Noël culturel

Célébrations familiales internationales : Parfums d'ailleurs

Dans une ville comme Montréal, où le tiers de la population est de culture étrangère, les festivités peuvent prendre des accents de hareng et de piment agrémentés de piñata et de curcuma. Célébrations familiales internationales.

Noël picante

« Beaucoup de Mexicains sont excités quand Noël approche, parce qu’on commence à préparer des mets spéciaux! » s’amuse Jorge Juárez. Pour lui et sa femme Guadalupe Romano, propriétaires du restaurant Le Petit Coin du Mexique et originaires de Puebla, dans le centre-sud du pays, 24 décembre rime avec festin. Les familles se réunissent en soirée, cassent la piñata, chantent une chanson traditionnelle vers 23h, puis tout le monde se met à table.

« Dans la religion catholique, le 24 décembre, c’est la dernière posada (auberge), celle où Marie a accouché de Jésus. D’ailleurs, les propriétaires de ces posadas recevaient Marie et Joseph en leur offrant un petit sac de denrées, el aguinaldo« , raconte Jorge Juárez. Aussi les gens qui reçoivent à Noël offrent-ils à chaque invité un petit sac de bonbons et noix après avoir cassé la piñata.

Sur la table de Noël, parmi les incontournables, il y a le bacalado, un plat de morue préparé avec tomates, piments serranos ou jalapeños, oignons, patates et amandes. Il y a également une jambe de porc marinée, le plat préféré de Guadalupe, et les favoris de son mari, des piments chipotles et jalapeños farcis de fromage ou de salade de thon, et frits.

Chaleur épicée

Pour accompagner ce festin, les Mexicains boivent du ponche, une infusion chaude de fruits et de pétales d’hibiscus séchés accompagnée de canne à sucre, à laquelle ils ajoutent de la tequila ou du rhum. « Le ponche est très populaire car il fait froid à Noël », assure Jorge en précisant qu’à Puebla, il peut faire quelques degrés au-dessus de zéro.

Au dessert, les becs sucrés se ruent sur les buñuelos, faits à partir d’une pâte de farine de maïs frite, à laquelle s’ajoute ensuite du sucre… ou du sirop d’érable, que Jorge apporte dorénavant toujours à sa famille lorsqu’il visite Puebla.

Jorge et Guadalupe importent des aliments du Mexique, qu’ils vendent dans le coin boutique de leur restaurant. Ils font aussi le plein d’épices chez Anatol. Une chose, cependant, est difficile à bien réaliser ici: le ponche, car le Québec n’importe pas tous les fruits à infuser, notamment le tejocote.

Noël sous la fourrure

En Biélorussie, Noël a lieu le 7 janvier, religion orthodoxe oblige. Cette fête est habituellement simple et sans grande préparation. C’est la veille du jour de l’An que la vraie fête se passe en famille et avec les amis. Là, un assortiment d’entrées, de plats froids et de plats chauds se retrouvent en même temps sur la table.

Champignons sauvages et autres marinades, poissons fumés, pommes de terre, carottes, betteraves: la nouvelle année se célèbre sous le signe du réconfort. D’une maison à l’autre, les recettes diffèrent, bien que les ingrédients qui les composent soient les mêmes, détaille la Montréalaise d’origine biélorusse Alla Yarkchak. « Le seul plat que vous allez retrouver sur toutes les tables, c’est le hareng sous la fourrure », note Alla, qui était professeure de français à Minsk. Ce plat se nomme ainsi parce qu’il est composé de harengs marinés sous des couches de légumes: pommes de terre, carottes, betteraves en couches superposées qui abrient le poisson. « Tout le monde raffole de ce plat. La première fois, les gens sont surpris: c’est un plat qui a une drôle d’allure, tout rouge à cause des betteraves… Mais tout le monde en reprend! »

La boulangerie Vova, sur l’avenue du Parc, fait plusieurs salades et desserts festifs russes. Le restaurant La Caverne (Pogrebok en russe), sur Côte-des-Neiges, sert aussi les marinades et salades de l’Europe de l’Est, dont le fameux hareng sous la fourrure.

Noël créole

« Si l’on réussit à tenir debout toute la nuit, c’est parce qu’on mange énormément et qu’on danse sans arrêt », s’exclame Mathilde Mercier, une étudiante en journalisme originaire de l’île de La Réunion. « En général, l’entrée dure une heure, puis tu fais la fête. Le plat principal dure une autre heure, tu refais la fête… »

Le 24 décembre, sur la table des Mercier se côtoient samosas, crevettes grillées, langoustines et salade d’endives en entrée. « Mon père fait les endives avec une mayonnaise à l’ail et aux crevettes, et tout le monde dit que c’est la meilleure recette », s’exclame Mathilde, qui fête dorénavant Noël en bonne Canadienne dans un chalet avec des amis. Elle réussit toutefois à reproduire certains plats de chez elle grâce aux marchés asiatiques, le Marché Fu Tai sur l’avenue Côte-des-Neiges, entre autres.

Chouchou et liqueur d’anis

Les incontournables des Fêtes chez les Mercier sont la marmite de la mer, la spécialité du papa de Mathilde, qui est composée de poisson blanc, crevettes, pétoncles, gingembre et tomates, et le gratin chouchou. « En fait, précise Mathilde, on l’appelle « chouchou » à La Réunion, mais j’ai appris tout récemment qu’il s’appelait aussi cristophine. » Et même chayotte.

Après le repas, le pâté créole, à base de saindoux et de curcuma, peut se manger soit salé, avec de la viande au centre, soit sucré, avec de la confiture. Il s’accompagne toujours d’un verre de liqueur à l’anis. Sont servis ensuite du rhum, des litchis à profusion, des petits gâteaux… et de la bûche! L’île de La Réunion est un département d’outre-mer français, après tout!

Carnet d’adresses /

Le Petit Coin du Mexique
2474, rue Jean-Talon Est, Montréal, 514 374-7448

Les Épices Anatol
6822, boulevard Saint-Laurent, Montréal, 514 276-0107

Vova boulangerie et pâtisserie
5225, avenue du Parc, Montréal, 514 278-3411

La Caverne
5184, chemin de la Côte-des-Neiges, Montréal, 514 738-6555, www.lacaverne.ca

Marché Fu Tai
6700, chemin de la Côte-des-Neiges, Montréal, 514 739-7770, www.marchefutai.com