Noël culturel

Traditions des Fêtes : Hier encore…

Le repas copieux, les bas et les cadeaux, la messe de minuit. Noël ne vient pas avec un manuel d’instructions quant aux traditions des Fêtes à respecter. Entre nostalgie et modernité, comment renouveler les pratiques d’antan.

"C’était donc mieux quand on était jeune!" Nul besoin d’avoir 80 ans passés pour tenir ce genre de discours au sujet des festivités de Noël. Dans son application, Noël est une fête créée sur mesure pour faire le bonheur des enfants. Il est donc normal qu’en vieillissant, la magie s’efface tranquillement en étant confrontée aux nombreuses heures de magasinage et au stress des préparatifs. Désagréments que les parents arrivent adroitement à cacher aux tout-petits.

C’est avec cette vision lucide que Jean-Philippe Warren, directeur de la Chaire Concordia d’études sur le Québec, s’est lancé dans l’écriture de son livre Hourra pour Santa Claus! en 2006. "Je voulais étudier cette nostalgie récurrente autour de Noël en cernant les débuts mercantiles de la fête. Je pensais devoir retourner en 1960 ou 1950, mais finalement, je me suis retrouvé à la fin du 19e siècle pour me rendre compte qu’on ne fêtait pas vraiment Noël avec des cadeaux autrefois. C’est à ce moment que les grands magasins se sont emparés de l’idée."

Constatation confirmée par le professeur de théologie à l’Université de Montréal Olivier Bauer, qui en rajoute: "Une chose est sûre, Jésus n’est pas né le 25 décembre! Cette date symbolique a été choisie par l’Église qui a récupéré une fête païenne." Cette substitution de date, qui fait aujourd’hui consensus, aurait eu lieu dès l’an 306. Si le chercheur admet que la signification religieuse de Noël est en perte de terrain, les valeurs qui s’y rattachent, elles, persistent: "Les gens ont besoin de cette trêve que représente le temps des Fêtes, avec des notions de rassemblement et de partage. La guignolée en est un bon exemple."

Quant à notre manie de dénoncer l’aspect commercial de la fête, Jean-Philippe Warren explique que c’est quasiment devenu une tradition en soi. "J’ai retrouvé des articles de journaux du début des années 1900 qui condamnaient la surconsommation en disant à quel point c’était épouvantable comment on gâtait les enfants! Je pense qu’on a besoin de s’inventer un Noël authentique parce que sinon, c’est une fête qui paraîtrait trop vide."

À la traditionnelle

Une fois l’idée du mercantilisme assumée, rien n’empêche de vouloir fêter dans la tradition de nos ancêtres. Pour les plus traditionalistes, Raymond Montpetit offre un mode d’emploi dans son livre Temps des Fêtes au Québec. "Il faut d’abord préparer les victuailles pendant des semaines, comme le faisaient les mères de famille. Le 24 décembre, c’est le réveillon avec la famille rapprochée et la messe de minuit. Le jour de Noël, c’est la fête religieuse, on ne s’offre pas de cadeaux. C’est au jour de l’An que le party s’embrase avec la famille élargie, les présents, les grands repas et les musiciens qui font danser les gens le soir venu. Pendant la journée, les hommes font la tournée en allant visiter des amis tandis que les femmes restent à la maison. Les visiteurs laissent des cartes de visite qui seraient à l’origine des cartes de Noël." Toujours aussi nostalgiques, mesdames?

Néo-trad

Évidemment, la réalité des foyers actuels est tout autre. Avec des familles de moins en moins nombreuses et des divorces plus fréquents, les moeurs ont changé. Plutôt que de s’accrocher à de vieilles traditions qui ont été créées pour répondre aux besoins d’une époque, pourquoi ne pas créer les siennes? Que ce soit en regardant religieusement le film Le sapin a les boules chaque année, en faisant une balade en voiture pour voir les plus belles maisons décorées ou en simulant les pas du père Noël dans la neige pour les plus petits, c’est dans la transmission que la tradition prend tout son sens.

Hourra pour Santa Claus!
de Jean-Philippe Warren
Éditions du Boréal, 2006, 301 p.

Le temps des Fêtes au Québec
de Raymond Montpetit
Éditions de l’Homme, 1978, 285 p.