Toutes les deux semaines, cette chronique propose le portrait d'un digne représentant de la scène locale estrienne.
En privé, Andrew Haddad est un garçon affable qui, ses tatouages camouflés, saurait mettre dans sa petite poche arrière n'importe quelle belle-mère. À la tête de la formation punk hardcore sherbrookoise Brazen Hell, le chanteur, quasi méconnaissable, arpente la scène de long en large, secoue la tête nerveusement à la George St-Pierre et peut décider, face à une foule engourdie, de s'y projeter bassin premier. Une éventualité qui astreint à ne pas détourner les yeux des musiciens.
Le quintette, comptant aussi sur le bassiste Adam Breault (du défunt groupe culte straight edge Radical Attack), immortalisait en mars 2009 au studio Dead Air, North Amherst, Massachusetts, sept brûlots de plus ou moins une minute trente sur l'aliénation contemporaine. Lancé la semaine dernière dans un Bar Le Magog bondé, le sept pouces issu de cette session d'enregistrement avec Will Killingsworth paraît sur Vinyl Addict Records, étiquette dirigée par Haddad. La formation compte, dans un avenir rapproché, faire de nouveau appel aux services de ce pionnier du screamo et allumer de fraternels circle pits au Canada et sur la côte est américaine.
Friand de supports obsolètes (une cassette démo a été produite en 2009) mais avant tout fidèle à l'esprit collectiviste de la scène hardcore, Brazen Hell offre en téléchargement gratuit ces quelque 10 minutes de violence purgative. Prenons néanmoins acte de la suggestion pince-sans-rire de Haddad: «Les vrais amateurs de musique écoutent des vinyles pis si vous n'avez pas de table tournante achetez-le pour la collection!»
photo: Andréanne Lupien