Pink Martini / photo: Guillaume D. Cyr
Bon plan : le festival d’été nous revient en même temps qu’arrive l’été. Sur René-Lévesque, un peu avant 20 heures hier soir, les autobus déversaient des cohortes d’estivants, radieux, prêts à faire la fête.
Et celle qu’on leur avait préparée sur les Plaines avait tout du 5 à 7, de la mise en bouche précédent le banquet des prochains jours, jusqu’au last call du 19 juillet qui est encore loin.
Et l’excitation aussi nous semblait loin hier soir. La nôtre, du moins.
Pas que les Pink Martini qui précédaient les Lost Fingers soient dépourvus de talent. Bien au contraire. Le groupe si nombreux qu’il pourrait peupler un petit pays taille finement son jazz de cocktail grand public ou rien de dépasse. Une sorte de musique « little black dress », style robe de soirée passe-partout, sans éclat, son raffinement se résumant à la qualité de la coupe et de l’étoffe. Mais pour l'originalité et les tremblements, on repassera.
Comme dans un lounge extérieur, sorte de Garden Party populeux, la musique semblait meubler l’atmosphère plutôt que de la créer. Un tintinabulage d’ambiance plus ou moins ignoré autour de nous, le public attendant impatiemment les Lost Fingers.
Soyons francs : nous sommes ici à ce point en dehors de mes goûts personnels que même le travail de critique cherchant à apprécier objectivement une œuvre pour ce qu’elle est relève de l’exploit.
Tentons tout de même la chose en avançant d’abord que les Lost Fingers exploitent un filon divertissant, et qu’ils le font techniquement bien, avec aussi, faut-il le dire, une certaine imagination. Les Pump up the jam et You give love a bad name en ouverture rappelaient qu’avant l’exercice beaucoup moins heureux des duos avec les has beens du showbiz, il y avait une bonne idée, un flash sympathique. Et aussi, je le répète, un jeu impeccable.
Je connais Byron, le guitariste, depuis la semaine de son arrivée à Québec. Nous nous sommes rencontrés pendant une bagarre générale dans un bar (nous étions parmi les trois seuls de l’endroit à ne pas nous battre), et depuis, j’ai pu constater qu’il est sans conteste le « hardest working man in showbusiness » de cette ville, multipliant les projets, harcelant les journalistes et les gens de l’industrie afin de les convaincre de la probité de telle ou telle invention musicale. Jamais démonté par les échecs (comme celui de One Ton), il a toujours poursuivi son chemin, cultivant cet humour décalé qu’on retrouve dans ce projet.
Je suis donc heureux pour lui. Heureux pour ma ville, aussi, qui se célébrait encore un peu hier soir.
Autrement, que dire sinon que ce band s’en sort à merveille et que le public en redemande, mais moi pas. On a donc quitté, et obliqué vers Jeff Beck, puis Thunderheist. De retour dans notre zone de confort.