Il est de bon ton de critiquer les entreprises, qu’elles soient privées ou publiques. On parle d’elles comme de son chum après quelques verres avec une copine : c’est jamais correct, c’est jamais assez, ce serait tellement mieux si.
Je n’ai jamais hésité à chialer contre les pneus crevés des Bixis, contre les stations pleines au centre-ville le matin, contre le mauvais entretien et les chroniqueurs de La Presse se sont occupé du reste : gestion, financement, etc. Mais force est de reconnaître que Bixi est aussi capable de bons coups : Bixi qui a annoncé hier qu’elle avait mis les bouchées doubles et que la saison débuterait plus tôt que prévu, soit le 2 avril au lieu du 15 avril tel qu’on l’avait initialement annoncé.
Peut-être qu’il s’agit d’un stunt publicitaire. Mais Bixi nous montre depuis cinq ans une capacité d’écoute et d’adaptation qu’on voit rarement de la part d’entreprises. Il faut jeter un coup d’œil à sa page Facebook pour voir l’empressement qu’ont les employés à répondre aux commentaires des utilisateurs et à ajuster les services aux besoin. Il y a deux ans par exemple, on a « inventé » des stations de dépôt en plein milieu de saison pour répondre aux demandes constantes des utilisateurs incapables de se débarrasser de leur monture le matin. On sent qu’il s’instaure un véritable dialogue entre les usagers et Bixi qui va au-delà de la gestion de communauté « pour faire cute ». Et une fois de plus cette semaine, devant les demandes incessantes des utilisateurs qui avaient hâte de prendre leur vélo par ce printemps hâtif, Bixi a embauché du personnel supplémentaire et devancé l’ouverture de la saison de 2 semaines. Bravo.
Dans toute relation, il y a des hauts et des bas. Mais tant qu’on montre qu’on est capable de se parler et de s’écouter, ça vaut le coup de continuer.
Avec Bixi, je constate surtout la capacité d’émerveillement de cet outil de connaissance de notre ville sur des gens qui ne sont peut-être pas montés sur un vélo depuis de très nombreuses années, voire depuis l’enfance. L’écologie Bixi éveillerait donc chez beaucoup de nouveaux utilisateurs une sorte de joie enfantine, celle qui vous propulse dans un paysage plus ouvert que la carcasse métallique de l’automobile. Beaucoup de Montréalais s’abonnent au Bixi pour aller travailler, bien sûr, mais aussi pour y faire un voyage intérieur vers une enfance « adulte », où l’on voit des vieux pédaler allègrement loin des hospices et des cynismes ambiants…