Dreamland : L'Homme derrière la machine
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Dreamland : L’Homme derrière la machine

Audacieuse, cette idée de programmer Dreamland en ouverture de saison au Théâtre Périscope. Particulièrement lorsqu’on connaît l’ambition du Théâtre Rude Ingénierie, qui tricote depuis très longtemps les mailles de ce projet de longue haleine, d’abord intitulé « Notre Coney Island ».

Dreamland, c’est une gigantesque maquette, construite de multiples objets détournés, mécanisés et superposés, de manière à recréer poétiquement la géographie foraine de ce tout premier parc d’attraction américain. Un noyau qui absorbe littéralement le regard du public, autour duquel gravitent des stations théâtrales (et techniques) ornées d’une scénographie digne des brocantes les plus extravagantes. Puisque le Théâtre Rude Ingénierie ne fait rien comme tout le monde, les performeurs habitant ces différentes stations deviendront, tour à tour, bruiteurs, comédiens, danseurs et musiciens, dans un chaos minutieusement organisé.

« Le monde sera toujours la maquette du monde »

Crédit : Émilie Rioux
Crédit : Émilie Rioux

Difficile de décrire l’ambiance à la fois sombre et joyeuse qui règne au Périscope au cours de la représentation. Alors que le public est libre de se déplacer à sa guise dans l’espace, les regards sont dirigés par l’éclairage, mais aussi par les multiples sons qui habitent les lieux, tant et si bien qu’on ne sait plus où donner de la tête, étourdi par une inondation de stimulis…exactement comme dans une fête foraine! Ceux qui ont assisté au tableau Les Palais du spectacle déambulatoire Où tu vas quand tu dors en marchant retrouveront dans Dreamland cette même gymnastique de caméras en direct, avec des projections murales qui auront tôt fait de tromper nos yeux; de brouiller la frontière entre la réalité et l’illusion.

Divisé en 12 chapitres, le spectacle est à la fois une représentation et son « making of », une célébration théâtrale où les cinq sens sont invités. Il s’en trouvera sans doute pour dire que cette nouvelle production n’est pas vraiment du théâtre. On y raconte pourtant une réelle histoire où se mêlent émotivité, musique, danse, performance et art visuel, pour construire une montée dramatique assurément immersive.

On quitte la salle le sourire aux lèvres, avec la curieuse envie de replonger dans cet étrange univers, de savourer le soucis du détail, d’en comprendre davantage. On quitte la salle en se disant que les conventions devraient être bousculées, que le théâtre devrait être plus souvent réinventé de la sorte.

Dreamland
Crédit : Renaud Philippe