BloguesDu haut de la King

Manu Militari: plume acérée et party

Effluves d'herbe médicinale vendredi soir au Théâtre Granada. La scène hip-hop sherbrookoise effectuait une rare sortie publique et recevait Manu Militari. Premier constat: le nombre de spectateurs confirme qu'il existe une masse critique d'amateurs de hip-hop à Sherbrooke quoiqu'une salle de plus petite taille, eût-elle existé et eût-elle été disposée à recevoir ce genre de spectacles, aurait mieux servi l'échange entre le rappeur, ses deux efficaces hypemen et ses fans.

Preuve de sa solidité, cette relation privilégiée n'a somme toute pas tellement souffert d'une sono épouvantable qui condamnait à tendre l'oreille au choeur de fans s'égosillant sur Voix de fait et Le Bureau pour capter quelques bribes de textes. Des histoires ayant toutes les apparences du biographique, pas de la mythomanie typique de certains emcees, livrées avec authenticité, sans fatuité, la pédale douce sur l'autocongratulation. Des constats inquiets contrastant avec l'esprit festif du spectacle et permettant à Militari de prouver qu'il allie mieux que la plupart de ses rivaux, tous codes régionaux confondus, québécitude et street, grâce à une plume acérée et un regard critique sur certaines valeurs véhiculées par la scène.

Salutations à LACTIVISTE et son équipe. Espérons que les organisateurs de cet événement se saisissent à long terme du dossier hip-hop à Sherbrooke. La présence des Dramatik, Imposs, Jeune Chilly Chill, Movèzerbe, L'Assemblée, Anodajay et Samian dans les salles de la région est une condition sine qua non à l'essor de la scène locale.

(La désacralisation de l'espace scénique dans un concert hip-hop ne cesse de me surprendre. Que des membres du crew de Militari munis de caméras et d'appareils photo montent sur les planches, je le conçois aisément. J'aimerais cependant savoir ce que tous les autres flâneurs, munis que de leur nonchalance, viennent glisser à l'oreille du DJ. «Pis man, comment ça va avec ta blonde?»)