BloguesDu haut de la King

Les «fails» de 2010

Troisième journée de la grande liquidation de fin d'année Du haut de la King.

Aujourd'hui, quelques «fails» de 2010 en Estrie.

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Kate Ryan à l'émission Sortir (4 mars)

La belge chanteuse devait être l'invitée de la semaine de l'émission culturelle de Radio-Canada Estrie, Sortir, alors diffusée depuis l'Antiquarius Café, situé à 4 minutes de marche (8  en talons hauts, peut-être) du Théâtre Granada où celle qui a déterré l'eurodance donnait son concert quelques heures plus tard ce soir-là. Trop loin, trop régional, calcula-t-elle? On ne saura jamais le fond de l'histoire: la dame n'a jamais traversé la rue, forçant la très difficile à détester, ou pétillante, comme le veut désormais la formule consacrée, Anik Moulin à se dépêtrer presque toute seule. Une chance que le toujours très volontaire et intarissable chroniqueur-disquaire Sylvain Lecours était là pour chauffer la chaise de la poseuse de lapins.

Il n'est certainement jamais très élégant pour quiconque de ne pas se pointer à un rendez-vous, de jouer la diva, mais quand on s'appelle Kate Ryan – pas Aretha Franklin, même pas Marjo -, vaut mieux ne pas pousser sa luck.  On ne vous reparle même pas du concert qu'elle a offert (parce qu'on l'a déjà suffisamment fait ici).

Sean Nicholas Savage (13 novembre au Bar le Saloon)

Sean Nicholas Savage arrivait en ville porté par une presse on-ne-peut-plus emballée, nomination au GAMIQ et critiques élogieuses en poche. Surprise de taille: le jeune chanteur, dépeint par Olivier Robillard Laveaux comme un «personnage plus suspect qu'intrigant», allait, contre toute attente, choisir le sous-sol du Magog pour inaugurer la phase disco/karaoké/hommage au duo Eclipse du bar la Forteresse de Rouyn-Noranda de sa carrière. Grande farce élaborée pour les cul-terreux de l'Estrie, crampe artistique au cerveau, mauvaise fournée de drogues, accès d'amertume devant une foule clairsemée? Le mystère reste entier. Dans son accoutrement en jeans délavé digne d'une pub de Lois circa 82, le gringalet à moustache mince a miaulé des remix MIDI des petits bijous folk-pop de son album Movin' up in society avec, pour seul instrument, un iPod. Puis conclu sa performance-malaise en geignant par-dessus Sexual healing de Marvin Gaye (numéro 2 au top 5 des pires violences faites au chanteur soul, tout juste derrière son assassinat).

Dites à Sean que nous ne l'avons pas trouvé drôle et/ou rappelez-lui de prendre ses médicaments. On aimerait trouver matière à l'aimer aussi fort qu'à Montréal nous aussi la prochaine fois.

On ne vous parle même pas du videur que Savage a pris dans ses bras avant le concert. Ils ne sont pas rentrés à la maison ensemble, pour dire le moins.

La fermeture des Marches du palais

On n'en a pas fait grand cas dans les médias, mais force est de constater, quelques mois après la présentation de son dernier concert (13 mars 2010), qu'il en est bel et bien fini du temple du rock de la ruelle Whiting. Dernière fermeture couronnant une série de changements de main, de nom (L'Appart?) et d'orientation (plancher de danse hip-hop?), elle ne vient que signer la mort lente et malheureuse d'un établissement qui n'a jamais su retrouver sa superbe après le départ de son propriétaire des grands jours, Jean-Pierre Beaudoin.

Bien qu'on ne doute pas de la bonne foi de ceux qui avaient repris le flambeau des mains du Richard Branson sherbrookois, la débandade des Marches offre un autre bel exemple de l'adage «If it ain't broke, don't fix it.» Les langues sales, râleurs et ex-grungeux du Graff avaient beau se moquer de la discothèque poussiéreuse du bar, elle se tenait, solide dans la tempête, comme une des rares options offertes à celui qui voulait danser, voire trasher, avec l'assurance morale de ne jamais ouïr une ritournelle ProTools des Neptunes, Timbaland ou David Guetta. Aurait mieux fallu traverser la baisse d'achalandage sans broncher, têtu comme Billy Corgan (la version rock de l'expression "têtu comme une mule"), en jouant la même musique et en servant les mêmes bières. C'est ce que l'on appelle, en jargon d'affaires, la formule AC/DC (voyez où leur opiniâtreté les a menés!) Un retour à la formule plus classique n'avait pas suffi à ramener au bercail les ouailles déjà parties faire la fête sous d'autres cieux.

On ne vous parle même pas da la tristesse de perdre une des scènes de rock les plus respectées en province où l'on a vu et entendu, entre autres, The Dears, Malajube, les Chiens, les Breastfeeders et Guttermouth.