Vendredi matin. Passons un coup de fil à JF Paradis pour lui poser quelques questions au sujet de son premier disque, Dusty Road. «Attends un petit peu, je vais aller dans mon auto, je suis dans un magasin de musique.» C'est à un Dobro au puissant pouvoir d'attraction, «qui lui reste collé dans les mains», blague-t-il, qu'on l'arrache. Un instrument qui ne se serait pas senti dépaysé parmi les nombreuses six cordes qui sertissent les complaintes blues-folk du musicien arrivé à la guitare par la batterie, ayant d'abord tenu le rythme au sein de Too Many Cooks. «Dans ma tête à moi, je suis un bluesman, et un bluesman, ça peut commencer sur le tard et continuer longtemps.»
Plusieurs autres guitaristes viennent prêter main-forte au multi-instrumentiste sur cet album aux notes boisées, écrirait-on si cette chronique parlait de vin. En plus de présenter de belles qualités d'écriture, Paradis réussit surtout, rare exploit chez les autoproduits, à envelopper, à maintenir une pulsation chaude tout du long. C'est là la marque de fabrique des grands que cite le chanteur: JJ Cale, le maître ès groove Daniel Lanois et Neil Young: «Lui, il fait deux accords et, ouh, il t'emmène quelque part.»
«I need a kind hearted woman», sérénade l'homme à chemise fleurie, requête à laquelle nous souscrivons aussi, convaincu que Dusty Road est ce genre d'album que l'on ne goûte vraiment qu'avec une main sur un verre de rouge et l'autre dans les cheveux d'une belle brune. Offert sur plusieurs plateformes de téléchargement.