Que l'on soit la Castafiore nationale Céline ou la vedette folk-rock locale Charles-Antoine Gosselin, on ne module pas ses inflexions de voix de la même façon en anglais et en français. Pour le leader de Jake and the Leprechauns, «capable de mettre la switch à off et de se concentrer sur l'émotion» lorsqu'il interprète les textes en anglais de son associé Philippe Custeau, chanter dans sa langue maternelle a quelque chose d'éprouvant. Parce qu'il ne peut plus s'abstraire du sens de la matière textuelle, et parce que pour le public francophone interpellé dans sa propre langue, la force du signifié l'emporte sur celle du signifiant.
Lecteur assidu du blogue du photographe et poète Normand Achim, sur lequel sont publiés différentes pièces de vers, le chanteur y repère des textes qui lui plaisent et les convertit en chansons dans un registre folk introspectif. Gosselin prend aussi lui-même la plume depuis peu et travaille actuellement avec d'autres paroliers intéressés à mettre en mots les sentiments d'un gars qui avoue ne pas beaucoup parler de lui au quotidien.
Contrairement à tous ces leaders de groupes pour qui l'aventure solo est une prise d'air, une façon de faire à sa tête entre deux visites chez docteur compromis, il s'agit pour Gosselin d'une provocation en duel. Duel entre son ambition de musicien et sa propension certaine à l'autocritique, d'autant plus paralysante quand plus personne n'est là pour la modérer. Il propose à l'Antiquarius Café quelques-unes de ses pièces et une sélection de morceaux de ses héros folk favoris. Les 2 et 3 avril à 19h.
crédit photo: Éric Côté