Des doigts dans le cul sans précautions, des jeux de mots désespérants, une gratuite et graphique sordidité, heurtante, particulièrement à l’endroit d’une princesse blonde à l’image léchée avec attention et patience afin de faire de la jolie Mariloup Wolfe, icône familiale de l’écran plat, celle qu’on voudrait pour fille tant le gendre rapporté est idéal et non-fumeur.
Bref, la recette était parfaite pour mettre en émoi une province en plein chaos de redéfinition de la femme actuelle et idoine au sein de la société moderne et laïque, une province en train de lever les voiles, mais pas tout à fait prête au blasphème pour autant. Car c’est bien Marie dans Mariloup qu’on assassine, et sa beauté tout aussi diaphane qu’asexuée.
Pas plus qu’on ne tripota Lady Diana, on ne devait toucher à Mariloup parmi les anges.
Mais Gab Roy l’a fait. Inutile à mon sens de lui tirer des roches, il a déjà la gueule en sang, et c’est armés jusqu’au dents de notre morale émotive et indignée qu’on lui fait la passe, sans plus de mesure qu’on ne déboulonna jadis un Cantat ou un Turcotte de tristes mémoires.
Dès lors, difficile de ne pas s’intéresser… à nous. Cette incontinence émotive flagrante qui, lorsque nos valeurs essentielles sont attaquées de front, nous précipite dans une vindicte populaire sans retenue qui nous rend soudainement incapable de distinguer un meurtrier d’un verbomoteur en quête d’attention, n’est-elle pas finalement en tous points semblable au manque de retenue et de jugement d’un Gab Roy en recherche désespérée de lumière?
À propos de nous, encore. Nous, consommateurs hypocrites de sensations en tous genres, nous qui faisons exister ces non-événements que sont les histoires de culs faites et défaites des starlettes d’ici et d’ailleurs, nous qui ne boudions pas notre plaisir, hier encore, d’aller ricaner à l’occasion avec Gab Roy l’impertinent, le cabochon, derrière le confort discret de notre écran protecteur et garant de bonne moralité, nous qui avons fait exister ce jeune homme et ses élucubrations, ne sommes-nous pas un peu complices, dans notre soif de toujours plus, de ses débordements qu’on rejette aujourd’hui en vierges effarouchées?
Puis enfin, bien qu’il fasse le double de mon poids et que j’en tremble rien qu’à y penser, je me dois de le dire: outre les propos orduriers qui sont nécessité de commerce, Gab Roy écrit très mal. Tout cela est de piètre qualité, convenons-en. Connaissez-vous Pascal Henrard? Il écrit, ça et là, des petites perles dont je vous invite à vous faire des colliers. Il en est d’autres aussi. C’est là, à peu près au même endroit, sur notre écran, à quelques clics de nous. Et si nous pensons que la laideur des mots vaut tout ce vacarme, pourquoi ne pas gueuler à l’occasion, tout aussi fort, à la beauté, à la douceur, et au répit d’autres lectures?
Qui est ce Gab Roy que vous décriez en décrivant – sans pour autant que j’aie pu en saisir le moindrement la teneur – une récente dérive de sa part, Monsieur Savignac?
Je n’en avais jamais entendu parler auparavant. Comme beaucoup d’autres également, sans doute.
Apparemment, il s’agirait d’un autre moron sévissant hélas dans le paysage. Et peut-être même du moron des morons…
À lire votre si peu dithyrambique billet relativement à ce qui serait une très inconvenante frasque de sa part, un nouveau sommet du mauvais goût, j’ai la très nette certitude de n’avoir rien manqué à ne pas en avoir entendu parler avant.
Dommage que vous ayez mis fin à ma tranquille ignorance d’un nouveau cas lourd pataugeant dans le bourbier de la pire bêtise, celle qui croupit au tréfonds de la mare stagnante et vaseuse de la crétinerie.
Mais j’oublierai. Car ce monde, malgré les mauvaises rencontres qu’on y fait trop souvent, recèle également des merveilles. Vers lesquelles je suis bien davantage attiré…
Gab Roy c’est seulement le nouveau Jeff Fillion du Québec. La majorité de ses interventions s’attaquent au physique des gens. C’est un homme mi-trentenaire qui parle et écrit comme un ado de 16 ans, et qui fait de l’intimidation son »branding ».