, annihilant ainsi l’objectif stratégique de protection de l’eau. De plus, le risque de blesser ou tuer une personne rend pareille méthode inacceptable.

 

L’usage de la violence politique contre les compagnies d’oléoduc serait illégal, impopulaire, inefficace et dangereux. Les citoyens qui seraient tentés de poser pareil geste nuiraient à l’atteinte de l’objectif stratégique, ils subiraient des conséquences pénales qui les excluraient de facto du théâtre d’opérations politiques en plus d’être l’objet d’un assassinat médiatique qui affecterait leur vie de manière indélébile.

Dans la situation actuelle au Québec, je considère que l’usage de la violence politique directe et indirecte, physique et mécanique, n’est pas un champ d’action à considérer pour atteindre l’objectif stratégique d’arrêter les projets d’oléoducs au Québec afin de protéger l’eau potable.

Dans quelques jours, j’aborderai les autres champs d’action possibles : la loi, l’argent et la persuasion. Je ferai l’évaluation des forces et des faiblesses de l’action citoyenne. Je poursuivrai ensuite ma réflexion avec un sommaire des ressources humaines et techniques à mettre en oeuvre pour atteindre l’objectif stratégique.

Après cette longue analyse, je ferai une suggestion de cibles et de tactiques, et au final un appel à passer à l’action citoyenne en 2014 pour protéger l’eau, un bien commun essentiel à la vie.

 

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