Payer une place de spectacle au prix fort pourrait conditionner le spectateur à aimer sa soirée, quelle qu'en soit la qualité. Et vice versa: on pourrait présupposer de la mauvaise qualité d'un show uniquement parce que le billet d'entrée pour le voir est bon marché.
Baptisé «syndrome de l'investissement culturel», ce phénomène n'est pas une nouvelle découverte dans le domaine des neurosciences. C'est juste le thème de l'une de ces diatribes chères au chorégraphe-interprète Frédérick Gravel. Cette fois, il nous en gratifie depuis la baignoire du délirant condo que La 2e Porte à Gauche a loué pour une nouvelle édition de son expérience de danse en appartement. Mon collègue Christian Saint-Pierre décrit brièvement ici cet événement auquel je vous recommande de participer d'ici le 27 février et dont vous pouvez lire ma critique dans le magazine DF Danse.
Pour aller dans le sens de Gravel, je crois aussi que certains éléments peuvent conditionner préalablement le public à apprécier une œuvre: la réputation de génie d'un créateur, le battage médiatique autour d'une pièce ou l'enthousiasme de l'ami(e) qui nous a invités. Par exemple. Mais le prix de la place, pas sur… Peut-être bien que les applaudissements interminables auxquels on a toujours droit à la Place des Arts font partie du décorum sans forcément être proportionnels à la qualité de la représentation. Peut-être aussi que la personne qui s'est mise sur son 31 pour aller au resto avant de se rendre à la PDA n'a pas besoin que le spectacle soit bon pour trouver sa soirée formidable. Peut-être même qu'elle s'attend à voir un bon spectacle si son billet a coûté cher. Mais justement, qui dit attente, dit déception potentielle. Alors peut-être bien que le coût du billet rend aussi le spectateur plus exigeant.
En tout cas, moi qui ai la chance d'être généralement très bien placée, j'ai entendu plus d'une fois mes voisins de siège critiquer le spectacle, même s'ils avaient déboursé dans les 80 dollars pour le voir. Par exemple, en janvier, un vieux monsieur classieux disait ne pas avoir apprécié la prestation de Juliette Binoche mais être tout de même content d'avoir pu éduquer son goût pour la danse en découvrant quelque chose de différent. Alors même si on regrette que le public de Danse Danse et de la PDA ne vienne pas plus souvent à l'Agora et à Tangente, on peut tout de même concevoir qu'il peut faire preuve d'intelligence et de discernement.
Qu'en dites-vous? Pensez-vous, vous aussi, qu'il existe un syndrome de l'investissement culturel?
La psychologie, ce n’est pas mon fort, madame Cabado. Je crois que c’est Naomi Klein, qui avec son «No Logo», établissait une relation entre un produit et le consommateur, qui acceptait de payer plus pour une marque de commerce, plutôt qu’une autre. Pour ce qui est de la danse moderne, surtout en temps de récession, il faudrait faire attention aux tarifs d’admission trop élevés. Je fréquente les salles de Tangente/Agora et habituellement les prix sont raisonnables. Si certains spectateurs veulent se donner un style en allant voir de la danse moderne, c’est leur affaire, mais je suis réticent à psychanaliser les gens à cause de leurs goûts artistiques personnels.
À plusieurs reprises je me suis ennuyé ferme certains spectacles plus dispendieux alors que des spectacles à bas prix faisaient mon bonheur. La renommée d’un artiste, surtout s’il passe à la télévision-cinéma, comme Juliette Binoche, attire énormément de gens qui habituellement ne fréquentent pas les salles de spectacle et ces nouveaux spectateurs sont souvent prêt à payer de gros prix pour voir ces vedettes dont ils ont entendus parler sans vraiment connaître l’art en question. J’ai été absent de Tangente depuis quelques temps mais j’espère y retourner sous peu car l’offre de spectacles et d’expositions en tous genres m’occupent grandement. Très bonne idée que ce blogue sur la danse moderne mais ce syndrome de l’investissement culturel ne m’allume pas.
Je suis bien d’accord avec vous, Monsieur Parisien : on peut s’ennuyer ferme dans les grandes salles et vivre de grands moments dans de plus petites salles. L’inverse est vrai aussi. Et sans vouloir allonger personne sur le divan, je m’interroge tout de même souvent sur les raisons qui font que je peux être transportée par un spectacle et que la salle y reste plutôt froide ou, au contraire, le trouver très moyen et qu’il provoque une ovation dans le public. Mais bon…
Cela dit, toute passionnée que je sois de danse contemporaine, il pourra être aussi question dans ce blogue d’autres sortes de danses. Vos suggestions sont les bienvenues.