Ma passion pour la danse a été encore très richement nourrie depuis mon dernier billet. Il y a eu une visite matinale au studio de Marie Chouinard pour la voir danser en solo, un second parcours culturel au Festival TransAmériques avec plus de 150 étudiants du secondaire, la préparation au Fringe qui arrive à grand pas et un coup d'œil sur le Séminaire Danse-musique qui débute le 8 juin à Circuit-Est.
Commençons donc par Marie. L'unique, la grande, étrange, intense et très cérémonielle Marie. Après 20 ans en coulisses, elle se montrait à nouveau au public dans l'intimité de son studio. Chez elle, pour éviter la pression d'avoir à accoter les standards de qualité de ses spectacles en salle, m'avait-elle confié il y a un an de cela. S'étant prêtée avec grâce au jeu des entrevues pour annoncer l'évènement, elle avait déclaré les critiques persona non grata. Le Devoir en a tout de même dépêché une, ma collègue Catherine Lalonde, qui écrit en conclusion d'une critique ni tendre ni sévère à laquelle j'adhère: «Et se lève l'impression d'assister au lever du roi, au réchauffement spirituel et physique d'une prêtresse autoproclamée. Petit lever, grand lever, et nous, courtisans invités à s'extasier devant le moindre étirement. Heureusement, Chouinard est dans ses chorégraphies de groupe plus exigeante avec ses danseurs, avec leur corps et leur présence, qu'avec elle-même.» Ces mots n'empêcheront certainement pas la chorégraphe d'aller porter ses gloires du matin par-delà les frontières mais l'inciteront peut-être à se positionner différemment pour son prochain solo.
Notons au passage que l'évènement était l'occasion d'une levée de fonds avec des billets à 250 $ le premier matin et à 125 $ les jours suivants. Les places, 100 seulement pour chaque représentation, ne se sont pas toutes vendues, ce qui pose la question de l'intérêt réel des aficionados et des gens d'affaires supposés palier la désaffection inquiétante des pouvoirs publics dans le financement des arts. Disons qu'en plus du prix, l'heure très matinale des représentations et leur programmation en plein FTA n'étaient pas non plus les meilleurs incitatifs.
Gravel super star
Le second parcours culturel que j'ai accompagné m'a réservé de nouvelles surprises et de nouvelles découvertes, à commencer par l'enthousiasme et l'investissement d'étudiants en théâtre qui se sont frottés de près à la danse et semblent y avoir pris goût. Même les chocs culturels qu'ont provoqués Benoit Lachambre et Julie Andrée T ont éveillé la curiosité et stimulé l'esprit critique de jeunes déjà bien allumés dont l'ouverture et la capacité d'accueil m'ont très agréablement surprise.
Les GravelWorks ont remporté l'adhésion de la majorité et suscité des vocations de danseurs tant chez les garçons que chez les filles. Pour certaines, Frédérick Gravel est devenu l'idole qu'on rêve d'approcher, preuve éclatante de la viabilité de son approche pour démocratiser la danse contemporaine. Les deux ateliers qu'il a donnés avec la flamboyante Ivana Milicevic, pédagogue dynamique et efficace, ont remporté un franc succès. Les jeunes se sont prêtés avec joie à tous les exercices, comme celui des fameuses pauses dramatiques (photo ci-contre).
Dans cet atelier comme dans celui animé par Catherine Tardif (en train de diriger les élèves sur la photo plus haut et qui a réussi, en 1h30, à composer une séquence chorégraphique à partir de quelques-unes de leurs impros), ils ont eu un aperçu de ce que peut être un processus de création. Quant à Sylvain Émard, il les a littéralement enflammés en leur apprenant une séquence de son Grand continental avec l'aide de la danseuse Nathalie Blanchet.
La photo de Marie Chouinard est de Jean-François Gratton. Les autres sont de Fabienne Cabado.
Chère Fabienne, je t’aime beaucoup… ou alors je ne supporte pas de me faire couper le caquet… réponse ? Les deux en vérité mais pourquoi ? parce que j’ai écrit un long message et voici que le blog l’a effacé, j’hallucine, mais comme je t’aime beaucoup ET que je ne supporte pas… je réitère!
Justement c’était à propos de se faire couper le caquet. marie Chouinard l’a fait avec Catherine Lalonde et ce n’est pas admissible, en plus d’être vraiment pas glorieux. Je n’ai pas vu le solo because j’étais à Paris + FTA + etc… peu importe. Mais on sait tous à quel point ce spectacle bénéfice a été traité par la CMC (compagnie marie chouinard) comme un évènement de danse, voyons-donc, quelle démagogie qu’oser dire que Marie Chouinard revient 20 ans plus tard en solo tout en insinuant que non non… je fais dans l’intimité le matin au saut du lit histoire de prendre le thé avec mes intimes. C’est super qu’elle le fasse mais que ce soit fait honnêtement. C’est le minimum. Alors après, s’offusquer que Catherine Lalonde avec un billet payé par Le Devoir OSE critiquer relève d’une démagogie encore plus scandaleuse, en plus d’être un acte de contrôle avéré de la liberté de voir, dire, apprécier et donc, critiquer. surtout quand c’est ton métier, Pire que s’offusquer, la CMC a envoyer à Catherine Lalonde une lettre d’insultes, pas glorieuse mais terroriste par exemple… j’hallucine ! Mais où est cette lettre, pourquoi nous la cache-t-on ? Pourquoi Le Devoir ne la publie-t-il pas ? Je suis vraiment doublement choquée ici : un parce que MC se permet de jouer les interdits et ne joue pas le jeu de la «mauvaise» critique (ben oui, c’est même pas subtil comme raison… ), deux parce qu’en plus on dissimule le fait. Deux fois le caquet rabattu. C’est incroyable, et ça se passe dans une «métropole culturelle» près de chez vous… À La Presse on n’a rien fait par souci d’équité parce qu’on ne couvre JAMAIS aucun spectacle bénéfice, mais je ne peux pas imaginer que quiconque au journal se soit fait insulter et interdire de critiquer et qu’on est laisser pisser comme sur les ailes d’un canard… bon voilà, j’ai dit ce que je pensais, je crois qu’il fait que ça se sache.
Bon à part ça, je veux aussi te dire Fabienne combien j’ai été heureuse de lire le compte-rendu de tes interventions auprès des jeunes pendant le FTA et ailleurs, à L’Agora et Circuit-Est. C’est vraiment essentiel et passionnant et j’espère que ça va se développer de plus en plus ici. Je reviens justement du festival annuel des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine Saint-Denis, où une équipe de pros fait depuis 2002 plus de 700 heures/an de sensibilisation à la création artistique dans les écoles secondaires de ce département «sensible» du nord-est parisien, dont on entend plus souvent parler pour les voitures qui brûlent et les algarades entre «djeunes issus de l’immigration» et police que pour leur sensibilisation à la danse contemporaine, donc au rapport au corps, à l’espace, à son identité et à l’altérité. L’art est fédérateur et créateur et donc bravo pour ces activités et bonne continuation.
Je finis en priant pour que les Soeurs Schmutt, dont j’adore le travail et l’univers, ont pu réunir des sous avec leur Cabaret de la dernière chance. Est-ce que tu crois que si un confrère (ou consoeur) fait une critique des prestations des nombreux artistes présents pendant ce spectacle-bénéfice, Élodie et Séverine Lombardo vont leur envoyer une lettre d’insulte ? … non hein, c’est bien ce que je croyais…Bonne journée et au plaisir de lire les commentaires.
Ps : alors, as-tu aimé CrossRoads de Sudeshna Maulik au Gesu ? Moi j’ai adoré, contre toute attente, c’est très réussi…
Ce n’est pas la première fois que j’apprends qu’une collègue s’est fait remonter les bretelles pour une critique qui a suscité le mécontentement. Je trouve ça regrettable et désolant. Je n’ai rien contre le fait que chacun puisse exprimer ses griefs. Ce que je déplore, c’est généralement la manière de le faire et le choix de la cible. Je suis pour les prises de positions franches et officielles par l’utilisation des droits de réponse qu’offrent des journaux comme Le Devoir. Je suis contre toute attaque personnelle, aussi justifiée puisse-t-elle paraître à celui ou celle qui en est l’auteur.
Dans ce cas précis, le sujet est délicat parce qu’il s’agissait d’un évènement-bénéfice qu’en principe, on ne critique pas… et qu’en principe, on n’annonce pas autrement qu’en achetant des espaces publicitaires dans les médias. À ce sujet, je me demande non seulement pourquoi la MCM a joué le jeu des entrevues pour annoncer l’évènement mais aussi pourquoi des médias comme Voir, Le Devoir et les télé et radio de Radio-Canada ont choisi d’en parler. Était-ce par souci de l’intérêt public, pour donner un coup de pouce à une artiste aimée ou pour se positionner face à la concurrence ? Au-delà des velléités de contrôle des médias par les artistes, les organismes culturels (se souvient-on du boycott du Devoir à cause des critiques de Robert Lévesque?) ou autres, c’est aussi la question de la responsabilité des médias eux-mêmes qui se pose…
Je suis bien d’accord. Le fait même que la CMC l’ait joué grand pompe et médiatisation était en soi un appel auz médias à le jouer de même, sauf nous à La Presse où j’ai posé la question à Yves de Repentigny qui a tout de suite confirmé qu’on appliquait à tout le monde la même régle : pas de couverture pour les spectacles-bénéfices. Il y a la volonté des artistes de contrôler les médias, certes, et puis il y a la volonté des médias de vendre grâce à la notoriété des artistes, c’est ce qui en l’occurence a doublement joué ici dans le cas de Chouinard. Finalement tout le monde était dans l’ambiguité et la manipulation mais évidemment avec l’air surtout de ne pas y toucher… bien loin de ce tu décris de la soirée bénéfice des Schmutt, dans ta chronique qui y est consacrée. À + alors…