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The Sainte Catherines: toujours en amour (avec la poutine, les cigarettes et le punk)

Supposons que vous vous soulagez dans un des urinoirs du bar le Saloon en chantant les paroles du plus gros hit de The Sainte Catherines, Ring of fire = 4 points, extrait de Dancing for decadence. «I spent time in f****** bars when I should be in your trustful arms», hurlez-vous à la lune. Drôlement paradoxal. Vous êtes un grand fan des Sainte Catherines et ce n'est pas parce que leur traditionnelle tournée «Poutine et Cigarettes» s'arrête à Sherbrooke un lundi soir, dans un sous-sol lugubre, que vous alliez rester à la maison.

Supposons que Hugo Mudie enfile au même moment son accoutrement de scène – veste sans manche à studs avec un logo des Flyers de Philadelphie dans le dos -, dans la cabine d'à côté – non, le bar le Saloon ne compte pas de loge -, et qu'il vous entend gueuler cependant que vous arrosez l'émail avec les canettes de Pabst qui remplissaient jusque-là votre vessie.

Supposons que Hugo Mudie vous propose tout bonnement de prendre sa place derrière le micro quand son groupe, The Sainte Catherines, balancera tantôt sur scène le brûlot auquel vous venez de faire subir un «bathroom remix». Il se peut que vous jubiliez et que vous vous disiez que, malgré sa réputation de tête brûlée prétentieuse, Mudie connaît comme peu de gens le sens du mot loyauté. Ou il se peut que ce soit ce que vous vous direz demain en dégrisant..des nombreuses canettes de Pabst que vous avez sifflées ou de l'euphorie d'avoir gueulé «yeaaaah», un peu à côté du tempo mais quand même, avec Mudie et ses camarades.

Vous auriez quelques années de moins que vous prononceriez un «mon idole Hugo Mudie» et rabattriez les oreilles de toute la polyvalente, pendant des mois, avec votre fait d'armes. Comme vous avez la vingtaine avancée, vous vous contentez d'acheter un t-shirt.

À qui ceci est arrivé lundi dernier, salutations.

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Certains fans de The Sainte Catherines de ma connaissance avaient émis des réserves presque aigries en commentant leur plus récent album, Fire Works. «Moins punk», regrettait-on. Sur scène, pourtant, les nouvelles chansons, qui portent certes davantage à lever le poing en l'air qu'à se rentrer dedans comme des chiens lâchés, n'ont pas suffi à assagir les Sherbrookois, toujours nombreux aux rendez-vous que leur donnent les Sainte-4.

Je me réjouis pour ma part que Mudie mette de l'avant, avec son groupe principal, son admiration pour Springsteen et Mellencamp (il l'avait déjà fait avec Yesterday's Ring et dans ses chroniques Bang Bang); des faiseurs de refrains fédérateurs qui reconnaîtraient un peu de leur sensibilité dans We Used To Be In Love (le premier single de Fire Works). Ils sont nombreux à se réclamer, explicitement ou implicitement, du Boss parmi les punks récemment (Titus Andronicus, The Gaslight Anthem). Un juste retour des choses, se dit-on, lorsqu'on entend monsieur New Jersey répéter à satiété ces jours-ci, à l'occasion de la réédition de Darkness on the Edge of Town, comment The Clash et autres objecteurs de conscience ont été déterminants dans l'esprit sombre et rageur d'un de ses plus grands albums.

Trophée de la «stakhanoviste par excellence – tournée "Poutine et Cigarettes" 2010» à Andrea Silver, de Dig It Up!. Autant avec sa formation-mère hardcore, qui a bien failli voler la vedette à la tête d'affiche, que derrière The Sainte Catherines, avec qui elle joue les suppléantes, la batteuse a donné une volée à ses tambours grâce un jeu véloce et souple que venait magnifier des ruisseaux de sueurs. Elle aurait bien mérité une vraie loge, elle, garnie de tonnes de fruits frais et de bière rafraichissante. Heureusement qu'il y a encore des musiciens pour qui le punk est le plus satisfaisant des oublis de soi-même.

La tournée «Poutine et Cigarettes» se poursuit pour quelques jours.