Il était heureux sur scène et les gens qui se sont déplacés (en très grand nombre) sur les plaines d’Abraham l’ont accueilli comme il se devait. Plácido Domingo a certainement attiré l’une des plus grande foule sur le site depuis le début de ce Festival. Visuellement, c’était impressionnant. Maintenant, il faudrait prendre en considération que la majorité de cette foule – de tous âges – était assise. Les chaises, ça prend de la place…
Devant cette marée humaine lumineuse le ténor s’est même laissé émouvoir. Tellement qu’il a décidé d’oublier l’entracte qui était prévue au programme, question d’être sûr que la pluie ne viendrait pas ruiner ce moment parfait. "Je vais prendre un verre d’eau et je reviens tout de suite, qu’en dites-vous ?", a-t-il déclaré spontanément.
Personne ne s’en est plaint, et Domingo a poursuivi cette campagne de séduction qui a fait l’unanimité. Accompagné de la soprano Virginia Tola, le ténor a interprété, entre autres, le Duo des cerises, extrait de l’opéra L’Amico Fritz de Mascagni. Domingo n’a plus la voix d’antan, mais elle n’est pas mauvaise pour autant. Mais surtout, ce qui fait la différence, c’est sa nature généreuse et son talent de comédien. Il a le don d’être naturel comme personne sur la scène et sa complice du moment ne pouvait qu’être dans une zone de confort absolue.
C’est le même concert qu’a donné la légende vivante de l’opéra quelques jours plutôt à Moscou, au moment même où nous avions réalisé cette entrevue. Outre les extraits d’opéras et autres ouvertures, Domingo a pigé dans South Park de Richard Rodgers ainsi que West Side Story de Leonard Bernstein, dont Tonight a été interprété en duo. Par la suite, il a présenté un condensé de ses zarzuelas qu’il chérit tant – le coeur y était – et qu’il interpréta en alternance avec Virginia Tola.
L'Orchestre Symphonique de Québec s’est bien débrouillé lors de ce concert, extérieur de surcroît. Cette visite au Festival d’été fut sans aucun doute la plus prestigieuse jusqu’à maintenant. Un moment unique qu’il ne fallait pas manquer. Une prochaine visite en 2011, peut-être ? Lors de ce premier Festival d’opéra à Québec dont il serait le «président d’honneur» ? Nous verrons bien.