En ces temps de mutation des médias, le blogue est un art auquel les journalistes semblent avoir intérêt à s'exercer. Quel que soit leur âge, leur secteur de couverture et leur background. C'est l'une des raisons qui m'ont décidée à me jeter à l'eau. Mais pour l'instant, je vous avoue que je ne me trouve pas très douée. J'ai l'impression de m'être accrochée à la première planche qui passait pour surnager et que précisément, c'est celle du radeau médiatique à la dérive. Je repêche les infos susceptibles de passer à travers les mailles du filet de mon chef de pupitre et le traitement que je leur réserve n'est souvent qu'un pâle reflet de ce que je produis dans le journal. C'est vain et c'est plate. Ajoutons à cela que la danse n'est pas un sujet qui attire les foules et la question se pose de savoir ce que je fabrique ici.
La vraie bonne raison que j'ai de pondre ce texte après ma journée de labeur, c'est que la danse me passionne et que j'ai le désir profond de vous faire partager cette passion. Écrire des articles sur les shows à venir ou faire des critiques est bien loin d'y suffire. Car mon amour de la danse ne résume pas à la consommation de spectacles. Il prend racine dans toutes sortes d'expériences et se déploie dans toutes sortes de ramifications. C'est de cela que j'ai envie de vous entretenir. Vous parler de la danse à travers ce que j'en ai connu et ce que j'en vis au quotidien. La regarder par la lorgnette de la petite histoire.
Aujourd'hui, j'ai envie de gratter un peu le vernis pour vous faire entendre quelques grincements de dents derrière les ronds de jambe et les jolis sourires. L'idée me vient d'une formation, connue via Facebook, que le Regroupement québécois de la danse (RQD) organise ces temps-ci. Ça s'appelle L'art de la communication interpersonnelle et ça vise à favoriser des relations de travail plus harmonieuses dans le secteur.
Parce que, voyez-vous, le monde de la création n'échappe pas aux tensions et autres frustrations. Le libellé de l'atelier en attribue la cause à des facteurs socioéconomiques : manque de temps, manque de personnel et manque d'argent ne composent en effet pas le meilleur des cocktails pour voir la vie en rose et faire risette à ses collègues de travail. Sans compter que les affres de la création peuvent jouer sur les humeurs des chorégraphes qui en arrivent parfois à pousser le bouchon trop loin. Les relations qu'ils entretiennent avec leurs interprètes ne sont pas toujours très saines. Cela fait partie des questions soulevées dans le très intéressant livre Danse et santé, Du corps intime au corps social, publié en 2008 sous la direction de Sylvie Fortin aux Presses de l'Université du Québec. Cela fait aussi partie des éléments que les États généraux de la danse, qui se sont tenus fin avril, ont placés dans leur ligne de mire.
La communauté de la danse peut d'ailleurs rendre grâce au RQD d'être aussi rapide à lui offrir des outils pour tenter de remédier à ses problèmes. Reste à savoir si ceux qui en auraient le plus besoin vont saisir cette opportunité. Car les personnes les plus dangereuses en matière de violences psychologiques voient généralement mieux la paille dans l'œil du voisin que la poutre plantée dans le leur. Et comme en pareil cas, c'est la loi du silence qui prévaut, les fauteurs de trouble ont encore de beaux jours devant eux.
La bonne nouvelle, c'est que tous ceux et celles qui souhaitent améliorer leur façon de communiquer peuvent profiter d'une première occasion pour le faire. Et cela, personne ne s'en plaindra.
La photo du jour est de Loïs Darie
L'ensemble Performance Improvisation Échange (PIE), qui présente SEMENCE ET GERMINATION le 16 mai à 20h et le 17 mai à 16h au Studio 303. Les danseurs professionnels et amateurs Eryn Dace Trudell, Stéphanie Gaudreau, Catherine Lessard, David Flewelling et Robert Schweitzer, tous spécialisés en mouvement somatique, partagent une passion pour la pratique du Contact improvisation qu'ils qualifient de "culture en croissance rapide de poésie physique et spontanée, créée par des danseurs en mouvement ensemble tout en navigant à travers la gravité et le momentum au moyen du contact".
Billets: $12 à la porte ou appeler au 514-934-5972 pour réserver.
chère dame
je suis enthousiasmé de votre « changement de cap » ,si internet peut permettre une chose…c’est bien que les gens puisse s’exprime en toute liberté et « d’en parlé » allège déjà un peut la souffrance. S’il est vrais que la danse a un langage libérateur,votre blog libéreras l’esprit et on dit bien…un esprit sain dans un corps sain.
merci a vous
Mamzelle Cabado,
Je n’ai jamais vu un spectacle de danse. Pas encore. Je dois dire que votre intérêt, votre enthousiasme est communicatif et j’ai lu la moitié de ce que vous avez écrit sur le sujet. Et ce que j’ai lu était pertinent et bien écrit. Mon intérêt pour votre journal s’en trouve augmenté.
Bonjour,
La question des relations chorégraphe-interprète est aussi agitée de l’autre côté de l’Atlantique :
http://unsoirouunautre.hautetfort.com/archive/2009/03/22/comment-se-module-la-relation-entre-le-choregraphe-et-l-inte.html
Messieurs, merci de ces commentaires qui viennent nourrir mon enthousiasme et me conforter dans l’orientation que j’ai choisie pour ce blogue.
Merci aussi à Jérôme pour ce lien pertinent qui révèle qu’en France, la discussion semble plus ouverte qu’ici sur la question de la relation parfois sado-maso entre le chorégraphe et l’interprète. L’idée que le dépassement lié à la création ne peut avoir lieu sans contrainte et violence est une « évidence » qu’ont remise en cause les membres du comité « Conditions du métier et exigences de l’art » des Grands Chantiers de la danse (qui ont préparé les États généraux). On questionne la préséance de l’œuvre sur l’individu, la notion de sacrifice au nom de l’art et on parle aussi d’une façon moins destructrice de vivre la passion pour la danse.
« La communauté de la danse peut d’ailleurs rendre grâce au RQD d’être aussi rapide à lui offrir des outils pour tenter de remédier à ses problèmes. »
Vous avez tellement raison. La tenue d’états généraux permet de d’accélérer la concrétisation de toutes sortes d’actions voulues par plusieurs, chacun dans son petit coin. Vrai que ça ne règlera pas tout, et qu’il y en aura toujours qui préféreront continuer à agir selon leur strict intérêt personnel. Mais bon, faut bien commencer quelque part.
Travaillant moi-même dans le secteur de la danse, je vois déjà poindre d’autres petites actions concrètes, des consciences qui s’éveillent et des comportements changer. Est-ce que ça durera? Permettez-moi d’espérer! Merci.
Ce qui m’amène à rêver de voir un jour des états généraux du comportement responsable, dans la vie publique et politique. On pourrait nommer d’autres secteurs: vos suggestions seront les miennes!
Finalement, quant à: « la question se pose de savoir ce que je fabrique ici »… Tant qu’il y aura échange d’idées, ce sera mission accomplie.
Le pire ennemi de la pertinence, c’est l’indifférence.
Pour creuser la question, voici Au nom de l’oeuvre, un article très intéressant avec des exemples concrets en France :
http://www.evene.fr/theatre/actualite/metteur-en-scene-choregraphe-tyran-theatre-1754.php?p=2
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