«Vers la fin de ma consommation, on me comparait souvent à Shane MacGowan», se souvient Yan Chevette. Le rapprochement n'est pas précisément flatteur, encore moins la manifestation d'une bonne santé mentale et physique. C'est que la réputation du chanteur de The Pogues, célèbre pour ses hymnes folk-punk-celtiques à la classe ouvrière, s'est calcifiée sous une ingestion astronomique de stout (sa dentition à l'image des ruines de Pompéi en a longtemps témoigné). Il faut dire que Chevette avait aussi en commun avec la géniale épave une mèche particulièrement courte dont certains malheureux ont fait les frais. Deux ans de désintox et de thérapie plus tard, le gosier sec et les esprits désenglués, l'homme renfile son béret.
Troquant le mythe du rockabilly autodestructeur pour celui du phénix, Chevette passe à la mairie et devient Yan Houligan. Sous ce patronyme emprunté à la famille de voyous irlandais qui aurait, selon la légende, donné son nom aux partisans d'équipes sportives belliqueux, il signe des chansons punk acoustiques gueulées en one man band, une charleston sous un pied et une vieille valise en guise de grosse caisse de fortune sous l'autre. Les textes, eux, sont peuplés de cols bleus accablés et de clodos en vadrouille. L'ombre de l'oncle Tom (Waits) plane.
Malgré la transformation extrême qu'il a subie, Yan ne renie pas son passé et fait d'une pierre deux coups en ressuscitant, le 22 avril à 19h30 chez ArtFocus, Les Chevettes, son groupe trash devenu duo. Également de la cérémonie: Union General.