Mark Lynas a longtemps pensé comme la plupart d’entre nous. Depuis les années 90, il s’est battu contre les OGM. Il a répété inlassablement que la psychopathie des multinationale du transgénique mettait en péril la santé des humains et celle de la planète. Mais Lynas vient de retourner sa chemise. Jeudi le 3 janvier, à l’occasion de l’Oxford Farming Conference, il a affirmé qu’au sujet des OGM, il était dans l’erreur la plus totale. Son message est clair et direct :
«Je voudrais commencer par présenter mes excuses. J’aimerais qu’on sache, ici et maintenant, que je m’excuse d’avoir passé tant d’années à déchiqueter des semences OGM. Je suis aussi désolé d’avoir contribué à la naissance du mouvement anti-OGM, au cours des années 1990, et d’avoir ainsi concouru à diaboliser une option technologique de première importance et potentiellement très utile pour l’environnement.En tant qu’écologiste, persuadé que toute personne sur cette planète a le droit de choisir l’alimentation saine et nutritive qui lui convient, je n’aurais pas pu opter pour une trajectoire plus contre-productive. Et c’est ce que je regrette aujourd’hui, absolument.Bien sûr, vous devez vous demander ce qui m’est arrivé entre 1995 et aujourd’hui pour que je change non seulement d’avis, mais que je veuille le reconnaître et le faire savoir publiquement. La réponse est relativement simple: j’ai découvert la science et par la même occasion, j’espère être devenu un meilleur écologiste.»
Pour Lynas, quelqu’un qui rejette les OGM, est aussi anti-science que quelqu’un qui conteste la réalité du changement climatique. Il explique que le mouvement anti-OGM dans lequel il était encore jusqu’à tout récemment un acteur important est aussi un mouvement anti-science : « nous avons utilisé de nombreuses images de scientifiques démoniaques dans leurs laboratoires qui bricolaient avec les fondements de la vie. D’où l’étiquette de Frankenfood (…). Ce que nous n’avions pas réalisé à l’époque, c’est que le vrai Frankenstein n’était pas la technologie derrière les OGM mais bien notre réaction à son endroit. » Cet environnementalisme anti-science est toutefois incohérent avec l’environnementalisme pro-science pratiqué à l’endroit des changements climatiques. Lynas a donc appris la valeur des articles revues par des pairs, du consensus scientifiques et que les seuls faits qui comptent sont ceux qui sont publiés dans les revues prestigieuses. Il a du même coup vu de nombreuses de ses croyances à l’endroit des OGM s’effondrer.
Dans son discours de presque une heure, il reprend des idées qu’on entend de plus en plus souvent et que j’abordais d’ailleurs dans Je mange avec ma tête : pour nourrir une population mondiale en constante augmentation, nous devons tirer parti de toutes les technologies disponibles. Lynas montre comment mettre en avant l’agriculture et l’élevage « naturels » serait condamner de nombreux individus à la famine, et aucun argument logique n’incite à préférer les anciennes méthodes.
Un rapport récent de l’ONU va dans le même sens : « le développement d’une nouvelle variété de cultures à haut rendement, un élément central de la première révolution verte dans l’agriculture, doit se poursuivre dans la mesure où ces activités sont souvent associées à une optimisation de la gestion de l’eau et à une meilleure utilisation des intrants agrochimiques et organiques. »
Lynas n’a toutefois rien contre le bio. Pour lui, ceux qui souhaitent s’en tenir à la nourriture biologique ont parfaitement le droit de le faire. En revanche, ils ne doivent pas entraver les progrès de ceux qui utilisent la science et pourraient y trouver des moyens plus efficaces de nourrir des milliards de personnes. Il est vrai que l’agriculture « naturelle » est un mythe. L’agriculture est, dans son essence même, contraire à la nature. Elle ne sera jamais complètement naturelle et son effet environnemental ne sera jamais nul. Peu importe à quel point les méthodes employées sont durables et naturelles, l’agriculture est une technique humaine. Elle modifie la nature. Chaque ferme « dénature » l’environnement.
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Je vais être parfaitement honnête: j’ignore si Lynas a raison ou s’il a tort. J’ai vu de nombreuses études qui démontraient l’efficacité du bio pour nourrir la planète et j’ai un léger penchant en leur faveur mais je n’ai pas lu toutes les études qu’il cite. Et alors que Lynas ne semble pas trop s’en faire avec l’emprise des grandes corporations sur le génie génétique, je préférerais que la recherche soit faite par des organisations sans but lucratif. Je souhaite aussi qu’un moratoire sur les OGM actuels soit mis en place pour mieux comprendre les risques qu’ils présentent. Mais avec Lynas, je ne vois pas de raison « philosophique » de craindre les OGM. Le croisement entre deux espèces vivantes pour en faire une plus résistante pourrait bien ne pas être plus inquiétant que le croisement entre un âne et une jument qui produit une mule. Je ne vois pas de raison de ne pas rêver que le génie génétique permette un jour de créer du blé capable de résister à la sécheresse sans intrants chimiques.
Mais encore plus que ses idées, c’est la rigueur intellectuelle de Mark Lynas qui m’impressionne. Sa capacité à changer d’avis, à remettre en question un dogme, une opinion généralement admise au prix de se faire de nombreux ennemis. Admettre qu’on s’est trompé pendant presque 20 ans est quelque chose de terrifiant. Mais c’est aussi la preuve d’une grande intelligence. Le monde n’est pas séparé en deux avec les bons-écolos-de gauche-anti OGM d’un côté et les autres, les méchants, de l’autre. Il faut faire tomber les idéologies et faire preuve d’ouverture pour trouver des solutions à nos problèmes environnementaux et créer ensemble l’agriculture de demain.
Ajout: Un ami m’a souligné que pour plusieurs, les arguments de Lynas sont faibles et sentent la corruption. Voir notamment cette synthèse.
Je pense qu’il a peut-être fumé un peu trop d’Ogm!
D’accord, peut-être que les ogm ne sont pas »si méchant » pour la santé de la population, mais ça reste quand même un système hégémonique ou les cultivateurs doivent acheter les semences et les pesticides d’une seule et même compagnie. Des scientifiques extérieurs à ces compagnies empiriques se voient interdit le droit de testé ou vérifier la nature de ces semences. Ça reste quand même louche!
La nature compose pour le mieux avec le biodiversité. Les OGM, c’est l’art de composer avec la bio simplicité, pour ne pas dire simpliste. Parce que la nature ne ratera jamais la cible d’attaquer de plein fouet tout ce que l’humain fait avec trop de vanité.
Les OGM, c’est plus pour des raisons économiques que pour des raisons biologiques. Il est vrai que ça peut accommoder certaines régions du globe quant à faire adapter certaine semences à la rigueur de certains climats sur la planète. Mais de là à penser qu’on peut généraliser les OGM partout sur la planète, c’est la plus grande erreur que l’homme ferait en prenant semblable décision.
Pour moi, ce serait le signe qu’on permet à une ou quelques entreprises à prendre le CONTRÔLE sur la biodiversité et en même temps sur nos portefeuilles, à cause du risque de nous rendre totalement dépendant de ces entreprises dont la mentalité ne repose pas nécessairement sur une certaine éthique de la vie.
Monsieur Lynas, je vous demande de revenir sur votre décision, sinon vous risquez de déchanter d’avoir changer votre fusil d’épaule. Pour ma part, vous avez fait preuve d’une grande honnêteté en agissant ainsi. Mais, il ne faudrait surtout pas mettre en péril le besoin que nous avons d’une certaine indépendance, plutôt que de nous en remettre à des entreprises dont l’éthique est souvent douteuse, comme je le disait plus haut.
Plutôt que de tout mettre ses oeufs dans le même panier, monsieur Lynas devrait faire preuve d’une certaine pondération, à savoir que les OGM ne seront jamais une panacée planétaire. C’est sûr que de prendre position essentiellement pour les OGM, ça pourrait lui donner de très beaux avantages et de très belles augmentations de salaires. Mais je pense également que monsieur Lynas est capable de comprendre que son portefeuille n’est pas la seule valeur que nous devons apprendre à gérer dans chacune de nos vies.
Peut-être verrons-nous, un bon jour, un OGM qui, subitement et sans prévenir, devient écolo. Espérons en choeur!
JSB
Bonjour, je souhaitais apporter des informations très importantes sur la consommation des produits OGM. Il faut savoir qu’ils sont d’une dangerosité telle que notre ADN est directement attaqué. Ces liens nous permettent de comprendre à quels niveaux: http://ducielalaterre.org/fichiers/divers/manipulations_genetiques_et_alimentation_kq2.php et ce second lien nous explique que notre ADN contient toute l’histoire de l’humanité, depuis l’apparition de la vie: http://ducielalaterre.org/fichiers/divers/les_spirales_d_adn_T6.php
Bonne lecture, et une très bonne année à tous!
Jean Jasmin, Réunion.
Les OGM et Monsanto sont deux choses différentes.
Quand on analyse la science derrière les OGM et les protocoles d’homologation, on réalise que rien n’a été laissé au hasard et que le danger est en effet inexistant.
Mais le problème est un problème Monsanto avec des répercussions économiques. Tant que les OGM seront sous leur monopole, il y aura toujours ce mélange de débat et un OGM-bashing digne des plus belles pseudo-sciences…
D’ailleurs, l’ajout par l’auteur est avant tout des arguments contre Monsanto, pas contre les OGM.