BloguesDu haut de la King

5 concerts repêchés (de 2010)

Deuxième journée de le grande liquidation de fin d'année Du haut de la King.

Quelques mots en guise de mea culpa au sujet de cinq concerts dont on a négligé de parler sur ce blogue en 2010 et qui aurait mérité plus d'égards.

**********************************************************************************************************

Blind Witness et Reborn to Ashes (13 mars aux Marches du palais)

La rumeur ne s'était pas rendue jusqu'à nos oreilles et, pourtant, quelque chose trahissait ces obsèques impromptues: promoteur à la mine déconfite, frigos à bières dégarnis, etc. Le dernier concert de l'histoire des Marches du palais (jusqu'à nouvel ordre) n'a toutefois pas souffert, au contraire, de cette atmosphère très fin de siècle. En première partie des apocalyptiques Granbyens Blind Witness (leur album Nightmare on Providence Street, sur étiquette hollywoodienne Mediaskare, est un des plus efficaces défouloirs de 2010), les Sherbrookois Reborn to Ashes montraient l'étendue de leur savoir-faire métalcore. Honnis par les puristes métal et hardcore, les breakdowns, cris primaux et trémolos doucereux canoniques du genre vomissent l'engourdissement de l'opulence suburbaine (le même que dans les films de Larry Clark) avec une vérité qui fédérait, ce soir-là, une foule d'adulescents en liesse.

N'eût été des contraintes d'espace et des aléas de l'actualité culturelle, Reborn to ashes se serait sans aucun doute retrouvé sous notre rubrique L'écho des locaux. On écoute, d'ici à ce que l'on remédie à la situation, le premier extrait (Fudge yeah) d'un album à venir au www.myspace.com/reborntoashes .

Reborn to ashes

Quo Vadis (2 avril au Bar le Magog)

Des nombreuses pointures death métal à avoir mis à l'épreuve la solidité des murs du Magog cette année, les quatre gars et la fille de Quo Vadis étaient peut-être les plus attendus, eux qui n'avaient pas visité la Reine depuis huit ans. On pouvait sentir (au propre comme au figuré; le trash étant un sport qui sollicite le cardio) la ferveur dès que l'on passait la billetterie, qui affichait presque complet.

Guy Bélanger et son invité spécial Bob Walsh (10 juillet dans le cadre de Sherblues)

Depuis plus de trente ans que Guy Bélanger tient le rôle d'homme de coin généreux et rieur pour Bob Walsh. C'était soir de retour d'ascenseur sur la scène érigée coin Wellington Sud-King pour Sherblues, alors que le bonze blues Walsh, dont les yeux s'illuminent à la vue d'un public de fêtards à dégourdir, procurait la portion "Bistro à Jojo" au spectacle flamboyant de celui qu'il appelle affectueusement son "p'tit frère". Flamboyant, oui, parce que ce sont de vrais feus que ti-Guy crache de ses harmos; feu de joie autour duquel on danse, feu de foyer à côté duquel on réfléchit à nos vieux péchés, feu de Bengale quand il se ruine les babines à tombeau ouvert avec l'esbroufe du jeune premier qui n'aurait jamais quitté les bars de la Vieille Capitale. On espère fort entendre les éléments plus introspectifs de son album Crossroads, gommés pour les besoins d'un spectacle extérieur, en salle, quelque part en 2011.

The Planet Smashers (9 septembre au Théâtre Granada dans le cadre du Festival de la rentrée)

Que déverse-t-on dans les abreuvoirs des polyvalentes du Québec pour que les jeunes gens arrivent au cégep habités par un tel amour pour les Planet Smashers? Serait-ce pour faire place à une initiation au ska canadien (101) que les cours de sexualité ont été abolis dans "nos" écoles secondaires? Quoi qu'il en soit, c'est sans nouvel album à défendre mais toujours mûs par l'inaltérable sourire de Matt Collyer (littéralement the life of the party), que les casseurs de planète ont soufflé sur les braises d'une scène ska qui a déjà été en meilleure santé. Et qui, c'est ce qu'on comprend, brûlera temps et aussi longtemps que des collégiens désireront conjurer dans un Super Orgy Porno Party le vertige existentiel d'un avenir-assis-sur-son-steak-pour-deux-ans (minimum) en sciences humaines pas de maths.

Wop Pow Wow (29 septembre au Théâtre Centennial)

L'Italie que chante Angelo Finaldi, bellâtre rockeur seventies converti à la tarentelle bariolée, avec Wop Pow Wow relève davantage du mythe que de l'histoire avec un grand H. Avec sa bouille espiègle, l'ex-Sinners malaxait sur le campus Bishop's cet automne une musique joussive qu'il disait inspirée de la Divine comédie de Dante, mais pas dantesque pour deux sous, épaulé par des musiciens volontaires, dégourdis et totalement décontractés, notamment Benoit Charest et Jean-François Bégin (Obatala). C'est à se demander pourquoi le Napolitain d'origine a attendu si longtemps pour refaire surface. Comme hommage à la culture wop (terme slang utilisé pour dénigrer les Italiens subverti par Finaldi), on ne pourrait rêver de mieux.