Devotchka, c'est un monde de contrastes, et en même temps c'est un amalgame.
De contraste, car la voix mélancolique et habitée de Nick Urata se frotte à la musique fanfaronesque, voire burlesque du quatuor. Parfois noire, parfois joyeuse, elle est universelle et moderne. Universelle, car elle convie des instruments et des sonorités de diverses cultures; accordéon et violon aux airs des balkans, guitare électrique des amériques, contrebasse et tuba marquant le pas, et puis cet étrange thérémine aux ondes plaintives que Urata manie de sa main – et même de sa guitare! Moderne, car loin d'être stéréotypée, elle amalgame toutes ces sonorités et devient unique. Et fascinante, un peu glauque, un peu film noir, un peu vraie, elle raconte une histoire, toujours.
Plongé dans les lumières franches de l'éclairage, DeVotchka a amené le public qui remplissait honnêtement l'Impérial sur ses chemins perdus, sans issue mais où, la beauté n'a jamais cessé d'exister. On y traverse les steppes du désert de l'Afrique du Nord, y rencontre les chevaux galopants des contrées de l'Ouest et les chemins sinueux des balkans. C'est la route perdue, mais elle se situe partout, au confins des continents, dans un espèce d'eldorado enfumé que nous traversons sans y reconnaître l'image d'une patrie en particulier.
Que dire d'autre? Que les musiciens, les quatre maîtrisent leurs instruments avec grâce, avec une solennité qui semble les faire sortir d'un autre temps, d'un monde parallèle et sépia pour toujours perdu entre le réel et le rêve.
Ah oui. Le public semble avoir vraiment adoré. Les pièces tirées de la trame sonore de Little Miss Sunshine ont fait mouche. C'est seulement le premier jour, et j'aurai presque le goût d'avancer que DeVotchka fera partie de mes coups de coeur du festival… Presque!