— Bon, chui un peu rouillée. Tu vas devoir être indulgent.
— Ben non voyons, on s’en fout.
On les voit s’approcher de deux pianos à queue remplissant une grande pièce. On est au dernier étage d’une grande maison d’architecte quelque part en Hollande. Il pleut. Elle est en bobettes, il est en pyjama, ils viennent de fumer, il lui a fait un cunnilingus et ils s’apprêtent à jouer quelques mesures de Scaramouche.
Un couple. Un lieu magnifique, de la musique, des silences. Ce sont les deuxièmes que vient de publier Zviane chez Pow Pow. Une oeuvre magistrale, toute en subtilité et en demi-teintes qui nous fait entrer dans l’univers d’un couple d’amants isolés du monde et de la vraie vie. C’est tout ce qui les unit et les sépare que réussit à nous montrer Zviane, dont le dessin ne cesse de se perfectionner à chacune de ses publications. Mais si le trait est juste et incroyablement précis, le scénario l’est tout autant. Comme Darius Milhaud l’a fait avec Scaramouche, l’oeuvre de Zviane nous transporte à travers différents rythmes et c’est dans les détails qu’on est séduit. L’homme qui a perdu ses lunettes et qui a l’air con avec celles de son amante, les corps collés incapables de se séparer pour aller chercher un café, la bouteille de vin qu’on ne réussit pas à ouvrir, la question à laquelle on répond par une question, le silence qu’on ne voudrait pas entendre comme réponse.
Avec les deuxièmes, Zviane va beaucoup plus loin que l’histoire d’amour et/ou l’histoire de cul. Elle nous amène au coeur de ce qui unit et sépare les gens et nous donne des pistes pour comprendre ces équations complexes que constituent les unions de second degré.
les deuxièmes
zviane
Pow Pow 2013, 132 p.
22,95$