On les a traités d’enfants rois, d’extrémistes et de bébés gâtés. J’aurais envie qu’on parle de minorité.
Il est curieux qu’après tout ce qui a été écrit sur la crise déclenchée par la hausse des frais de scolarité, personne à ma connaissance n’ait pensé regarder le poids que représentent ces jeunes dans la société.
C’est bien connu, les idées qui dérangent l’ordre établi et qui entraînent des révolutions sociales naissent souvent chez les plus jeunes générations. Gandhi a fondé le Natal Indian Congress pour combattre la discrimination contre les Indiens en Afrique du Sud à 25 ans. Martin Luther King en avait 34 lorsqu’il a prononcé son « I have a dream. » Plus récemment, on n’a pas hésité à parler de « génération révolution » pour décrire ceux qui sont en train de transformer le monde arabe. Mais si les jeunes québécois ont réussi à révolutionner tranquillement le Québec à la fin des années 60, ils ont été aidés par leurs poids démographique. En fouillant dans les données de l’ISQ, je suis tombée sur ce graphique étonnant. En 1971, 57% des Québécois avaient moins de 30 ans. Ils ne sont plus qu’un chétif 34%. Et alors que les 18-34 ans comptaient pour 28% de la population en 1971, ils ne sont plus que 22% aujourd’hui. La lutte que mènent les étudiants depuis plus de trois mois, c’est aussi la lutte d’une minorité qui souhaite être écoutée. Une minorité écrasée par la pyramide démographique.
Le Québec veillit et les choses ne sont pas près de s’améliorer. Dans 38 ans, en 2050, alors que les grévistes d’aujourd’hui vont approcher de la soixantaine, les moins de 30 ans ne compteront plus que pour 30% de la population. Les 18-34 ? 19%.
Dans les années 60, les jeunes étaient en majorité. Aujourd’hui et dans les années à venir, ils sont et seront en minorité. On a pas fini de voir le Québec divisé sur la place à accorder à leurs revendications. Vieillir, c’est aussi avoir tendance à adopter des valeurs sociales plus conservatrices (1). Quand nos cheveux prennent du gris, on cherche la sécurité et l’ordre davantage que les réformes. Dans ce contexte, le changement sera de plus en plus difficile à faire accepter.
Nos institutions politiques doivent être repensées pour permettre à la minorité d’être entendue. Un scrutin proportionnel est souhaitable, évidemment. Mais on peut aussi penser au vote à 16 ans et pourquoi pas, à une sur-représentation des jeunes dans les assemblées, comme on l’a déjà fait dans l’histoire pour d’autres minorités oppressées. Et peut-être faut-il se faire à l’idée, on n’a pas fini de voir les jeunes s’emparer de la rue pour être entendus.
(1) Campbell JC, Strate J. « Are old people conservative? » Gerontologist. 1981 Dec;21(6):580-91.
Je ressens depuis quelques semaines ce que j’ai ressenti quand j’étais une jeune femme qui voulait combattre pour être reconnu comme une personne à part égale. Je vois le même mépris qui s’exerçait alors contre les femmes s’exercer contre les jeunes d’aujourd’hui.
Et ces jeunes sont en train de faire reculer la peur! Les jeunes hommes et les jeunes femmes d’aujourd’hui ne se laissent plus intimider par les menaces et l’intimidation. La loi 78 a été votée il y a une semaine. Contrairement à ce qu’on aurait pu craindre, la population, inspirée par ces jeunes, ne s’est pas écrasée. C’est une grande partie du Québec qui est dans la rue.
C’est vrai qu’ils n’ont pas le pouvoir du nombre. Et qu’on a plein de préjugés à leur égard.
Mais ils ont une confiance et une détermination impressionnantes.
Il me semble aussi que si on réussit à surmonter les tactiques de division, nous avons aujourd’hui une occasion ici de faire des nouvelles alliances au sein de la société québécoise. C’est ce que je nous souhaite!
«And these children that you spit on as they try to change their worlds are immune to your consultations. They’re quite aware of what they’re going through…»
David Bowie, «Breakfast Club»
Malheureusement, et ce malgré vos très certainement véridiques statistiques relativement aux groupes d’âge Mme Desaulniers, votre évaluation de la situation réelle concernant la crise qui secoue depuis plus de cent jours déjà le Québec s’appuie sur une méprise fondamentale.
Une méprise répandue, trop répandue, et surtout trop commodément répandue par certains qui estiment y trouver leur compte de la sorte. Et je n’insinue aucunement que vous en soyez. Certains.
C’est ainsi que vous écrivez «La lutte que mènent les étudiants depuis plus de trois mois, c’est aussi la lutte d’une minorité qui souhaite être écoutée». Or, ce n’est pas la lutte que mènent «les étudiants» mais plus exactement celle que mènent «certains étudiants». Car la grande majorité des étudiants n’a pas appuyé le mouvement de grève.
Ce n’est que principalement là où les votes tenus en assemblées générales l’auront été à main levée, et non pas démocratiquement en isoloirs, qu’on trouve les partisans de la grève. Au mieux, c’est une bien faible minorité qui a vraiment désiré sécher ses cours. En en contraignant d’autres, malgré eux, à ce gâchis.
Et puis, la situation de nos jeunes est loin d’être pénible…
Du primaire aux portes de l’université, leurs études sont financées à 100% par l’ensemble de la société. Puis une faible part de 13% de la note totale est demandée à l’étudiant arrivé à l’université, une part qui passera dans sept ans à un toujours faible 17% de la note totale. La société se tapant aujourd’hui 87% de la note et dans sept ans encore un gros 83%.
Sans oublier des mesures d’assistance financière aux études revues et rehaussées, et aux modalités assouplies. Avec pour effet que seuls les étudiants mieux nantis auront effectivement à contribuer un petit montant additionnel pour leur propre éducation.
Il me semble, par conséquent, que de nous servir en guise de comparaison des causes telles que celles ayant été défendues par le Mahâtma Gandhi ou le pasteur baptiste Martin Luther King, c’est totalement sans pertinence.
En réalité, les jeunes au Québec sont depuis toujours choyés.
Et quelle serait alors la raison pour que la pagaille perdure encore après trois mois, malgré que rien ne le justifie?
Comme il est très douteux que ce soit parce que l’on veuille – jour après jour – sortir manifester pour le seul bénéfice des étudiants mieux nantis (ces mieux nantis qui seront en fait les seuls à devoir contribuer un peu plus qu’à présent), ne reste plus que l’hypothèse plus probable d’une sournoise manipulation du plus grand nombre possible par certains éléments ayant, depuis le tout début de cette crise fabriquée de toutes pièces par eux, un tout autre agenda que cette affaire de minime hausse (largement compensée) des frais de scolarité…
Nos jeunes ne sont aucunement maltraités. Bien au contraire. Rassurez-vous, Mme Desaulniers!
mme Desaulniers,
rassurez vous , ma chère dame…
vous ne le saviez pas mais cette grève n’est l’affaire que d’une minorité d’enfants gâtés, d’enfant-rois qui ont abusé effrontément des principes mêmes de la démocratie en votant à mains levées.
D’ailleurs, les autres étudiants- qui ont des couilles- se préparent depuis 3 mois pour se lever et crier comme les Poilus de Napoléon :
» et nous, les petits, les obscurs, les sans-grade, nous qui marchions , fourbus, blessés, crottés, malades, nous qui marchions mais qui jamais n’avancions, trop simples et trop gueux pour que.. »
Madame, nous sommes dirigés par un parti sans reproches un parti qui incarne la Pureté…
Fin de l’ironie.
Vous vous rappelez Ciceron dans les Catilinaires:
» Quousque tandem abutere, Catilina ( vous pouvez le remplacer par un autre nom à votre choix ) patientia nostra !!! «
@clade
je n’aime pas tes commentaires, claude, parce qu’ils sont odieux.
par contre, j’aime bien tes questions, claude, parce que c’est facile d’y répondre.
voyons celle-ci, claude:
« Et quelle serait alors la raison pour que la pagaille perdure encore après trois mois, malgré que rien ne le justifie? »
voici la raison par toi requise:
http://tinyurl.com/brfler3
bonne lecture, claude.
La démocratie est une véritable dictature de la majorité lorsque chacun des électeurs vote en fonction de ses intérêts personnels plutôt que pour chercher à atteindre le bien commun, ou, comme Rousseau appelait, la volonté générale. Contre la dictature gérontocratique qui s’installe au Québec, la volonté générale, celle qui veut le bien commun, n’a pas le choix que de se faire entendre dans la rue. La voix de la rue est plus démocratique que le vote d’une dictature parlementaire aux services des intérêts privés.
des amis intellos tentent de me convaincre que Richard Martineau a enseigné la philo et l’éthique à Christian Nadeau et Georges Leroux..
Mes amis sont des tits coquins…
L’antropologue Serge Bouchard avec le Gros Louis de RDI nous offre un échange de grande qualité sur cette grève « sociale ».
Un morceau d’anthologie pour les neutres qui veulent comprendre cette crise.
Texte interessant.
Je crois qu’on a tendance a me pas considerer tres souvent les explications disons « macro » …
Pour ma part je dirais que la democratie dans ce cas ci offre une piste interessante.
——
27 mai 2012 · 12h44 Claude Perrier
(1)
» Or, ce n’est pas la lutte que mènent «les étudiants» mais plus exactement celle que mènent «certains étudiants». Car la grande majorité des étudiants n’a pas appuyé le mouvement de grève. »
(2)
« La société se tapant aujourd’hui 87% de la note et dans sept ans encore un gros 83%. »
Sophisme sophisme sophisme sopshime sophisme …
Concernant (1)
Utiliser % d’etudiant en greve vs % d’etudiant pas en greve est trompeur si on veut evaluer dans quelle mesure on appuie ou pas la hausse.
Pourquoi ignorer que dans une association qui vote contre la greve, il y a aussi une part de gens qui sont en faveur ( je concede aussi que dans une association qui vote pour il y a des gens contre ) …
Pourquoi ignorer que des associations ont pu etre en greve mais pas de maniere illimite …
Pourquoi ignorer que bien des gens puisse etre en desaccord avec une greve et etre en desaccord avec la hausse …
Ensuite meme des gens en desaccord avec la greve et en encore avec une hausse sont parfois en accord avec seulement in indexation …
Concernant (2)
Ensuite je l’ai deja evoque mais je le refait encore ….
Pourquoi ignorer scienmment encore que les etudiant universitaires vont travailler et contribuer davantage au 87 % que les autres contribuables par leur impot.
On peut pas en faire un probleme statique et ne pas en tenir compte.
C’est comme si je disais que les retraite contribuent pas aux services avec une juste part en oubliant qu’ils ont ete des contribuables …
Mais je m’inquiete pas vous allez remettre le meme copier colle encore et encore ….
Dans le fond les nuances ca vous interesse pas …
Quand on vient pour manipuler les nuances on s’en preoccupe pas …
Relever les sopshismes c’est très subversif …
Je le soumets donc a nouveau.
—
Texte interessant.
Je crois qu’on a tendance a me pas considerer tres souvent les explications disons « macro » …
Pour ma part je dirais que la democratie dans ce cas ci offre une piste interessante.
On peut pas rejeter du revers de la main le clivage qu’on constate.
——
27 mai 2012 · 12h44 Claude Perrier
(1)
« C’est ainsi que vous écrivez «La lutte que mènent les étudiants depuis plus de trois mois, c’est aussi la lutte d’une minorité qui souhaite être écoutée». Or, ce n’est pas la lutte que mènent «les étudiants» mais plus exactement celle que mènent «certains étudiants». Car la grande majorité des étudiants n’a pas appuyé le mouvement de grève. »
(2)
« La société se tapant aujourd’hui 87% de la note et dans sept ans encore un gros 83%. »
Sophisme sophisme sophisme sopshime sophisme …
Concernant (1)
Pourquoi ignorer que dans une association qui vote contre, il y a aussi une part de gens qui sont en faveur ( je concede aussi que dans une association qui vote pour il y a des gens contre ) …
Pourquoi ignorer que bien des gens en desaccord avec une greve ( bien que des gens etaient d’accord avec une greve de quelques jours ) et etre en desaccord avec la hausse …
Concernant (2)
Ensuite je l’ai deja evoque mais je le refait encore ….
Pourquoi ignoer scienmment encore que les etudiant universitaires vont travailler et contribuer davantage au 87 % que les autres contribuables par leur impot.
On peut pas en faire un probleme statique et ne pas en tenir compte.
C’est comme si je dirais que les retraite contribue pas aux services avec une juste part en oubliant qu’ils ont ete des contribuables.
Oui il est vrai que les jeunes ont souvent des idées révolutionnaires mais ceux que tu cites sont des leaders charismatiques qui ont su pousser une nation en entier derrière eux, pas seulement un groupement de jeunes.
D’autre part j’ai quelques questions par rapport à ta demande de redistribuer les votes pour favoriser le vote des jeunes:
1- Doit-on appliquer ce que tu dis à toutes minorités? Hommes-Femmes? Allophones-Anglophones-Francophones? Européens-Asiatiques-Américains-Africains? etc. Penses-y, si on applique ce que tu dis, où mets-tu la barre?
2- Que serait-il arrivé dans les années 60 si on applique ta logique? Le vote des jeunes aurait été dilué par les « vieux » non? La « révolution » serait-elle passée?
3- Comment penses-tu que la majorité des gens à l’encontre de ta révolution réagira? Ça ne te rappelle pas plusieurs circonstances historiques que de voir des minorités prendre le pouvoir parce qu’ils croient pouvoir mieux faire?
François,
Tu as raison, les exemples donnés sont des êtres exceptionnels. Mais les mouvements sociaux initiés par les jeunes ne sont pas exception. Ceci dit, ça ne change rien au fond. Au fait qu’aujourd’hui contrairement à il y a 40 ans, les jeunes constituent une minorité dans la société.
Quant aux pistes de solution que je soulève pour que les jeunes soient mieux représentées dans nos institutions démographiques, le scrutin proportionnel me semble la plus importante. Et ça, toutes les minorités pourront en bénéficier. J’ai de plus en plus de mal à trouver des raisons qui justifient le maintien du système actuel. Quand au vote à 16 ans, il s’agit davantage d’une mesure symbolique. Dans les faits, ça ne changera pas grand chose au résultats du scrutin – ils compteraient pour moins de 3% des voies. Mais s’ils sont assez vieux pour travailler et payer des impôts, pourquoi ne pourraient-ils pas voter ? À mes yeux, on a là une injustice qu’on traîne depuis trop longtemps. Et l’argument qu’on entend trop souvent à savoir qu’ils ne sont pas assez politisés ne tient pas la route. Ils le sont sans doute au moins autant que certains ainés qui votent du même bord depuis 40 ans sans réfléchir et de toutes façons, le droit de vote n’a jamais été lié au nombre d’heures passées à lire les journaux.
Quant à la dernière proposition, à savoir une « surpreprésentation » des jeunes dans les assemblées, j’ai aucune idée des moyens de le faire et c’est quelque chose sur lequel on pourrait réfléchir. On a déjà mis en place des mesures pour favoriser la représentativité des femmes et des minorités ethniques, on pourrait s’en inspirer pour les jeunes. Mais dans un premier temps, pourquoi ne pas se donner comme objectif d’en faire entrer au conseil des ministres ?
Je ne dis pas qu’il faut nommer Gabriel Nadeau-Dubois premier ministre. Je dis seulement que ceux pour qui on prend la majorité des décisions politiques, ceux qui devront vivre dans ce qu’on appelle « le Québec de demain » ont beaucoup moins de place pour se faire entendre qu’il y a 40 ans. Que les jeunes sont devenus une minorité écrasée. Et qu’il faut chercher des façons pour qu’ils puissent se faire entendre. Même si ça nous dérange.
Je te rejoins sur un point: j’aimerais voir plus de leaders jeunes.
Toutefois je ne crois pas que c’est directement en lien avec notre système politique. Oui on a une majorité de baby-boomers mais, comme je le disais précédemment, un bon leader saura les convaincre eux aussi. Je ne crois pas au « eux » contre « nous ». Je crois que notre système démocratique est capable de laisser un jeune aux idées révolutionnaires percer la muraille des baby boomers.
Ce n’est toutefois pas ce que l’on voit présentement. On a que des contestataires sans réelles directions ni leaders. On ne peut même pas être certain que tous ces contestataires opteraient pour le même parti politique car outre être contre la hausse, la loi 78 et le parti libéral on a aucune idée de la direction de cette masse. Est-elle unie? Personnellement je n’en suis pas certain.
Pour le vote a 16 ans je suis mitigé mais je penche pour le non. Tu as raison de dire qu’il y a des aguerris qui votent sans cesse pour le même parti sans vraiment valider les enjeux et, comme toi, ça m’enrage. Toutefois, j’ai espoir. Avec le dernier vote fédéral et la vague NPD, j’ai vu plusieurs comtés voter pour des partis autres que ceux auxquels ils étaient habitués. Ca me montre que la population se politicise et va dans la bonne direction. Oui un jeune de 16 ans peut travailler et ça lui permettra de comprendre un peu mieux les impôts et l’aspect économique d’une société. Toutefois, avant de commencer il n’a pas cette connaissance. Du moins, moi j’étais loin de l’avoir 🙂
Honnêtement, j’aimerais voir un jeune leader émerger et proposer quelque chose de nouveau, pertinent et réaliste économiquement. Si tel est le cas, je voterai pour…mais en attendant, c’est loin d’être ce que vois dans les rues…