Certains le décrivent comme l’enfant terrible de l’art contemporain. D’autres crient au génie. Il s’attire les foudres de bon nombre de personnes, les spécialistes comme les profanes. Dans tous les cas, Damien Hirst ne laisse pas indifférent : des animaux dans le formol, un crâne ancien recouvert d’innombrables diamants, des collages juxtaposant seringues et comprimés pharmaceutiques, des séries de points colorés… Est-ce de l’art? Est-ce de la provocation?
L’artiste britannique de toutes les polémiques, connu également pour avoir fait un pied de nez aux galeries en vendant directement des œuvres aux enchères, fait à nouveau les manchettes depuis environ un mois. En effet, ses Spot Paintings, œuvres où figurent des multitudes de points de couleur et dont les titres évoquent toutes sortes de substances médicales, sont exposées depuis la mi-janvier dans les galeries Gagosian, un peu partout à travers le monde. Cette rétrospective pour le moins étonnante se veut-elle une campagne publicitaire visant à promouvoir une grande exposition qui ouvrira prochainement au Tate Modern de Londres? Avec Hirst, rien n’est impossible…
Ce qui captive chez Hirst (ou rebute, c’est selon), c’est la force étrange qui émane de ses œuvres et qui produit tantôt un inconfort, tantôt une fascination quasi morbide. Car la vie et la mort sont des facettes omniprésentes dans son travail. Comme si la vie n’était qu’un passage obligé vers la mort.
Excessif, Damien Hirst? Peut-être. Malgré tout, ce qu’il fait est pertinent, entre autres parce qu’il se penche sur l’aspect mercantile de l’art. J’avoue aimer cet artiste. Pas systématiquement tout ce qu’il entreprend, mais ce côté provocant ne me déplaît pas. Un trip d’égo d’artiste riche? Je crois plutôt qu’il est un fin stratège, en quelque sorte. À sa manière, il gère une entreprise, sous le sceau de l’art contemporain. Une entreprise fort lucrative puisque ce dernier est considéré comme l’artiste vivant le plus riche.
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En terminant, je copie-colle une citation savoureuse de Ben Davis, tirée d’un billet publié le 13 février 2012 sur ArtInfo.com (je vous invite d’ailleurs à lire le reste de cet article, dans lequel Davis répond aux détracteurs de Damien Hirst, qui lui reprochent notamment d’avoir recours à des assistants).
If Damien Hirst didn’t exist, we would have to invent him. In some ways, I think we have invented him. He has taken on fantastic proportions as a villain in many people’s minds. In smart company these days, admitting that you actually liked Damien Hirst would be something like saying that you appreciated the painting of Thomas Kinkade, or the cinematic oeuvre of Michael Bay, or the literary stylings of Tucker Max — or, really, some kind of hydra-headed combination of the three, a kitschy, blockbuster-chasing frat boy monster.