Quel drôle de mix, non? Ce soir, on peut dire que mon univers musical à explorer était sous le signe de la diversité. De toute façon, j'aime bien me promener d'une scène à l'autre pour tâter le pouls de la foule. C'était donc parti, direction le hip hop de K-Os au Pigeonnier, un peu de musique mexicaine avec Lila Downs au carré puis pour terminer le rockabilly du Brian Setzer Orchestra sur les plaines.
Commençons par me déception de la soirée: K-Os. C'est la deuxième fois que je le vois (il était venu cet automne à Envol et Macadam) et, autant j'aime sa musique sur cd, ses prestations live me laissent presque de glace.
Pourtant, ce n'est pas par manque de volonté. Je suis restée durant la courte heure qu'a duré le spectacle, sans rappel, à écouter, près de la scène, son hip hop aux influences reggae et funk qui sonne si bien sur cd et qui à coup sûr vous donnera envie de bouger un peu la hanche ou de dodeliner la tête. Est-ce parce que le batteur habituel du groupe n'était pas présent et qu'un musicien l'a remplacé à pied levé (K-Os a souligné qu'il avait appris toutes les pièces la JOURNÉE même), je ne sais pas. Mais chaque musicien semblait dans sa bulle, et K-Os était statique, un peu mou dans son débit et son énergie. Monsieur K-Os, aviez-vous vraiment envie d'être parmi nous? C'est la question que je me suis posée à mesure que le show avançait. Vers la fin, l'enfilade de quelques succès comme Sunday Morning et I wish I knew Nathalie Portman, son nouveau single, a semblé réveillé la foule (plus là pour attendre Matisyahu que d'autres choses) et le rappeur, qui s'est mis à raconter quelques anecdotes… trop peu, trop tard, Monsieur K-Os. Ah et pour ceux qui douteraient encore du retour bien réel des chandails arborant le loup, sachez que K-Os en portait un fièrement ce soir…
Lila Downs / photo: Renaud Philippe
Je trouvais en descendant une place D'Youville vraiment bondée alors que Lila Downs et sa longue chevelure de jais prenaient place sur scène. Était-ce le contraste avec la froideur de K-Os, mais ici j'avais l'impression d'avoir affaire à des artistes qui voulaient vraiment communier avec le public. Mme Downs avait même préparé des petits mots en français pour présenter ses pièces, qui allient efficacement le folklore mexicain, dont la musique ranchera, à un son plus moderne, dans lequel j'ai reconnu à ma grande surprise des touches de hip hop dans sa composition Minimum Wage, qui aborde le sujet de l'émigration aux USA.
La femme a un charisme certain sur scène; elle se déplace, emplit l'espace, danse avec grâce et fougue, chante, passant d'une voix grave, profonde, qu'on a pu remarquer dans la trame sonore de Frida, à des chants suraigüs. Sa présence scénique est hypnotisante et sa voix puissante se module dans tous les sens, toujours riche, habitée. Sa reprise, en espagnol, de la chanson I envy the wind de Lucinda William était magnifique. À regrets je quittais le carré pour me diriger vers les plaines.
Brian Setzer / photo: Guillaume D. Cyr
Une foule bigarrée et dispersée, à laquelle le mot "enthousiasme" ne semblait pas trop correspondre en début de spectacle, s'était rendue sur les plaines. Étant donné le nombre de gens quittant les lieux que je croisais en m'y rendant vers 22hres, je me demandais si on était venu plus pour voir The Proclaimers ou le Brian Setzer Orchestra. Il a donc fallu que je m'avance – sans vraiment de difficulté – jusqu'au bord de la scène, pour sentir une certaine énergie dans le public, qui avait les yeux rivés sur les écrans. La scène accueillait, en plus de Setzer, un big band d'une quinzaine de musiciens, dont bien sûr une large section de cuivres, et deux choristes, tous apprêtés à la sauce rockabilly, costards brillants et robes à paillettes rouge – sans oublier la "curve" surf dans le toupet de Brian Setzer, qui manie la guitare avec une grande virtuosité, il va sans dire. D'aucun le considèrent comme un des plus grands guitaristes de ce monde, d'ailleurs.
On a tous déjà entendu les succès du Brian Setzer Orchestra; il y a du génie dans la construction des mélodies ici, c'est certain! Est-ce la pluie qui s'est mis à tomber, la fin de semaine qui a été longue mais avoir à choisir entre me procurer un cd ou les voir live, je prendrais peut-être la première option…