Le théâtre estival, un théâtre de création

En juillet dernier, Ici Radio-Canada Première animait sur ses ondes une table ronde fort intéressante mettant de l’avant la situation du théâtre d’été québécois. On y traite du public, des genres théâtraux, des lieux de représentation, des auteurs et des comédiens qui y prennent part, ainsi que de sa place dans la dramaturgie d’aujourd’hui. Cette discussion très pertinente est disponible en cliquant sur ce lien.

S’il est vrai que le théâtre d’été «professionnel» est, depuis un certain temps, animé des mêmes textes et des mêmes bons vieux gags de triangles amoureux chaotiques, de jeunes compagnies prometteuses tentent d’aller plus loin et de refaire le monde à leur manière.

Le Théâtre de la Bacaisse fait partie de ce lot. Fondé à Québec, en 2014, par la dramaturge Melissa Bouchard et les comédiens Philippe Rivard, Marie-Luce Gervais, Marie-Pier Lagacé et Jocelyn Paré, ce projet est né du désir de faire revivre un théâtre d’été flétri depuis longtemps dans la bucolique région de Kamouraska. C’est ainsi qu’ils ont été accueillis à bras ouverts, il y a 2 ans, au Théâtre des Prés de St-Germain-de-Kamouraska, pour présenter une première création originale. Avec un budget équivalent à une infime fraction de celui dont bénéficient les productions du circuit touristique habituel, ils réussirent à soulever l’engouement du public local en présentant La Truie, une adaptation libre de La Baronne et la Truie de Mickael McKenzie.

La jeune troupe tente de s’éloigner de la tradition du théâtre d’été traditionnel en créant des récits qui s’enracinent au cœur de moments historiques, offrant ainsi un voyage dans le temps et une facture visuelle très minutieuse aux spectateurs. Si la comédie est bien présente dans les textes de Melissa Bouchard, elle aime aussi l’accoler à des esthétiques cinématographiques, associées au drame ou au suspense. L’humour y est très physique et les comédiens enchaînent les prouesses slapstick, comme peu savent encore le faire au théâtre contemporain.

Plein écran

Leur dernière production, La Ruse, se joue à la manière d’un meurtre et mystère qu’on pourrait facilement comparer au célèbre jeu Clue. Dans un décor somptueux, signé Dominique Giguère, le public devra trouver le coupable de l’assassinat du premier ministre, survenu (fictivement) quelques heures après la toute première interprétation de l’hymne nationale dans la capitale nationale. Un scénario qui vaut le détour, ne serait-ce que pour y découvrir la troupe, et du même coup, la magnifique municipalité de St-Germain-de-Kamouraska.

On a aussi vu La Bacaisse en ville, avec Les Frères Vélivolum, qui sera repris cet automne au Cercle dans le cadre des « P’tits mélomanes du dimanche », accompagné d’un trio klezmer. Pour les montréalais, ce même spectacle fera un détour à l’Espace La Risée en novembre prochain.

La Ruse est présenté jusqu’au 20 août, au Théâtre des Prés de St-Germain-de-Kamouraska. Pour tous les détails, visitez le site web officiel de la compagnie, et suivez-les sur les réseaux sociaux.

Bon théâtre!

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