BloguesÉlise Desaulniers

Ar’tourne dans ton pays.

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Il y a presque autant de pétitions que de photos de sapins de Noël dans mon fil Facebook mais celle pour soutenir Sami Sheikh a retenu mon attention. Le Canada menace Sami Sheikh d’expulsion vers le Pakistan, où il n’a jamais vécu, à cause d’une erreur que ses parents ont commise alors qu’il était encore un enfant. Au cas où l’histoire vous aurait échappé, un rappel des faits :

Sami Sheikh a 24 ans. Il a passé la moitié de sa vie au Québec. En 2001, avec ses parents et ses deux sœurs ainées, il obtient l’asile au Canada. La famille est originaire du Pakistan, pays qu’elle a fui pour s’établir aux Émirats arabes unis pour des raisons de divergences politiques. Suivant les conseils d’un agent en immigration, les parents cachent cet exil aux Émirats arabes unis aux autorités canadiennes et mentionnent le Pakistan comme pays d’origine.

La résidence permanente de la famille Sheikh leur a été retirée six ans plus tard lorsque les autorités ont découvert que les parents avaient fait une fausse déclaration à leur arrivée. Les parents et les filles ont été renvoyés vers les États-Unis en 2009 en bénéficiant d’un accord entre les deux pays (accord devenu obsolète depuis). Mais Sami, lui, a préféré rester à Montréal. Sami Sheikh était alors confiant de régulariser sa situation facilement. En 2010 en effet, la Cour fédérale a demandé à Immigration Canada d’examiner une nouvelle fois sa demande de résidence permanente pour motifs humanitaires. Son jeune âge, sa méconnaissance du Pakistan et ses liens avec le Québec et le Canada plaidaient en sa faveur. Mais à sa grande surprise, sa deuxième demande de résidence permanente a été rejetée au printemps. Il pourrait être expulsé dans les prochains jours.

Sami a grandi à Parc-Extension. Il y a passé toute sa vie adulte. Il est allé au cégep, travaille aujourd’hui en informatique et a été accepté dans trois universités. Il est parfaitement bilingue (et parle français avec un accent québécois), mais ça ne suffit pas. L’agent d’immigration aurait d’ailleurs affirmé que, visiblement bien équipé, Sami Sheikh serait en mesure de s’adapter au Pakistan.

Le cas de Sami Sheikh est problématique en raison des circonstances singulières de son dossier:

  • Il ne connait pas le Pakistan. Aucun membre de sa famille n’y réside;
  • Il est arrivé ici lorsqu’il était encore enfant, à 12 ans;
  • Ce n’est pas lui qui a fait la fausse déclaration, ce sont ses parents.

 

Une sanction démesurée

Le cas de Sami Sheikh est d’autant plus problématique qu’il a investi une partie considérable de sa vie ici. Les raisons d’expulsion doivent être extrêmement graves pour pouvoir retirer à des individus le droit d’élire résidence de manière permanente dans le pays qui est devenu leur chez soi.

Dans le cas de Sami, le caractère démesuré de la sanction met en relief une conception purement légaliste, bureaucratique et administrative des politiques d’admission. Peu importe le vice de procédure (que ce soit la faute des parents ou la faute du conseiller en immigration), c’est l’aspect disproportionné du tort infligé au fils par rapport au préjudice que le gouvernement du Canada peut invoquer qui dérange.

 

Il faut signer !

En apprenant la nouvelle, une douzaine de citoyens de Parc-Extension ont décidé de se mobiliser. Une pétition a été mise en-ligne par des groupes communautaires pour demander la régularisation du dossier d’immigration de Sami Sheikh et une conférence de presse aura lieu demain (mercredi).

Oui, une autre pétition à signer. Est-ce que ça aura du poids? Dur à dire. Mais on a aucun autre moyen de témoigner notre colère devant le renvoi injuste et probablement injustifié au regard de la loi de Sami Sheikh. On ne peut tout simplement le regarder partir sans rien dire. Il faut signer!

 

À lire :
La pétition
Article dans Le progrès de Villeray
Article dans La Presse

 

Merci à Ryoa Chung pour ses précieuses références.