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D’un Sacre à l’autre

La version du Sacre du printemps signée par Stijn Celis pour les Grands Ballets Canadiens de Montréal (photo de Robert Etchevery) a reçu un accueil mitigé. Le soir de la première, plusieurs de mes collègues sont tombés sous le charme du chorégraphe belge. Trois jours après, le soir où j'ai vu le spectacle, les avis étaient plus pondérés.

Comme il me l'avait mentionné en entrevue, Celis maîtrise parfaitement le travail du groupe dont on apprécie la puissance à chaque représentation des Noces. L'opposition du masculin et du féminin y est aussi forte dans cette pièce que dans son Sacre. Ce sont peut-être des éléments qui caractériseront encore plus clairement sa signature au fil des ans. Au soir de la troisième représentation, si le manque de précision dans les sections à l'unisson laissait par moments entrevoir les personnalités derrière les interprètes, il a souvent eu pour effet de réduire la portée émotionnelle de la chorégraphie. On a l'impression que le groupe de danseurs n'a pas encore trouvé de cohésion solide à la suite de l'important roulement de personnel qui a eu lieu au sein des Grands lors de la dernière saison.

Privilégiés avec les mouvements de groupe dans cette chorégraphie, les duos me laissent le souvenir de bras tout en rondeurs et d'une danse trop aérienne qui a du mal à incarner la musique et à l'enraciner dans la terre. La charge libidinale contenue dans la partition est mal canalisée : comme le titre Stéphanie Brody dans La Presse, « l'accouplement n'aura pas lieu » et certains passages nous laissent avec une frustration semblable à celle d'un coït interrompu.

Par ailleurs, selon les musiciens avertis comme Catherine Lalonde, ma collègue du Devoir, le choix du contrepoint presque systématique à la musique donne une lecture intéressante de la partition de Stravinski. Hélas, la néophyte que je suis en la matière a dû passer à côté des subtilités de cette lecture musicale, regrettant que certains accents musicaux ne soient pas mieux marqués.

Mais la chorégraphie est jeune et porte en elle les éléments d'une œuvre forte comme en témoigne le solo final livré ce soir-là par Isabelle Paquette.

 

En deuxième partie de programme, la reprise de Re-, II, de Shen Wei fut un enchantement. Sur cette photo de John Hall, la danseuse Gabrielle Lamb.

 

Et pour les curieux, quelques images de différentes versions du Sacre du printemps:

Marie Chouinard, en 1993

Pina Bausch, en 1975

Et Maurice Béjart, en 1959