BloguesBlogue Danse

Quoi voir au FTA?

Si vous êtes fous de danse et que votre portefeuille vous le permet, vous irez voir les 11 spectacles proposés dans cette troisième édition du Festival TransAmériques (dont deux gratuits et deux de danse-théâtre) plus la très alléchante soirée multidisciplinaire de Microclimats. Vous profiterez alors de 30 % de réduction sur les tarifs normaux et il vous en coutera 232 $. Sinon, les plaisirs variant entre 28 et 40 $, il vous faudra choisir lesquels vous offrir. Voici donc quelques éléments pour guider vos choix dans une offre aussi riche et stimulante.

Têtes d'affiches et valeurs sûres

Certains miseront le tout pour le tout et se laisseront tenter par les vedettes. À ce chapitre, le duo Robert Lepage et Sylvie Guillem (danseuse française aussi talentueuse que polyvalente) est d'autant plus attrayant qu'il est guidé par un autre génial duo constitué du chorégraphe britannique Russell Maliphant et de l'éclairagiste Michael Hulls. Et même si les critiques étaient mitigées à la première européenne d'Eonnagata (on a surtout reproché que ce ne soit ni assez théâtre ni assez danse), on est assuré d'en prendre plein la vue et d'en sortir avec des étoiles plein la tête. (Photo Erick Labbe)

Les amateurs d'œuvres provocatrices à la dramaturgie songée courront voir L'orgie de la tolérance du plasticien, metteur en scène et chorégraphe belge  Jan Fabre. On y retrouvera, parmi les neufs performeurs, la magnifique Ivana Jozic (vue à l'Usine C dans le pompeux et pénible Ange de la mort). Les néophytes se prépareront en lisant un peu sur l'artiste ou en allant voir le documentaire projeté le mercredi 6 mai, à 18h à la Cinémathèque québécoise. (Photo Jean-Pierre Stoop)

Moins connue ici mais d'une sensibilité et d'une pertinence incroyable, l'Allemande Sasha Waltz pourrait bien nous procurer les émotions les plus fortes du festival avec Körper, une œuvre qui met le corps en scène de toutes sortes de manière et pourrait bien devenir un repère dans l'histoire de la danse. S'inscrivant dans la lignée de Pina Bausch, la chorégraphe a co-crée la pièce avec les 13 danseurs qui l'interprètent. Intense et foisonnante, l'œuvre peut être lue à plusieurs niveaux et devrait pouvoir toucher un public très large. (Photo Bernd Uhlig)

 

Accessibles et étonnants

Totalement inconnu outre-Atlantique, Frédérick Gravel est une figure montante de la danse québécoise. Cofondateur de La 2e Porte à Gauche, il a creusé son trou l'an dernier à l'occasion du OFF.T.A, parvenant à drainer un public d'amateurs de musique et de théâtre. Car ses œuvres, aussi rafraichissantes qu'intelligentes, mêlent judicieusement mouvement, musique en direct (ici du rock) et interventions verbales de type café-théâtre. Série de vignettes drôles, touchantes et énergiques, les GravelWorks créés avec le Grouped'ArtGravelArtGroup (GAG) et vus récemment en partie à Tangente sont repris ici intégralement. Rires et plaisir garantis. (Photo GAG)

Le Brésilien Bruno Beltrao intéressera quant à lui plus particulièrement les ados et tous ceux qui s'intéressent au hip hop avec H3. Danseur de rue dès l'âge de neuf ans il a créé sa compagnie à 16 et y propose une édifiante déconstruction du genre. La gestuelle tout autant que la mise en espace sont innovantes et on a plus envie de parler de nouvelle esthétique que de fusion. (Photo Scumeck)

 

Offert en plein air sur les quais du Vieux-Port, l'étonnant duo entre un danseur et une pelle mécanique orchestré par le chorégraphe Dominique Boivin n'a rien d'une animation vaine et exotique. En conjuguant l'exploit de marier un homme et une machine et de tisser entre eux un rapport de tendresse Transports exceptionnels fascinera petits et grands. (Photo Jean-Louis Fernandez).

 

Quant au Grand Continental de Sylvain Émard, présenté rue Émery, il séduira tous les amateurs de danse en ligne et contribuera sans doute à démystifier un peu la danse contemporaine aux yeux du grand public. Deux spectacles d'autant plus conseillés aux néophytes qu'ils sont gratuits. Le seul risque à prendre est donc celui de la découverte. (Photo Yves Médam)

 

Réservé aux grands explorateurs

Il y a des spectacles et des artistes sans compromis qui suscitent des réactions souvent contrastées. Benoit Lachambre fait sans doute partie de ceux-là. Après le coloré Is You Me  présenté l'an dernier avec Louise Lecavalier et Laurent Goldring, il nous revient avec Body Scan, une œuvre plus sensitive, dans la veine de Forgerie, Love and other matters. Dans cette pièce créée avec la Vancouvéroise Su-Feh Lee, il travaille sur la transmission de l'énergie entre interprètes mais aussi entre les performeurs et le public. Ceux qui ne craignent pas le minimalisme et savent s'ouvrir à la perception sensorielle devraient ressortir physiquement transformés. (Photo Alain Monot)

Catherine Tardif nous invite quant à elle à un autre type d'ouverture avec Le Show poche, une nouvelle œuvre de danse-théâtre aux accents très absurdes. Avec elle, ce ne sont pas nos cellules et notre énergie qui sont sollicitées, mais plutôt notre imaginaire et notre capacité à lâcher prise sur la logique cartésienne pour nous laisser vivre l'expérience artistique en dépit du sens qu'elle peut prendre… ou pas. Une expérience libératrice pour ceux qui veulent bien s'y laisser prendre. (Photo Rolline Laporte)

Je suis personnellement très curieuse de découvrir la Torontoise Ame Henderson qui nous propose une expérience hors de l'ordinaire avec son Dance/Songs. L'idée : jouer un concert rock live en remplaçant les mots des chansons par le langage du corps. Le résultat, inévitablement un peu trash nous offre un nouveau regard sur le lien entre la danse et la musique et ouvre des voies inattendues sur la musicalité des corps. Et ne croyez pas que je parle à travers mon chapeau : j'ai vu le DVD de ce spectacle comme d'une bonne partie de la programmation en danse. (Photo Liam Maloney)

Microclimats aussi s'annonce comme une occasion de découverte avec son parcours libre pour découvrir en environ trois heures quelques-unes des propositions des 12 artistes qui investissent le Monument-National. Si j'ai le loisir d'y aller, je ne manquerai pas Stéphane Gladyszewski (qui a tout le talent pour faire un long parcours), Rober Racine et Louise Bédard (qui ne peuvent que nous surprendre), les danseurs d'Emmanuel Jouthe (qui nous convient à entrer dans l'intimité d'un duo), Les Sœurs Schmutt (qui s'amuseront avec nos sens) et Antonija Livingston (éblouissante performeuse capable de nous enchanter ou de nous irriter).

  

Enfin, l'Israélienne Yasmine Godder n'aura aucun mal à nous consoler de la déception créée l'an dernier par sa compatriote Aydin Teker avec la sensualité et les étrangetés de son Singular sensations. (Photo Tamar Lamm)

 

Et comme chacun sait qu'une image vaut 1000 mots, rendez-vous sur le site du FTA pour y voir des extraits. Bon festival!