Un texte que le philosophe Daniel Weinstock vient de publier sur Facebook, invitant ses amis à le diffuser.
Devant la nouvelle noirceur qui s’abat sur le Québec, j’ai pensé qu’il était de mon devoir de tenter de résumer aussi simplement que possible les raisons qui me font penser qu’il faut résister à la loi 78.
- Les droits individuels sont un rempart institutionnel fondamental protégeant les citoyens contre les abus de pouvoir de l’État.
- Même des représentant élus démocratiquement peuvent abuser de leurs pouvoirs.
- En démocratie, les droits de s’associer, de s’exprimer, de protester, revêtent un caractère tout à fait fondamental.
- Ces droits doivent être reconnus à tous, surtout à ceux qui défendent dans le respect des normes démocratiques et libérales des points de vue dissidents et impopulaires.
- Le caractère fondamental de ces droits fait qu’ils ne peuvent être circonscrits qu’avec la plus grande parcimonie.
- La situation actuelle au Québec n’appelle pas une limitation aussi draconienne que celle qui a été posée par le gouvernement du Parti Libéral par son odieuse et honteuse Loi 78. Le gouvernement par son refus d’engagement démocratique avec le mouvement étudiant a contribué à la dégradation du climat social. Les dérives qui se font sentir dans ce climat, engendré en partie par le gouvernement, peuvent par ailleurs être régies par les dispositifs juridiques existant, dont ceux du code criminel.
- Que l’on soit d’accord avec eux ou pas sur la question de la hausse des frais, les étudiants posent des questions qui sont légitimes, et qui méritent une réponse respectueuse.
- Ils n’ont reçu pour réponses de la part du gouvernement que mépris, bastonnades, injonctions, et maintenant, répression.
- Les tribunaux sont chargés de faire respecter les droits des citoyens contre les dérives autoritaires des gouvernements. On peut penser qu’ils ne feront qu’une bouchée de la loi 78.
- Les tribunaux ne peuvent cependant pas être les seuls remparts contre les abus de pouvoir et les dérives autoritaires des gouvernements. Les contestations juridiques sont longues et coûteuses, et les lois liberticides peuvent causer beaucoup de dégats avant qu’elles ne soient annulées par les tribunaux.
- Il faut également que les représentants démocratiquement élus, par delà leurs loyautés partisanes, s’érigent en défenseurs des principes et des institutions les plus fondamentaux de la démocratie, et refusent de voter des lois liberticides.
- Il faut également des citoyens qui sont disposés à user de leurs droits civils et démocratiques. Sinon, ces droits ne sont plus que des paroles creuses. Nous devons savoir gré au mouvement étudiant d’avoir été à la hauteur de cette responsabilité citoyenne.
- Il s’agit d’une conception bien anémique de la démocratie que celle selon laquelle ce n’est qu’au moment de voter tous les 4 ans que l’on exerce des droits démocratiques, la responsabilité du citoyen à tout autre moment n’étant que d’obéir. Cela ressemble plutôt à la « douce tyrannie » dont parlait Tocqueville. Or, c’est cette conception de la démocratie qui semble être mise de l’avant par ceux — chroniqueurs, politiciens — qui défendent cette odieuse loi.
- Il est souvent arrivé, dans l’histoire récente, que des limitations importantes de droits individuels imposées au nom de l’ordre public aient initialement été applaudies par une majorité de la population des États concernés. Ces populations ont vite appris que les droits ne sont gagnés qu’au terme de longues luttes, mais ils peuvent être perdus en un clin d’oeil. Et une fois perdus, ils le sont pour TOUS les citoyens.
- La désobéissance civile est parfois apparue dans de tels contextes comme un puissant instrument de contestation. Elle a été théorisée par des philosophes aussi importants pour la tradition de la démocratie libérale que le sont Thoreau et Rawls, et elle a été mise en oeuvre par Martin Luther King et par Gandhi, pour ne nommer qu’eux.
J’enseigne la philosophie au cégep, où je donne depuis cinq ans un cours d’éthique et politique. Le ministère de l’éducation du Québec me demande d’éduquer les jeunes à la citoyenneté, à les préparer à jouer leur rôle de citoyens dans une société démocratique moderne. Après trois mois de manifestations étudiantes violemment réprimées par les forces policières de ce même gouvernement, et à quelque heures de l’adoption d’une loi spéciale violant selon moi le droit à la liberté d’expression, je ne peux m’empêcher de conclure que la démocratie au Québec n’existe plus, qu’elle n’a peut-être même jamais existé. Le Québec semblait démocratique tant que nous restions bien soumis, mais dès qu’il y a eu une révolte, les Anglais, l’armée ou la police débarquent rapidement pour nous écraser. C’est ce qui est arrivé avec le soulèvement des patriotes en 1837, avec la crise d’octobre dans les années 1970 et maintenant avec le mouvement étudiant en 2012… Et le pire, c’est que la majorité des Québécois appuie toujours les oppresseurs par son silence complice. Vive nos chaînes! Voilà la véritable devise du Québec.
François, puis-je reprendre ton commentaire sur ma page FB et te citer?
Bien sûr!
http://www.youtube.com/watch?v=h1UtegDQ4AE Monsieur vous avez tout à fait raison et dans le dossier du gaz de schiste c,est évident ce manque de démocratie ,je vous invite à regarder notre documentaire réalisé pour donner la parole à des citoyennes et citoyens floués …et pour dénoncer vers quel avenir gazeux ce gouBernement nous entraine malgré nous !
Monsieur Doyon, merci.
JE ME SOUVIENS que le FLQ et la crise d’octobre 70 sont la création de la Gendarmerie « Royale » Canadienne.
Un faux pavillon : créer une crise pour apporter la solution déjà prévue.
Je crois que ce qui se passe au Kébeq (KQ) maintenant est identique;
les casseurs sont des policiers. Et vlan la loi 78.
Ça sent les ILLUMINATI !
Et cette majorité de faux-culs est la même qui est insatisfaite à 72% du PLQ et qui dénoncaient les cooruptions du PLQ. Cherchez l’erreur! La plupart sont des bozos incapables de penser par eux-mêmes et ils changent d’idées selon la couleur de leurs bobettes.
J’ai toujours pensé que la démocratie était 50% plus 1.
À ma connaissance, presque 70% des étudiants ne veulent pas de la grève. À ma connaissance, presque 70% de la population est d’accord avec Charest (même si on ne l’aime pas).
Où est le problème???
Les Weinstock de ce monde philosophique pris dans leurs petits livres, ce même Weinstock qui est d’accord avec la Sharia soit la femme est inférieure à l’homme dans tous les aspects de la vie, les amputations pour crimes, plusieurs épouses pour un homme, l’homme qui hérite du double de la femme, l’homme qui prend possession des enfants en cas de divorce, l’homme qui n’a qu’à dire trois fois la phrase ‘je te divorce’ pour être divorcé… ce même Weinstock qui participe à des conférences tout en avouant ne pas réellement connaître le sujet…
Vous me parlez de ce Weinstock, M. Doyon?
La majorité des gens est la proie de la servitude volontaire! C’est commode!
À propos de vous-même, Madame Desaulniers, vous indiquez votre intérêt à l’égard «des notes de bas de pages». Ce qui révèle un souci de la nuance, de la justesse au delà des apparences, bien souvent.
Ce qui s’avère mon cas également. La Bibliothèque de la Pléiade ou encore le Grevisse rejoignent ainsi cette préoccupation que j’ai. Pouvoir cerner du mieux possible ce qui «est» plutôt que de m’en tenir à ce qui «apparaît».
Or, depuis le tout début du conflit ayant pris appui sur la question d’une hausse des frais universitaires (et j’écris «appui» bien que «tremplin» vers des revendications où cette question de frais est assez marginale, simplement commode à titre de point d’ancrage pour maintenir l’élan de la contestation), eh bien une impertinente généralisation s’est trop souvent insinuée lorsqu’il s’est agi de faire état de la situation.
De la sorte, nombre de considérations – menant subséquemment à des conclusions et recommandations – se sont basées sur des prémisses faussées par l’occultation d’un élément pourtant essentiel à la dynamique réelle de l’ensemble. Et cela par le biais de quelques lettres à peine. D’un «article» équivalent à un quasi-insignifiant minuscule grain de sable…
Mais un grain de sable venant régulièrement enrayer la véritable pertinence de plusieurs raisonnements mis de l’avant. D’où la prescription de remèdes alors même que le diagnostic posé n’a pas correctement ausculté le mal, ne l’a pas bien circonscrit.
Bon, tout ceci n’en finit plus… alors voici: l’article problématique auquel je fais référence est «les». Comme dans «les» étudiants. Alors qu’il serait au contraire exact de plutôt écrire «des» étudiants.
Ces étudiants n’ont en aucun moment été un bloc monolithique. Tous le savent, mais trop continuent à faire comme si ce n’était pas le cas. Par opportunisme? À chacun de se faire une opinion.
Cela longuement exprimé, et qui aura fait fuir plusieurs peu intéressés par les nuances, si déterminantes puissent-elles être en certaines circonstances, je déplore avoir dénoté dans le texte constitutif de votre billet, Madame Desaulniers, ce raccourci vers le «les» alors que le «des» aurait été beaucoup plus approprié – et aurait vraisemblablement sensiblement influé sur le bon remède à préconiser en vue d’une guérison sans rechutes.
C’est bien connu : «Le diable est dans les détails…».
(Merci pour votre patience et bonne fin de journée!)
c’est vrai ça claude.
plusieurs étudiants sont pour la hausse des frais de scolarité. beaucoup pensent qu’augmenter leurs frais est le meilleur moyen que notre gouvernement corrompu peut imaginer pour assurer le futur de nos universités.
une bien meilleure idée que de mettre un terme au copinage ou d’imposer une mini-taxe sur la spéculation, telle que proposée par l’ami khadir.
plusieurs étudiants pensent qu’augmenter leurs frais est une meilleure idée que de ne pas acheter des tableaux blancs interactifs d’un ami de charè: http://tinyurl.com/87vs4og.
oui oui, plusieurs étudiants pensent ainsi.
au moins huit, je dirais.
Vous dites qu’on devrait dire DES étudiants au lieu de LES étudiants, car ils ne sont pas un bloc monolithique, c,est vrai. cette nuance devrait aussi s’appliquer au gouvernement qui prétend protéger les intérêts de TOUS les québécois alors que dans les faits ce n’est pas le cas et pourtant sa loi ME brime. Ne serait-ce que d’interdire le port du carré rouge en l’associant à une incitation à la violence
M. Perrier
je regrette d’être obligée de vous dire à vous qui semblez vous accrochez aux détails que 80% des étudiants ont voter CONTRE la hausse des frais de scolarité. et que 30% ont décidé d’exercer leur droit de « grève »
M. Claude Perrier,
Vous avez raison : des (et non les) étudiants… en grève. Mais, comme tous les autres intervenants, vous oubliez l’essentiel : la très grande majorité des étudiants sont contre la hausse des frais de scolarité.
Bravo! C’est un minimum! On prépare une (petite) manif à Paris pour Mardi 22 mai! Bien à vous toutes et tous…
Bravo à Khadir! Enfin un qui se tient debout. Quant aux autres ici à Québec comme les radio-poubelleux tels les Bouchard, Maurais, Landry, Parent, Dupont et la clique RLQ du gros village à la Elvis Gratton qui appuient cette loi du PLQ corrompu aux enveloppes brunes, votre position est très bonnes pour des gens de votre genre. C’est-à-dire, les fesses bien écartillées.
En fait, vous parlez de démocratie, mais il s’agit d’un gouvernement représentatif, ce qui est le contraire d’une démocratie. Un démocratie est directe ou elle n’est pas! Démocratie indirecte est un oxymore.
Si vous voulez approfondir le sujet, je vous conseil de regarder les propos de Etienne Chouard, à travers une de ces conférences. Un professeur qui cherche la cause des causes, celle-ci serrait l’élaboration de la constitution par des élus (juge et partie) et non une assemblé populaire. Heureusement plusieurs solutions sont possibles, je vous laisse découvrir.
http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php
Merci Guy, très intéressant !
À Christian Alain: vous avez raison en partie, mais je vous trouve sévère. C’est un fait que peu s’intéressent à l’analyse en profondeur de l’actualité politique, et s’en tiennent à des titres accrocheurs comme le faux sondage « scientifique » de La Presse, le 19 mai, affirmant que les Québécois étaient favorables à la loi 78. Premièrement, lorsque le sondage a été fait, le contenu de la loi n’était guère connu que des initiés. Deuxièmement, le « sondage » se résumait en réalité à un quizz sur Internet, dont les réponses étaient alimentées en grande partie par la machine libérale, invitant ses membres à aller voter… Ce n’est pas un sondage probabiliste, mais de la propagande.
Alors, il ne faut pas trop jeter la pierre à la population, qui se laisse peut-être abuser par ces manigances, mais comprend bien le bon sens. Et cette fois particulièrement, elle comprend parfaitement que la loi enfreint les grandes libertés fondamentales.
Cette loi est odieuse et honteuse, c’est vrai. Le gouvernement du Québec a mal géré cette situation, c’est vrai.
Alors maintenant la situation est grave, effectivement, certaines libertés sont bafouées.
Mais rendons à César ce qui est à César. Si le gouvernement a une responsabilité évidente, il faudrait souligner que les grévistes ont également la leur !
Pour des droits disctuables (précisément, il faut en discuter), ils ont mis en jeu des libertés concrètes. Le jeu en valait-il la chandelle ?
Franchement : non.
Alors maintenant ces petits grévistes vont se la jouer révolutionnaires et le gouvernement cédera ou non. Tout ça à la base parce que quelques anarcho-communistes de la CLASSE considèrent la violence comme un moyen outil légitime, la fin justifiant les moyens.
Les grévistes auraient dû faire le ménage dans leurs rangs. Ils ne l’ont pas fait. Maintenant c’est tout le Québec qui en paye le prix.
L’Histoire nous enseigne que les factions fascistes ont toujours pris le pouvoir pour protéger le pays d’un risque marxiste (en gros, la peste ou le choléra). Si demain le Québec devient fasciste, alors il faudra tenir pour responsable les marxistes. Si le Québec devient marxiste, alors il faudra tenir pour responsable le gouvernement.
Solution : que les grévistes restent modérés, ne jouent pas à la surenchère et fassent le ménage dans leurs rangs. C’est aussi simple que cela. On ne peut pas reprocher au gouvernement Charest de malmener le dialogue quand les associations étudiantes sont jusquauboutistes.
C’est la police qui fait la casse…aussi simple que ça !